L’année 2010, n’est pas si loin que ça. C’est pour bientôt. Et la question qui doit tarauder dès à présent les esprits des responsables du football national, plus précisément des personnes qui s’occupent de la sélection première, est de savoir si la qualification à la CAN angolaise est une fin en soi ou un premier objectif qui doit être suivi par de probants résultats dans cette échéance continentale ?
Apparemment, se fixer des objectifs à des échéances à court et moyen termes, ce n’est pas le fort des dirigeants fédéraux. Pour ces derniers, l’importance est que la sélection marocaine soit présente dans les phases finales de la Coupe d’Afrique des nations. Qu’il y ait résultat ou pas, cela c’est une autre paire de manche. Une fois la déconvenue au rendez-vous, ils s’ingénieraient, comme toujours, à trouver les prétextes et les justifs pour faire tourner la page.
Faute de changer de décideurs, chasser les fédéraux, ils reviendraient au galop, il est grand temps de changer de mentalité. Et ce long processus commence par une radioscopie de la sélection première, qui pour le moment, laisse dégager des signes notoires que ce n’est pas demain qu’elle fera bonne figure dans une CAN. Lors de la prochaine édition en Angola, il faudrait se rendre à l’évidence que ça sera pratiquement la même équipe qui défendra les couleurs nationales. En deux ans, un espace temporel fortement réduit, il est difficile de bâtir une sélection compétitive, capable de tenir la dragée haute aux grosses cylindrées du football continental.
Avec les quelques internationaux éparpillés dans de petits clubs européens ou encore des joueurs évoluant dans les championnats du Golf, il ne faudrait pas s’attendre à un exploit. Bien avant l’entame des éliminatoires de la CAN 2010, la qualification est quasiment acquise d’avance, au vu du système de qualification adopté par la CAF, mais une fois dans le bain de la compétition, le remake du fâcheux scénario d’Egypte 2006 et du Ghana 2008 risque fort bien de se concrétiser. Car le football au plus haut niveau, ce n’est plus un simple jeu, mais une équation où tous les paramètres sont définis au préalable.
Partant de ce constat, techniciens, encadreurs et responsables sont priés derevoir leur stratégie, de s’accorder le temps nécessaire à partir sur des bases aussi solides que saines et à se montrer francs à l’égard du public. Ne laissant pas celui-ci baigner dans des chimères pour qu’au lendemain de la compétition, il tombe de nouveau de si haut.
En dépit de cette triste réalité, le tableau n’est pas si noir que ça. Car bercer dans le nihilisme ne peut en aucun cas aider le football marocain à aller de l’avant. Mais pour percer davantage dans le bon sens, la discipline a besoin, non pas de la procédure de table rase, mais d’un remue « méninge » pour qu’elle puisse s’en tirer à bon compte. La manne financière, contrat-programme et droits télé, étant déjà là, conséquente pour certains et modeste pour d’autres, doit être exploitée à bon escient, particulièrement dans deux secteurs.
Le premier chantier est la mise à niveau du championnat local appelé à jouer pleinement son rôle, en étant un vivier de choix pour tout sélectionneur voulant renforcer les rangs du Onze national. La voie du salut serait donc de s’inspirer des modèles égyptien et tunisien de sorte à rehausser le niveau de l’exercice local, via des clubs pourvus de moyens confortables parvenant à s’attacher les services et à garder dans leurs effectifs des joueurs de valeur. Des clubs qui joueront les premiers rôles dans les deux concours africains, Ligue des champions et Coupe de la CAF. Une telle option, qui s’inscrit dans une dynamique positive, ne peut être que d’un bon apport pour la sélection du fait que les joueurs qui la composent auront plein de matches de haut niveau dans les jambes et surtout une bonne expérience en matière de football africain.
Le deuxième point se rapporte aux opérations de prospection et de formation. Certes, les résultats escomptés ne peuvent prendre forme de sitôt, mais il faudrait se mettre à l’esprit que le long terme se prépare en parallèle avec les échéances les plus proches. Là aussi, il y a deux modèles à calquer.
L’un est français et le deuxième est africain. Pour le cas de l’Hexagone, la réussite et le renouveau du football tiennent à la formation. Après les titres européen et olympique en 2004, en plus d’une troisième place au Mondial mexicain deux ans plus tard, le football français a disparu de la scène mondiale. Sauf que ce n’était que partie remise. De 1986 à 1998, la direction technique française a travaillé d’arrache-pied en matière de formation des jeunes. Un travail de sape et de longue haleine qui a été sanctionné par un retour au devant de la scène et des clubs et de la sélection qui a récolté pas moins de trois sacres majeurs en deux ans : un Mondial, un Euro et une coupe de la Confédération.
Pour le cas africain, les exemples ivoirien, sénégalais et camerounais sont faits pour nous rappeler que la formation des jeunes s’effectue au niveau local. Les Drogba, Essien, Eto’o et la liste est longue ont fait leurs premières armes dès le bas âge dans leurs pays respectifs, en intégrant des académies de football, instaurés et financés par les prestigieux clubs du Vieux continent. Une fois affûtés, les lauréats desdites académies ont été courtisés et recrutés par les meilleures écuries européennes. Le joueur, un professionnel au vrai sens du terme, se trouve gagnant comme d’ailleurs sa sélection qui peut compter sur ses services aux échéances continentales et internationales.
Bref, le ballon est désormais dans le camp des responsables du football marocain, sommés à revoir leur carte pour sortir la discipline du marasme et des déconvenues qui ponctuent, hélas, les sorties de l’équipe nationale première.
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