Ce qui se passe dans le football marocain mérite d'être répercuté au-delà du petit cercle des mordus du ballon rond. Commençons par l'actualité. L'équipe du Maroc vient de concéder un nul peu glorieux face à la modeste Centrafrique et risque, dès son prochain match (un déplacement en Tanzanie), de se faire éliminer pour la deuxième fois consécutive de la Coupe d'Afrique des nations. Sportivement, c'est grave. Le Maroc, qui a toujours fait partie de l'élite africaine, n'arrive plus à se qualifier nulle part. Ni Mondial, ni CAN, rien.
Il n'y a qu'à voir le cas Chamakh, star de cette équipe et son buteur attitré. En Europe, il enfile les buts au point qu'il est devenu le premier buteur "de la tête" sur le Vieux continent. Au Maroc, il n'a plus rien marqué depuis trois ans et il n'arrive même plus à tirer au but. Ce qui est valable pour l'équipe nationale toutes catégories d'âge confondues (séniors, juniors et cadets) l'est tout autant pour les clubs, systématiquement éjectés dès les tours préliminaires des rendez-vous africains.
Sportivement, donc, le Maroc n'existe plus. Mais il y a pire. Pour avoir une idée du n'importe quoi managérial qui gouverne le foot, il suffit de pointer deux détails. Le championnat local, qui possède déjà un record mondial (celui du plus faible nombre de buts marqués), s'apprête à basculer dans un statut proche du professionnel au moment où des clubs dits d'élite jouent sans terrain, loin de leur ville. Kasbat Tadla s'exile à Khouribga et Al Hoceïma à Oujda ou Tanger. Deuxième détail : l'équipe du Maroc joue sans entraîneur. Et cela dure depuis près d'un an.
Au lendemain de l'élimination du Mondial 2010, les décideurs du football ont licencié le sélectionneur en place (qui n'était installé qu'à titre provisoire, déjà !) et choisi de ne recruter personne pour le remplacer. Ils ont expliqué cette absurdité de la manière suivante : "Nous sommes éliminés partout et nous n'avons pas de compétition officielle à disputer, donc nous ne recruterons qu'après la Coupe du Monde, au moment du mercato". Plus de six mois durant, il n'y avait donc pas de Lions de l'Atlas. Les pays qui sollicitaient le Maroc pour un match amical étaient surpris qu'on leur dise : "Désolés, on ne joue plus !".
Et puis Eric Gerets, un entraîneur au joli palmarès, a été nommé durant l'été. Nommé mais pas investi si l'on ose dire, puisqu'il est toujours lié contractuellement à un club saoudien. C'est son adjoint, le pauvre Dominique Cuperly, qui a été appelé à faire le boulot et à se débrouiller comme il pouvait, en attendant l'arrivée du sélectionneur en novembre. Et c'est comme cela que les "Lions" continuent, dans une sorte d'exception mondiale, de jouer sans sélectionneur Nos confrères de L'Opinion ont eu raison de titrer : "Le Maroc n'a pas besoin de Gerets pour se faire éliminer". Les "Lions" de l'Atlas ont les moyens de se faire éliminer dès à présent, sans sélectionneur, tout seuls, comme des grands.
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