Régulièrement cité parmi les favoris, le Maroc a complètement raté sa CAN en se faisant sortir dès le premier tour. Abdeslam Ouaddou, le défenseur de Valenciennes et des Lions de l'Atlas, pointe le doigt sur les conflits d'égo qui ont rongé la sélection de l'intérieur. Et se dit prêt à jouer les Casques Bleus.
« Abdeslam, comment la brillante équipe qu'on avait vu tenir la France en échec au mois de novembre (2-2) a-t-elle pu rendre une copie aussi terne deux mois plus tard ?
Je vois plusieurs raisons à cela. Déjà, il faut être honnête, je crois que nous nous sommes vus trop beaux. Je m'explique : le Maroc s'était qualifié facilement. Puis il y a eu ce mini-stage en France, avec le match contre les Bleus et le succès face au Sénégal. Début janvier, nous avons battu la Zambie et l'Angola en matches amicaux, et enfin nous frappons un grand coup lors de notre première rencontre au Ghana face à la Namibie (5-1). Il y a sans doute eu un excès de confiance, mais pas seulement...
Expliquez-vous...
Je vais dire les choses franchement, telles que je les ai ressenties. L'ambiance au sein du groupe n'était pas bonne. En France, le stage avait duré sept jours, mais on sentait que quelque chose n'allait pas. Et quand j'ai rejoint la sélection au Maroc un peu plus tard que les autres, c'était flagrant. Il y avait des clans. D'un côté les joueurs locaux, et de l'autre ceux qui jouent en Europe, et dont la plupart sont nés et ont grandi en France. C'est simple, le matin au petit déjeuner, je devais être l'un des rares à serrer la main à tout le monde !
A quoi imputez-vous ces mauvaises relations entre internationaux ?
Allez savoir ! La sélection est minée par des problèmes d'égo. La fierté, tout ça, c'est bien, mais quand on porte le maillot de la sélection, il faut penser collectif. On m'a raconté que certains joueurs qui ne jouaient pas souriaient quand on encaissait un but. Ce n'est pas acceptable. Cette équipe a un potentiel énorme, et on gâche tout cela pour des questions d'égo... Au Ghana, tout est parti en sucette après notre victoire contre la Namibie. Les tensions ne sont pas spectaculaires. Il n'y a pas eu de clash. Seulement, la mauvaise ambiance est perceptible. Nous devrions prendre exemple sur les Ivoiriens qui sont heureux quand ils jouent.
Pourtant, à leur retour au Maroc, des locaux ont répandus dans la presse en disant que les « Européens » ne mouillaient pas le maillot...
Je sais. Mais c'est faux ! Quand on vient en sélection, c'est avec l'envie de se défoncer. De toute manière, ce problème entre locaux et européens perdure depuis des années. Il est récurrent, donc grave. Il va falloir se pencher dessus. C'est ce que je vais faire. Je fais partie des plus anciens, et s'il le faut, je veux bien m'investir pour que cette situation soit éradiquée. Il faut changer les mentalités. Le Maroc a face à lui des échéances importantes, avec la Coupe du Monde et la CAN 2010. Et il ne peut pas se permettre de passer à côté !
Henri Michel est-il l'homme de la situation ?
Oui ! Il faut le laisser travailler. La sélection a besoin de stabilité. »
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