Récemment, le 12 décembre 2003, une conférence-débats a été organisée par la prestigieuse Institut des Hautes Etudes de Management à l'hôtel Tour Hassan de Rabat. Les éminents conférenciers, qui ont animé cette conférence-débat qui avait pour thème : « Le Management du sport : La Coupe du Monde 2010 au Maroc ? », n'étaient autres que M. Ali Serhrouchni, enseignant-chercheur, directeur du Centre HEM-Rabat, M.Najib Salmi, Président de l'Association Marocaine de la Presse Sportive, M. Youssef Benchekroun, Directeur du Pôle-infrastructure-Association Maroc 2010, M. Patrick Blatter, Secrétaire Général du Centre International d'Etude du Sport (Centre créé par la FIFA) Neuchâtel-Suisse et M. Mohamed Moufid, Secrétaire général de la Fédération Royale Marocaine de Football ainsi que M. Mohamed Kaâch, enseignant universitaire-Institut Moulay Rachid-Rabat en tant que modérateur.
En préambule, M. Ali Serhrouchni a entamé cette conférence-débats par une communication introductive assez exhaustive sur l'organisation de la Coupe du Monde 2010. M. Serhrouchni a rappelé à l'assistance que « L'organisation de la Coupe du Monde est devenue une véritable compétition entre pays. En effet, les enjeux aussi bien d'ordre financier, social, qu'économique sont très importants. D'autant plus que la Coupe du Monde se définit dans deux types de produit :
Le spectacle direct qui est constitué de l'ensemble des entrées au Stade et le spectacle indirect constitué de la retransmission.
Organiser la Coupe du Monde nécessite un investissement très colossal et très important aussi bien dans les infrastructures sportives que générales dans les domaines du transport (autoroutes), tourisme, santé etc.
Il y a donc un impact économique direct lié au déroulement de l'événement et un impact de développement sectoriel de tourisme générant en terme d'images au pays organisateur, un impact social en terme de cohésion et en terme de création de dizaines de milliers d'emplois et surtout un impact géo-politique en terme de positionnement du pays sur le plan international.
Selon des études qui ont été menées par l'Association Maroc 2010 et par M. Kaâch, il en ressort que grâce à l'organisation du Mondial, le Maroc pourra bénéficier de 14 ans de progrès, citant dans ce sens les chantiers qui seront ouverts en 20 ans, seront accomplis en 6 ans, le PNB qui enregistrera une augmentation de 2,5% ce qui équivaut à une plus-value financière de quelques milliards, la création de 700.000 emplois entre 2004 et 2010, 300.000 emplois seront stables après le mondial, le flux touristique pourra atteindre au moins 770.000 touristes ainsi que la couverture médiatique avant, pendant et après 2010 qui générera des bénéfices d'images équivalents à plus de 15 ans à 25 ans de campagnes de publicité intensives.
Le Maroc a ainsi exprimé sa volonté d'organiser la Coupe du Monde 2010. A rappeler que le Maroc a plusieurs fois présenté sa candidature (1994-USA), (1998-France), et (2006-Allemagne) fort de cette expérience et déterminé dans sa démarche, le Maroc a réitéré sa candidature pour organiser le Mondial 2010 face à l'Afrique du Sud, l'Egypte, la Tunisie et la Libye. Sa candidature, ajouta-t-il, revêt à la fois plusieurs dimensions à caractère maghrébine, arabo-musulmane, africaine et aussi euro-méditerranéenne (...)
En concluant son intervention M. Serghrouchni a posé les questions suivantes : Quel type d'action de marketing faut-il adopter ? Et quel type de lobbying et action stratégique faut-il mener ?
Quant à M. Mohamed Kaâch, modérateur de la conférence, ses remarques appropriées et très pertinentes ont pimenté les interventions des conférenciers.
Pour M. Youssef Benchekroun, responsable du pôle infrastructure-Association Maroc 2010 et plein de bon sens et d'optimisme « il s'agit d'un Maroc nouveau et pourquoi ce Maroc est nouveau s'est-il demandé, et bien parce qu'il s'est renouvelé durant ces 4 dernières années...
