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Mission impossible IV

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Si c'est le cas, une telle opportunité, en termes d'aménagement du territoire, serait un formidable levier pour que “le Maroc de demain” corresponde au moins partiellement à celui de 2010. Et puisque nous ne savons travailler que dans l'urgence, cela reste du domaine du possible.

Organiser la Coupe du monde de football est une ambition qui nous habite, presque comme un rêve à répétition. Trois fois sur le métier et on remet ça, comme pour un ultime essai de bonification. De 1994 à 2010, avec une impasse indépendante de notre volonté en 2002, nous avons cumulé le record absolu des candidatures non-stop.
Chaque fois, les Marocains se sont subdivisés en trois catégories: ceux qui y croyaient, plus par fantasmagorie que par réalisme. Ceux qui faisaient semblant d'y croire, un peu par obligation officielle, un peu par cynisme. Et ceux qui, ayant désespéré de tout, n'y croyaient pas du tout, “par principe”. Chaque fois, c'était raté et c'est la première catégorie qui en était pour ses frais.

Mobilisation

Cette fois-ci sera la bonne, nous dit-on, avec une assurance qui frise la certitude. Soit, allons-y, à la bonne heure. Mais pas seulement en croyant à la bonne étoile de notre pays. Sans fanfaronnade oratoire et sans scepticisme maladif. Le Maroc n'est pas la référence horaire de Greenwitch, ni l'étoile polaire pour l'univers.
C'est juste un pays du Sud qui s'est pris à rêver d'abriter un événement aux dimensions mondiales fabuleuses et aux retombées multiples et bénéfiques pour l'économie nationale. Allons-nous continuer à rêver comme dans un long sommeil paradoxal, avec, chaque fois, un dur réveil sur une réalité immuable et sur un échec presque annoncé? Ou bien, allons-nous rêver éveillés, dans une mobilisation programmatique, pour que l'objet d'un désir collectif se réalise?
C'est précisément entre ces deux questions qu'a navigué la conférence de presse donnée mardi 1 juillet 2003, par l'association Morocco 2010 qui fait fonction de comité d'organisation.
Un comité qui doit d'abord organiser la campagne pour la candidature du Maroc. Quitte à faire une lapalissade, rappelons que c'est à ce niveau-là que tout se joue et que tout se décide.
Les journalistes présents à cette grande première devaient avoir en tête une question centrale: qu'y a-t-il de changé par rapport aux trois tentatives précédentes et malheureuses? Autrement dit, avons-nous tiré toutes les leçons, procédé à une analyse critique, quasi-radioscopique, de ces trois recalages? Si cela avait été fait, nous l'aurions su. Toujours est-il qu'il n'y a eu aucune communication publique à ce propos. Pour 1994 et 1998, même la campagne était d'une discrétion confidentielle. Lorsque le couperet est tombé par deux fois, on n'en parlait plus. Circulez, il n'y a rien à voir; tout comme il n'y a rien eu avant, d'ailleurs.
“Pour 2010, nous ne présenterons pas des maquettes, mais des réalisations et des projets en cours d'achèvement”, c'est le slogan-devise de Saâd Kettani, désigné par S.M Mohammed VI pour présider aux destinées de “Maroc 2010”. De prime abord, la barre paraît très haut placée, quand on sait d'où l'on part. Disons pour aller vite et sans être nihilistes, que nos atouts sont réels, mais que nos carences et nos handicaps sont notoires sur plus d'un registre. Les stades de volume et un peu de standing olympique, nous en avons trois. ہ Rabat, Casablanca et Fès. Avec une pénalité pour le complexe Mohammed V de Casa, parce que sans parking.

Réfection

Dans les cinq autres villes, Tanger, Agadir, Meknès, Marrakech et El Jadida, parmi les huit retenues, des travaux de réfection, d'agrandissement ou carrément d'édification sont à réaliser.
Mais une coupe du monde, ce n'est pas que des stades. C'est un ensemble synergique et homogène qui va de la télécommunication à l'hôtellerie, en passant par les voies et moyens de transport. Sur ces trois postes de préparatifs, en termes de structures d'accueil à la dimension œcuménique de l'événement, notre retard est accablant.
Rapide passage en revue de ce que chacun sait. Dans les télécommunications, avec plus de cinq millions d'abonnés au GSM et par rapport à notre niveau de vie, on nous cite en modèle. C'est relatif, mais c'est vrai. Sauf que les jours de fête, le réseau est vite saturé bien que le territoire national ne soit pas totalement couvert. On avait entendu parler d'un satellite “marocain” sur le lanceur Ariane, mais le projet semble avoir fait long feu. Les autoroutes progressent, là aussi relativement, avec l'espoir que d'ici 2010, les différents tronçons permettront de relier Agadir à partir de Tanger, en ligne droite. Mieux vaut tard que jamais.

