Organiser la Coupe du monde-est-il un rêve ? Jadis, oui. Aujourd'hui, non. C'est devenu un … défi. Mais, a-t-on les moyens de ses ambitions ? C'est la question centrale de la conférence-débat organisée par un institut de management, dans un grand palace de la capitale. Louer ses réalisations est bien, verser dans le réalisme serait mieux.
C'est ce à quoi se sont attelés certains intervenants tant parmi les conférenciers que parmi l'auditoire. Le Maroc a présenté un dossier technique très convaincant qui a rompu avec les précédentes présentations notamment au niveau de l'approche. La projection de diapos était accompagnée par un commentateur, dans un ton rassurant. Au gré de la projection, le présentateur s'enthousiasmait.
On a fait dans l'infime détail jusqu'à ficeler hermétiquement le dossier qui prône l'idée d'un Maroc nouveau. Tout est tissé autour de ce slogan qui livrera ses secrets : l'infrastructure n'est plus un problème. L'approche managerial a fait que le Maroc est doté, et le sera encore, de stades respectant le cahier de charges en termes de nombre de stades, de transports maritime, aérien, ferroviaire et routier.
Les télécommunications ne sont pas en reste. Nos télécoms sont un modèle pour les pays de la région MENA et également en ce qui concerne les établissements hospitaliers. Le budget à allouer pour l'événement est arrêté sur des bases prudentes, de manière professionnelle. Un fonds jouant la péréquation et de garantie, a été créé, alimenté cash à hauteur de 140 millions d'euros, déposés dans un compte suisse. Plusieurs autres facteurs consolident ce dossier dont notamment la proximité géographique du premier marché footballistique au monde, à savoir l'Europe, la facilité de circulation dans notre pays dépourvu d'obstacles géographiques, et le non-éloignement des stades devant abriter l'événement, le soutien du gouvernement.
Nos dossiers ont gagné en maturité et la promotion est faite de manière collégiale, pilotée par le Comité 2010 dont les composantes bénéficient d'un savoir-faire avéré sur le terrain, ayant des relations avec les hautes sphères de la finance internationale et du football mondial. Ce comité a profité des réalisations de ses prédécesseurs, ajoutant une valeur propre. Cette fois-ci, la cérémonie de présentation de la candidature a été le fait de la Fédération, qui a veillé au respect du code de bonne conduite de la FIFA.
L'optimisme est de rigueur… ou presque. Le « oui » est précédé toutefois d'un « mais ». La FIFA ne fait pas dans les sentiments. Et tout projet de candidature perçu sous l'angle étroit de l'infrastructure est voué à la déception. Le Maroc souffre de trois handicaps majeurs : d'abord sa témérité.
Il a été le premier à déranger un ordre établi, celui des « une- deux » entre les deux pôle du football mondial que sont l'Europe et l'Amérique du Sud en ce qui concerne l'organisation de cette coupe planétaire. Ensuite, la guerre d'usure des co-continentaux. Pour le Mondial 2006, le Maroc a été éliminé non pas par l'Allemagne, mais par l'Afrique du Sud. Le 3e handicap, est la date fatidique du 15 mai 2004. Notre dossier rénové, ayant « impressionné » les inspecteurs du mastodonte de Zurich, est-il un gage suffisant pour gagner le gros lot ? Les conférenciers ne cesseront pas de le répéter, c'est non ! Le vote obéit à des considérations également subjectives.
Le lobbying et le travail dans les coulisses est déterminant. Les USA n'ont-il pas relevé le défi alors que le soccer se positionne parmi les ports de bas étage ? C'est dans ce sens que l'effort devra être axé jusqu'au mois de mai. Le comité 2010 est actuellement à cette 5e étape après celle du dépôt de la candidature, la préparation et la soumission du dossier, la visite des inspecteurs de la FIFA et la campagne de communication. La situation a été compliquée par la candidature de pays appartenant à la même région (Afrique du Nord). Cinq pays africains pour 4 voix réservées au continent noir. Quel embarras pour la CAF et quel risque de déstabilisation également !
Le Maroc aura donc à assurer 13 voix pour gagner le pari (pardon, le défi) ou du moins passer d'abord le premier tour. Il est le premier pays africain à se qualifier pour les éliminatoires de la Coupe du monde (1961), le premier africain à se qualifier pour les phases finales (Mexique 1970), le premier à se qualifier au 2e tour (Mexique 1986), le premier à se porter candidat à l'organisation de la Coupe du monde (1994), le premier à arbitrer une finale de Coupe du monde (Saïd Belqola, France 1998) et le premier à participer au championnat du monde des clubs (Raja en 2000). Pourquoi donc pas le premier à organiser les phases finales du mondial (2010) ?
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