Le Maroc nouveau, nous en sommes convaincus, est prêt à accueillir la Coupe du Monde Maroc 2010 ». M. Benchekroun, à travers son exposé qu'il s'apprêtait à présenter à l'assistance, en parallèle avec la projection du dossier technique de notre candidature, a entamé son intervention sur le processus de sélection du pays organisateur ensuite les points saillants de la candidature du Maroc et ce que pourrait être l'impact en terme d'investissement de l'organisation de la Coupe du Monde sur le pays. « Comme a dit M. Serhrouchni, nous sommes aujourd'hui à l'étape 4 du processus de sélection.
La 1ère étape était le dépôt officiel de la candidature du Maroc (21 mai 2003).
La 2ème étape, très très importante, c'est la soumission du dossier technique de la candidature du Maroc à l'intention de la FIFA, cette phase a été réalisée le 30 septembre 2003.
La 3ème étape, tout aussi cruciale, c'était la visite d'inspection des inspecteurs de la FIFA qui étaient venus apprécier de visu in situ les capacités et les potentialités réelles de notre pays pour abriter cet événement.
Actuellement, nous sommes à la 4ème étape qui est la promotion, la campagne de communication de notre candidature avant l'ultime étape, celle du vote qui aura lieu le 15 mai 2004.
Qui sont les votants, s'est-il demandé ? Les votants sont les membres du Comité exécutif de la FIFA, organe le plus puissant au sein de la FIFA. Cet organe supérieur est composé des membres de l'UEFA (8 voix), de la CAF (4 voix), la Confédération Asiatique (4 voix), l'Amérique du Sud (3 voix), la CONCAF (3 voix), l'Océanie (1 voix) et le président de la FIFA (...) ».
En somme, M. Benchekroun a fait un exposé des plus convaincants et très passionnants.
Autre intervenant, M. Patrick Blatter, secrétaire général du Centre international d'Etude et de Sport (Centre créé par la FIFA) a brossé un tableau sur le management sportif et sur les projets d'ampleur telle la Coupe du Monde, ses tenants et aboutissants. En bref, l'intervention de M. Patrick a été techniquement très exhaustive.
Quant à M. Najib Salmi, président de l'AMPS, très au fait du monde du sport, il n'est pas allé sur le dos de la cuillère en faisant un tour d'horizon sur les précédentes candidatures du Maroc. Nous vous en présentons quelques passages :
« Mettons-nous bien dans la tête que le Maroc part avec trois handicaps de taille. Le premier handicap ne se situe pas dans l'infrastructure (...). On est retard, pourquoi ? Parce qu'on a été pratiquement les derniers à se présenter. Et là, je félicite M. Kettani et son équipe d'avoir pu répondre au rendez-vous et au programme démentiel imposé par la FIFA : présenter la candidature officielle le 15 mai, répondre au cahier des charges le 30 septembre et recevoir la visite des membres de la FIFA le 7-14 octobre 2003 qui, comme par hasard, a commencé par nous(...) Pourquoi me diriez-vous ? Et bien parce que la FRMF est l'enfant terrible de la FIFA. Le Maroc est venu déranger une monotonie, un programme pré-établi.
Car depuis la 2ème Guerre Mondiale, la Coupe du Monde c'était quoi ? C'était une fois chez moi, une fois chez toi et tout le monde est content. Une fois chez moi (l'Europe) et une fois chez toi, (l'Amérique du Sud). Le Maroc est venu et il a dérangé cette attitude.
Et lorsque le Maroc s'est présenté pour la 1ère fois, tout le monde au niveau de la FIFA lui a conseillé de ne pas le faire.
Pour mémoire, M. Havelange en visite au Maroc avait déclaré « mais pourquoi le Maroc est-il candidat à la Coupe du Monde et il a proposé la Coupe du Monde juniors pour commencer. Il n'est pas possible que l'Afrique fasse la Coupe du Monde ». Aujourd'hui il y a, grâce au Maroc, une première victoire du Maroc et elle est de taille. Il faut reconnaître qu'on a réussi à imposer à la FIFA une 1ère Coupe du Monde qui se réalisera en Afrique...
