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Sélection nationale : gloire d’antan et déchéance d’aujourd’hui

Source : La Vie Eco

Aucune victoire finale en CAN depuis 1976, pas de participation au Mondial depuis 1998, une qualification à 2010 compromise et actuellement 50e au classement FIFA. Le Maroc, transcendant face aux équipes européennes?, n’arrive plus à s’imposer en Afrique.


Pourquoi cette descente aux enfers ? Entraîneurs et joueurs donnent leur avis.



Avant la rencontre opposant le Maroc au Gabon, on pensait que les Lions de l’Atlas allaient dévorer tout crus des Panthères aux crocs encore tendres. Mais arriva ce qui ne devait pas arriver. D’entrée de jeu, on s’aperçut que les Gabonais n’étaient pas venus en victimes consentantes. C’était eux qui, les premiers, sonnèrent la charge, affolant une défense étrangèrement perméable. Au fil des minutes, le milieu de terrain se délitait, quant à l’attaque, elle était complètement à côté de ses godasses. Esseulé, Mounir El Hamdaoui s’y démenait comme un beau diable, en vain, puisqu’il allait toucher du bois par deux fois. Les choses prenaient une très mauvaise tournure, quand Roger Lemerre daigna enfin faire rentrer Taârabt et Boussoufa, que le public réclamait sur l’air des lampions. Ils allaient être à l’origine du but inscrit par El Hamdaoui, cependant insuffisant pour changer le dénouement de la partie (1-2).


En 1962, le Maroc livra une prestation éblouissante face à l’Espagne


Ce revers était inattendu d’autant plus que le onze marocain avait, deux semaines auparavant, brillé de mille feux face à la redoutable Tchèquie. Le nul obtenu, qui aurait pu aisément se transformer en victoire, avec un peu plus de réalisme de nos artificiers, conforte le paradoxe cultivé par la sélection marocaine : elle est rarement à l’aise dans les compétitions africaines, pendant qu’elle se transcende devant les équipes européennes les plus prestigieuses. Cela ne date pas d’hier. Au tour préliminaire du Mondial 1962, elle devait affronter la flamboyante Espagne de Santamaria, Di Stefano, Gento, Puskas et consorts. Pour la circonstance, l’entraîneur Larbi Ben Barek, ancien prodige de l’Athletico de Madrid, aligna une formation composée de joueurs professionnels, à l’exception de Labied, Larbi et Jdidi. La mayonnaise prit, puisque le Maroc fit jeu égal avec son adversaire, écœurant ainsi des Espagnols venus en conquérants. Ils ne durent leur salut qu’à une grossière erreur de Jdidi, mise à profit par le remuant Delsol. Au match retour, et dans le chaudron madrilène, la sélection marocaine avait encore plus fière allure, plantant à deux reprises (Riahi et Abdallah Malaga) des buts dans les filets du bondissant Araquistan, avant de s’incliner (2-3) dans l’honneur.


A part la déculottée (0-6) infligée par la Hongrie, en 1964, aux J.O. de Tokyo, le Maroc s’est toujours montré sans peur et sans reproche face aux sélections européennes. Ce que l’Allemagne du grand Beckenbauer apprit à ses dépens, en se faisant bousculer par la bande à Vidinic, lors de la Coupe du monde de 1970. La première mi-temps restera dans les annales du football, tant elle fut hallucinante. Au lieu de trembler devant l’ogre tudesque, le Petit Poucet marocain se mit à le défier, enchaînant les incursions dans sa défense, qui finit par plier sur un jaillissement de Houmane, à la suite d’un centre au cordeau de Ghazouani, lequel avait été servi par un Bamous époustouflant. Quand l’Allemagne décida de laver cet affront, elle se heurta à une véritable forteresse, qui ne s’ébranla qu’après l’épuisement de ses vaillants gardiens. Auréolé par cette honorable prestation, le Maroc força la Bulgarie au score de parité (1-1, but de Ghazouani), et sortit du Mondial 70 la tête haute.


Portugal, Angleterre, Allemagne, Norvège, Ecosse..., des matches mémorables


Mais c’est en 1986 que la sélection marocaine fit réellement sensation. Confrontée à la battante Angleterre et à l’inspirée Pologne, elle leur tint la dragée haute (0-0), puis terrassa le Portugal, grâce aux banderilles plantées par Abderrazzak Khaïri (auteur de deux réalisations) et Merry Krimou. C’était la première fois qu’une équipe africaine se retrouva en huitièmes de finale.


