Les Capverdiens en voulaient à mort à l'arbitre tunisien, accusé de «connivence» et de «partialité».
A l'image de leur chef de délégation, écumant de rage, qui repoussait des bras les micros et se refusait à tout commentaire. Il s'est contenté de proférer nerveusement des menaces pour le match retour. Il tenait sa main ouverte, promettait un «5 à 0» au match retour. Ses joueurs n'étaient pas en reste. Ils arrosèrent d'injures notre confrère de la première chaîne. Seul l'entraîneur Alexis a conservé son calme quand bien même, il a mis, lui aussi, la défaite sur le compte de l'arbitrage. Curieuse attitude de nos hôtes qui, l'année précédente encore, sur cette même pelouse, ont qualifié le 3 à 0 encaissé ce soir-là, de « résultat flatteur » face à un adversaire de la taille des FAR. « Nous sommes venus pour apprendre », avait confié le chef de délégation avec un large sourire. Celui-là même qui, aujourd'hui, s'insurge et dénie la supériorité des FAR, sur le terrain, dans un match dirigé, avouons-le, avec brio par l'arbitre tunisien Mohamed Mouadab. En réalité, les Capverdiens ont été victimes de leur excès de confiance. Ils vivent encore sur les vestiges du rêve réalisé chez eux, quand ils ont réussi une gageure de taille, et mis « out »les FAR au match « retour » du premier tour, au terme des tirs aux buts. Ils sont donc venus aujourd'hui libérés de la crainte face à la supériorité de l'adversaire, et comptaient ainsi prouver qu'ils sont capables de confirmer le coup d'avant.
On retient les déclarations de leur coach à son arrivée mardi au Maroc quand il a promis de créer la surprise car «l'équipe d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier». Les capverdiens ont tout simplement surestimé leur capacité et ont provoqué maladroitement un fauve profondément blessé dans son amour propre. Fakhir se devait de frapper un grand coup, question non seulement de prendre sa revanche, mais surtout à l'effet d'atténuer la déception après les écueils en série durant ce mois de janvier tant en championnat qu'en Coupe de l'Union Nord Africaine de Football (UNAF). Sa popularité a suivi un trend baissier jusqu'à la rupture avec la frange radicale des fans. Samedi dernier, Fakhir a essuyé d'ailleurs un déluge d'injures et de propos impudents au moment même où ses poulains faisaient pourtant cavaliers seuls face à Praia. Évitant de polémiquer la dessus, Fakhir a minimisé cet égarement et fustigé plutôt la programmation : «faire participer une équipe, à la hâte, à une compétition internationale (Coupe de l'UNAF) relève de l'amateurisme pur. Rendez-vous compte que nous aurons à jouer également notre match retard contre l'ASS sans respect du délai que le règlement accorde à une équipe qui a joué un match international». Fakhir affichait une mine d'enterrement même si ce match contre le Cap Vert a tourné à la correction pour Praia.
Il n'y a pas de quoi pavoiser en fait même après un score fleuve car le team a montré des limites au niveau de certains postes. Les FAR pouvaient faire mieux face à un fantôme errant et enclin au jeu dur. Les capverdiens ont quasiment abdiqué en seconde période, se retranchant derrière un double rideau défensif qui catapultait comme il le pouvait. Les capverdiens comptaient sur l'effet de surprise mais ce n'était que pure chimère face à des militaires très alertes. Tant le but inscrit prématurément par Allaoui (2ème mn), sur penalty, a libéré les militaires tant il a brouillé les cartes du coach visiteur, déstabilisant ainsi un effectif visiblement très fragile sur le plan psychologique. On a vu comment Santos a craché sur l'opportunité de l'égalisation (8è). Madihi l'imitera plus tard alors que Allaoui a été plutôt malchanceux sur son heading à bout portant (13è). Les insulaires ont perdu leurs repères très tôt et partant se sont mis dans l'œil du cyclone. Ils ne tardèrent par encaisser le second but, sur penalty, botté par Allaoui pour une deuxième fois (52è). Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Praia sera réduite à dix après l'expulsion de Sabakar, qui a placé un direct sur le visage de Allaoui (47è). La supériorité numérique des FAR rendra la partie à sens unique. Fatalement, une pluie de buts s'en suivra.
D'abord Allaoui qui triplera le score (52è), suivi par Kaddioui (63è) puis Eraaki (65è) et Mssassi (72è). A 6 à 0, les militaires vont débrayer crescendo, en cette fin de partie qui s'est transformée en une séance de décrassage. Et comme d'habitude, la fête a fini par un goût de l'inachevé. En effet, non seulement les FAR ont dilapidé l'occasion de consolider davantage leur actif et se mettre ainsi définitivement à l'abri contre toute mauvaise surprise ou injustice arbitrale, mais ils vont de surcroît encaisser un but stupide à quelques minutes du coup de sifflet final. Un but qui a ressuscité les capverdiens qui, répétons-le, ont juré de rendre la monnaie au match « retour » c'est-à-dire évincer, pour la seconde fois consécutive, les marocains de la course au titre continental.
Un peu d'histoire
L'Association Sportive des Forces Armées Royales ou les FAR de Rabat est l'un des plus célèbres clubs marocains, il a été créé en 1958 et est basé à Rabat. L'AS FAR fût le premier club marocain à participer à une coupe africaine, c'était en 1968 où il a atteint le stade des demi-finales, et il fût aussi le premier club marocain à remporter la Ligue des champions africaine, c'était en 1985. C'est le club le plus titré du championnat marocain avec 12 titres. Et c'est aussi le club qui a remporté le plus de coupes du Trône avec 10 réalisations.
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