Et pour mémoire, je rappelle qu'en Coupe du Monde 2006, on n'a pas perdu contre l'Allemagne, on a perdu contre l'Afrique du Sud.
Je cite, le dossier de l'Afrique du Sud était meilleur que celui qu'a présenté la France pour son Mondial français.
Deuxièmement, l'argument comme quoi les Européens peuvent venir en avion jusqu'à Casablanca voir un match et retourner chez eux le soir, ça s'applique aussi à la Tunisie. La Tunisie, il faut le rappeler, est aussi candidate.
Il faut donc aujourd'hui qu'on ne soit pas entre guillemets impressionné par ce qu'on fait. Il faut comprendre que les autres aussi ont des arguments à développer. Parce que, qu'est-ce qu'ils ont fait les autres, ils ont attendu que le Maroc ait déblayé le terrain et qu'il se soit tapé la tête contre le mur des idées reçues de la FIFA et qu'il ait ouvert une brèche dans laquelle tout le monde s'est précipité. (...) L'Afrique du Sud est un pays riche, il y a aussi l'image emblématique d'un certain Nelson Mandela.
Et lorsque ce dernier se présente quelque part tout le monde a envie de prendre une photo avec lui. Entre parenthèses et sans vouloir insulter personne, les photos avec Pelé, c'est du réchauffé. Et l'on sait que Pelé fait de la représentation commerciale. M. Pelé lorsqu'il est venu à Casablanca en 1974, il est venu pour Coca-Cola, il n'est pas venu pour voir la FRMF, il est venu parce qu'il était invité par la firme, l'un des importants sponsors de la FIFA.
Et lorsqu'on dit qu'à l'horizon 2010 nous serons prêts, ... il n'y a pas d'horizon 2010. Le football marocain a deux rendez-vous essentiels à ne pas rater : La Coupe d'Afrique des Nations dans un mois avec une équipe nationale performante parce que la Libye, la Tunisie, l'Egypte, l'Afrique du Sud sont elles aussi qualifiées. La moindre des politesses c'est que l'Equipe nationale soit meilleure et mieux représentative devant toutes les autres équipes étant donné qu'on est candidat à la Coupe du Monde et en tant que pays pionnier etc...
Et puis ce qu'il faut retenir, c'est l'horizon du 15 mai 2004. Ce qui est important et ce qu'il faut le plus retenir de l'exposé de M. Benchekroun c'est la liste des 24 avec à la tête M. Sepp Blatter qui est le seul peut-être à savoir où va se dérouler la Coupe du Monde.
La Coupe du Monde, c'est le principal revenu de la FIFA. J'ajouterais que lorsque M. Blatter parle de l'Afrique, pour lui l'Afrique ne génère rien. Tout l'argent que gagne l'Afrique provient de l'extérieur, on a lu cela dans une interview qui a été publiée dans France-Football il y a un mois.
Historiquement parlant, la FIFA devra rendre justice au Maroc. Et il faut compter sur nos amis traditionnels. Certes parfois on peut réaliser tous les projets nécessaires et la réponse pourrait s'avérer négative, le contraire serait aussi valable.
J'ajouterais que tous les pays européens sont très influents et décisifs en tant que votants. Et je crois qu'il faut compter sur nos amis traditionnels si on veut décrocher cette Coupe du Monde... »
Quant à Mohamed Moufid, secrétaire général de la FRMF, il a souligné que « la FIFA ne fait pas de sentiment, il faut remplir toutes les exigences. Il y a toute une harmonisation à accomplir au niveau du travail entre tous les partenaires : la FRMF, l'Association 2010, les pouvoirs publics etc. La candidature va être jouée d'une façon très serrée. Autre chose bien bénéfique, c'est une grande occasion pour la mise à niveau du football marocain d'ici 2010. Rien ne devrait être épargner toutes les remarques, suggestions devront être prises en compte... ».
AZIZ Akkar
Edité le : Vendredi 26 décembre 2003
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