L’adversaire n’était autre que l’Allemagne, un sacré client, dont le Maroc se serait peut-être défait s’il avait pratiqué son jeu habituel. Mais tablant sur les prouesses de Baddou Zaki, l’entraîneur José Faria adopta une stratégie défensive, succeptible d’amener l’équipe aux prolongations puis aux tirs aux buts. Lothar Matthäus, tireur d’élite, était d’un tout autre avis. A l’ultime minute de la partie, il s’empressa de transformer, avec l’aide du mur, un coup franc pénalisant une faute anodine.


Passons sur le Mondial 1994, qui ne laissa pas un souvenir impérissable (trois défaites au premier tour), bien que le Maroc ne déméritât ni contre la Belgique (0-1) ni face aux Pays-Bas (1-2), pour nous transporter en France, où se déroulait la Coupe du monde de 1998. Henri Michel, qui avait pris en main la sélection marocaine, trois ans auparavant, lui insuffla une rage de vaincre, qui, jointe au talent, tout en finesse, de Salaheddine Bassir, Abdeljalil Hadda ou Mustapha Hadji, allait faire impression. Ce dont la Norvège, en pleine ascension, aurait dû faire les frais, si la défense n’avait pas trébuché. Mais le 2-2 (buts de Hadji et Hadda) sanctionnant la rencontre n’avait rien de déshonorant. Il serait plutôt flatteur. Un match plus tard, la rugueuse Ecosse attendait de pied ferme le trublion marocain. Elle n’en revint pas de se voir laminée par les extraterrestres Hadda et Bassir (deux buts). Avec son score de 3-0, les portes des huitièmes de finale étaient grand ouvertes au Maroc. Elles le lui furent fermées, à cause d’une combine ourdie entre le Brésil et la Norvège. Le premier, déjà qualifié, consentant honteusement à se faire marcher sur les pieds par la seconde.


Capable d’exploits dans ses confrontations avec les pays d’Europe, le Onze marocain flanche souvent en Coupe d’Afrique des nations. D’emblée, ses affaires étaient mal engagées avec cette compétition. De fait, il la snoba impensablement à six reprises.


A sa première véritable participation à la CAN, le Maroc décrocha la pompe


Ce n’est qu’en 1972 qu’il daigna y participer, sans conviction, si l’on en juge par son élimination dès le premier tour, à la suite de ses semi-échecs devant le Congo, la RD Congo et le Soudan. Dédaigneux, il bouda l’épreuve de 1974. Ensuite, revenu à de meilleures dispositions, le Maroc se prépara intensément à la CAN 1976. Tant et si bien qu’il termina premier de son groupe, pour bousculer, en phase finale, l’Egypte (2-1, buts de Faras et de Zahraoui), et l’emporter sur le Nigeria (2-1, buts de Faras et de Guezzar). Face aux Guinéens, qu’il retrouvait en finale, un match nul suffisait à son bonheur. Aussi, l’entraîneur Mardarescu imposa-t-il à ses joueurs de dresser un rempart devant le virevoltant Sily National. Malgré les plongeons suicidaires de Hazzaz, Chérif Souleymane parvint à le transpercer. Tout était à refaire. Et alors qu’on pensait que la messe était dite, une frappe de mule des pieds du stoppeur Baba délivra le Onze marocain. Ce trophée venu d’Ethiopie allait rester unique dans son parcours en Coupe d’Afrique.


En effet, malgré plusieurs chambardements et une succession d’entraîneurs (El Antaki, Cluseau, Fontaine, Hamidouch, Faria, Valente, Valentin, Olk, Louzani, Blinda, Lamari, Nunez, Michel, Kasperczak, Coelho), jamais le triomphe en CAN ne fut


réitéré. Il faillit l’être en 2004 sous l’impulsion de Baddou Zaki. Pour n’avoir pas su faire accéder son équipe au Mondial 2002, Humberto Cuelho s’est vu chaperonner sur le banc de touche par Baddou Zaki. Ce qu’il entrevit comme une disgrâce dont il prit ombrage au point de prendre ses cliques et ses claques. Dans le fauteuil vacant, s’empressa de s’installer l’ancienne gloire, au grand dam de l’opinion footaballistique qui, dans son ensemble, estimait que Zaki n’était pas taillé pour une telle promotion. La suite lui donna tort. Après s’être baladé à travers les éliminatoires (cinq victoires sur six possibles, un nul, zéro défaite, dix buts marqués, aucun but encaissé), le Maroc aborda les rivages tunisiens, flamberge au vent. Pas de surprise : l’exploit de cette CAN, c’était bien l’étonnant parcours de Lions superbes et généreux, passés, au fil des rencontres, de challengers en prétendants conquérants au sacre final.


