Mustapha Hadji, l'attaquant du Fola Esch, nous a annoncé hier qu'il réfléchissait très sérieusement à s'offrir une année supplémentaire. "Il y a encore un peu de diesel dans le moteur", explique-t-il.
L'ancien international marocain, déjà privé d'un gros morceau de la première partie de la saison pour une blessure à l'épaule et des obligations professionnelles, n'a pu reprendre l'entraînement avec le Fola que... la semaine passée après une CAN bien remplie et des pépins de santé. Cela ne l'empêche pas d'être performant. Et revanchard : il rêve d'une dernière saison qui ne soit pas criblée d'absences comme celle-ci.
Vous allez vous jeter dans la deuxième partie de la saison avec une préparation tronquée. Comment vous sentez-vous?
Mustapha Hadji: J'ai d'abord été retenu par la Coupe d'Afrique des nations, puis embêté par une gastro-entérite à mon retour. C'est comme ça que j'ai raté trois semaines... Mais là, ça y est, c'est reparti! Et je me sens bien parce que je ne reste jamais inactif. J'ai pris soin de moi, disputé quelques matches avec des amis... Tout ce à quoi je veux faire attention, ce sont les blessures.
Pas envie de terminer votre carrière à l'infirmerie...
Une blessure aujourd'hui, ce serait ce qu'il y a de pire. Sur ces terrains compliqués, les chevilles et les genoux attrapent des entorses, on peut vite avoir mal au dos. Jusqu'à présent, j'arrive à gérer. J'en ai parlé avec le coach (NDLR : Philippe Guérard) pour lui expliquer que je préfère y aller doucement pour le moment. Jusqu'ici, au niveau du groupe, on s'en tire plutôt bien, à part Lucien Crapa. Tant mieux, parce qu'on entre dans la dernière ligne droite et que l'on a besoin de forces vives. La blessure, pour moi, ce n'est pas une angoisse, mais j'ai toujours eu des pépins durant cette période et ça m'a refroidi. Je connais trop l'importance de cette période, alors qu'il ne reste que trois mois de compétition. Personne ne doit manquer.
Vous semblez attaché à finir très fort. Cela veut-il dire que vous n'êtes pas encore tout à fait passé à l'après-carrière de footballeur?
Non, l'après-football viendra bien assez tôt. J'ai déjà vu arriver quelques opportunités, pour intégrer une structure ou épauler des entraîneurs. Mais ce n'est pas encore d'actualité. Je n'ai que 38 ans, et être coach, cela se prépare. Il faut se dire que pour la vie privée, c'est comme être joueur. J'ai d'ailleurs toujours dit qu'il s'agissait de ma dernière saison, mais si je suis encore frais en juin, physiquement j'entends, je vais continuer. Ça me tient à coeur. Oui, si je me sens bien, mon objectif sera de disputer encore une saison. Peut-être au Fola, on verra ce qu'ils en disent. Moi, je me sens bien dans ce club, avec ces joueurs, avec ces dirigeants. Le président est devenu un ami. Nous verrons en fin de saison. Je me dis aussi que si nous atteignons notre objectif de jouer la Coupe d'Europe, je pourrais bien rester pour aider les jeunes.
Y aurait-il encore de l'essence dans le moteur?
Il reste un peu de diesel, oui.
Il est donc possible de faire la différence avec une gestion qui s'accommode de moins de séances d'entraînement?
Je ne sais pas si je fais encore des différences, mais en tout cas, j'essaie. Je joue de mon expérience, sur des coups. J'anticipe plus vite que les jeunes.
N'est-ce pas placer Philippe Guérard dans une position compliquée que d'être aussi influent dans le jeu en en faisant peut-être un peu moins que certains coéquipiers qui n'ont il est vrai ni votre âge, ni votre emploi du temps"overbooké"?
Je ne sais pas. En tout cas, on communique beaucoup avec le coach. Il sait que je ne me laisse pas aller. Ces dernières semaines, je ne suis pas allé me faire bronzer à Copacabana. Je ne trompe personne. Le club sait que j'ai des obligations, mais aussi que je ne souhaite que la réussite du Fola. Si j'ai conscience de créer des problèmes, alors je me retirerai. Je suis assez lucide pour ça.
Avez-vous cette sensation?
Non. Le coach était même surpris de ma condition physique. Il ne comprend pas comment je m'en sors. Je n'ai pas pris un gramme cet hiver, mais c'est parce que je prends soin de moi seul.
Vivre plus au sein de ce groupe, cela ne vous manque-t-il pas?
Si, ça me manque! Le foot, c'est mon métier, ma priorité. Mais je vois aussi la fin arriver lentement et je dois m'y préparer. Pourtant, je suis là pour rendre service au Fola. Je sais que ma position n'est pas évidente, mais la saison prochaine, j'aurai tout le temps pour moi. Il n'y aura plus de Coupe d'Afrique des nations et encore moins de Mondial à préparer. Je serai totalement libre. En signant pour trois-quatre saisons au Fola, je savais qu'une des saisons serait parasitée de la sorte. C'est aussi pour ça que j'aimerais en faire une dernière en ayant une disponibilité totale pour mon club.
Votre coach craignait surtout que vous n'ayez pas la fin que vous méritiez...
Qu'il ne s'inquiète pas pour moi, je me connais et c'est bien pour ça que je ne m'inquiète pas de mal terminer. Je respecte tout le monde, tout le monde me respecte, il y a de la franchise. Le coach, ainsi, a juste à s'occuper de l'équipe, pas du cas Mustapha Hadji.
Avez-vous eu peur, ces derniers mois, d'avoir fait cette fameuse saison de trop qui fait tant peur aux footballeurs?
Je savais dès la fin de la saison dernière qu'en ayant tiré sur la corde avec mon épaule, je le paierais en début de saison suivante. Mais je connais mes limites et quand je vais arriver au bout, je dirai stop. Mais pas encore. J'ai encore envie de me faire plaisir.
Vous verra-t-on plus sur le terrain en deuxième partie de saison?
Là c'est sûr et certain. Je vais faire un maximum d'entraînements, je vais être plus avec le groupe. Cela m'apportera à moi, cela apportera au groupe.
Comment cette saison se terminera-t-elle pour le Fola?
On a la possibilité de finir européens, tout dépend de nous. On est notre plus grand adversaire. Dans un bon jour, nous sommes inarrêtables, surtout que depuis trois mois, nous ne baissons plus les bras. On est redevenus hargneux et combattifs.
source : Le Quotidien Luxembourg
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