ةchéance

Là où le bât blesse, c'est au niveau de la nature et de la capacité hôtelières. Les cinq étoiles et autres palaces tout en dorures, qui constituent notre patrimoine hôtelier, peuvent servir à héberger des gouvernementaux aux frais de leurs contribuables. Mais pas des supporters de foot. Ils seront près du million, les fous du ballon rond, classe moyenne-moins venus des quatre continents.
Il faudra leur préparer un gîte sous forme d'hôtels aussi correctement moyens que leur budget. Au jour d'aujourd'hui seule figure une projection statistique aux allures de pari: dix millions de touristes de toutes catégories sociales, pour 2010, année de la Coupe du monde.
On aura donc compris que l'écart est immense entre l'existant et le souhaitable. C'est en mai 2004 qu'il faudra donner à la FIFA des gages convaincants sur le rattrapage de cet écart à l'échéance 2010. Comment Saâd kettani, compte-t-il s'y prendre face aux experts de la FIFA, pour que cette candidature-là soit plus crédible et plus persuasive que les précédentes? Sans être impossible, la mission est pour la moins bigrement difficile. Il y a d'abord l'homme pivot de cette quatrième tentative. Alors que les expériences passées étaient conduites par des politiques, celle-ci est supervisée par un gestionnaire qui a fait ses preuves dans le management financier. La banque est son métier; le groupe Wafa-bank est son instrument d'entreprenariat économique. Adepte du concret et de l'obligation de résultat, il est donc bien placé pour apprécier le coût de l'investissement à la juste valeur de l'événement.
Pour bien marquer sa différence par rapport à ses prédécesseurs pour la même mission, Saâd Kettani a coupé court avec les méthodes artisanales et les calculs d'épicier.
Le dossier technique que le Maroc devra présenter à la FIFA a été confié à deux grands cabinets internationaux: Alain Rothenburg et Mc Kenzie. L'un et l'autre constituent une référence pour ce genre d'opération. Alain Rothenburg, par exemple, affiche un palmarès impressionnant. Il a chapeauté la Coupe du monde de 1994 aux ةtats-Unis; les Jeux olympiques d'Atlanta (en 1996) et de Sydney en 2000; ainsi que les préparatifs des J.O de Pékin pour 2008. Rothenburg fait aussi du lobbying pour le pays dont il prend en charge la candidature.

Apartheid

Ce sont donc des professionnels de renommée internationale qui veilleront sur la bonne marche du dossier Maroc, d'ici la date fatidique de mai 2004. Avec un cahier de charges techniquement ficelé, appuyé par des sources de financement identifiées, le tout sous la garantie solennelle du l'ةtat, le Maroc devrait avoir de fortes chances de l'emporter. La pastilla, le méchoui et les briouates, ce sera pour après, pas avant, ni pendant, comme cela fut le cas par le passé.
Face au Maroc, nos adversaires ont pour noms la Tunisie, la Libye, l'ةgypte, le Nigeria et l'Afrique du Sud. C'est surtout ce dernier pays qui pose problème. La République de Mandela est une vraie puissance économique, la mieux équipée et, potentiellement, la mieux préparée à recevoir, sans beaucoup de préparatifs, ce genre de manifestation. L'Afrique du Sud présente, cependant, deux handicaps qui pourraient jouer en faveur du Maroc: l'éloignement et la sécurité. Bien que le monde soit devenu “un petit village médiatique"; et bien que le décalage horaire entre les deux pays ne soit que d'une petite heure solaire, Le Cap reste tout de même la pointe extrême de l'hémisphère Sud. Là où l'abolition de l'Apartheid n'a pas mis fin à une insécurité tout aussi extrême.
Toute la stratégie du Maroc serait donc de convaincre les pays européens membres du Comité exécutif de la FIFA, essentiellement, qu'une coupe du monde dans l'Afrique australe est une pénalisation pour leurs spectateurs qui voudraient faire le déplacement.

Lionceaux

Aux responsables de la FIFA, Joseph Blatter en tête, il faudra parler pas seulement organisation, preuves à l'appui, mais aussi football marocain. Si tant est que l'instance internationale du foot ne tient vraiment pas à ce que le pays organisateur soit évacué dès le premier tour. Le spectacle y perdrait en coefficient attractif pour la population locale.
C'est aussi l'avis des connaisseurs nationaux, tel Abderrahim Ben Ameur un maroco-canadien du groupe Rothenburg, militant actif pour une coupe du monde au Maroc, en 2010, à condition que le pays hôte dispose d'une équipe nationale qui fasse honneur. Or, le moins que l'on puisse dire au sujet des “Lions” de l'Atlas est qu'ils ont perdu de leur mordant, sans que l'on voie pointer à l'horizon les lionceaux de la relève. En définitive, au-delà de tout optimisme déraisonnable, “Maroc-2010” est jouable.
Il s'agit de prouver qu'il est réalisable. Si c'est le cas, une telle opportunité, en termes d'aménagement du territoire, serait un formidable levier pour que “le Maroc de demain” corresponde au moins partiellement à celui de 2010. Et puisque nous ne savons travailler que dans l'urgence, cela reste du domaine du possible.

Source : http://www.maroc-hebdo.press.ma/ (juillet 2003)

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