Une chevauchée en six actes : l’impressionnant Nigéria ne fit pas le poids (1-0, but de Hadji); le Bénin se révéla trop tendre pour éviter la correction (4-0, buts de Chamakh, Mokhtari, Ouaddou, El Karkouri); face à l’Afrique du Sud, le Onze marocain, sans forcer son talent, obtint un nul (1-1, but de Safri), il s’était réservé pour le match contre l’Algérie, où il renversa totalement une situation bien compromise (3-1), Chamakh, Hadji, Zaïri); enfin, il s’offrit aisément le Mali (4-0, Mokhtari par deux fois, Hadji, Baha). L’épilogue fut moins heureux, puisque le Maroc dut céder la victoire (1-2) au pays organisateur, à cause d’une boulette de Fouhami et d’un placement approximatif de ses défenseurs. Il est indicutable que l’exceptionnelle réussite des Lions en Tunisie était le fruit du travail accompli par Zaki. Ce qui l’élèva sur un piédestal, dont il redescendit à peine six mois plus tard. Les éliminatoires du Mondial 2006 débutaient. Le hasard fit que le Onze marocain tombât sur des formations qui ne crachaient pas le feu, mis à part la Tunisie. Mais le ciel nous tomba sur la tête. Le Malawi tint la dragée haute à l’équipe nationale (1-1). Au Botswana, elle obtint une victoire à l’arrachée (1-0). A Rabat, contre la Tunisie, elle perdit pied et ne dut son salut qu’à une tête rageuse de Talal El Karkouri (1-1). A Radès, face à cette même Tunisie, elle eut un sursaut d’orgueil, fit un match plein, sans toutefois obtenir son billet pour le Mondial. Principal accusé : Baddou Zaki. Il aurait ruiné tous les espoirs, en prescrivant une stratégie défensive, en évinçant son adjoint, Abdelghani Naciri, le cerveau du groupe, prétendait-on, et en écartant de la sélection Naybet, sans lequel l’équipe se retrouvait sans véritable patron. Zaki encaissa le coup. Il fut renvoyé comme un mal-propre.


Depuis le départ de Baddou Zaki, le Maroc en est à son quatrième entraîneur


Dans l’éjection de Zaki, le football marocain allait-il trouver son compte ? Trois fois hélas, non. Philippe Troussier ne fit qu’un bref tour et s’en alla. Mhamed Fakhir enfonça encore plus l’équipe nationale dans ses travers. Appelé à la rescousse, Henri Michel ne fit pas mieux. Pourtant, il disposait de joueurs pétris de talent, qui rayonnaient aussi bien en Europe qu’aux Emirats. Avec de telles épées, on se disait que la qualification aux huitièmes de finale de la CAN 2008 se présentait comme une simple formalité avant l’assaut final. C’est le contraire qui se produisit. Après avoir fait illusion contre les Namibiens (5-1), les Lions perdirent de leur superbe face à la Guinée (2-3), puis s’écroulèrent contre le Ghana (0-2).Remercié, Henri Michel fut remplacé par Roger Lemerre. Va-t-il remettre le Maroc sur les bons rails ? La leçon gabonaise installe le doute. Le paradoxe est que, depuis l’épopée africaine de 2004, jamais le Maroc n’a eu autant de bons joueurs en réserve, dont un impressionnant nombre de stars dans leur propre équipe. Où est alors la faille ? Est-ce parce que les joueurs jouent en Europe et ne savent pas se battre contre le jeu, bien plus physique, des équipes africaines? Est-ce une question d’entraîneur ? de temps ? de motivation ? Le mystère reste entier et déjà le Maroc est considéré disqualifié à cette Coupe du monde 2010 dont il vient à peine d’entamer les éliminatoires. Si cela se confirme, l’absence du Mondial aura duré 12 ans. Quand à la Coupe d’Afrique, il faut croire que la malédiction est passée par là.

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