Formé au club, Marouane Chamakh représente la nouvelle vague bordelaise, qui bénéficie de la confiance de Michel Pavon. Percutant, doué d'un bon jeu de tête, il profite de la conjoncture pour faire son trou à la pointe de l'attaque girondine, mais aussi marocaine.
Si, à Bordeaux, il ne doit rester qu'un seul supporter de la politique de rigueur des dirigeants, celui-ci est clairement Marouane Chamakh, le jeune de formation qui profite du départ de Pauleta et des performances moyennes du Brésilien Deivid pour émerger au plus haut niveau. Relancé par l'arrivée de Michel Pavon, il dispose maintenant d'un temps de jeu conséquent pour faire découvrir à la France sa technique et sa vitesse à la pointe de l'attaque bordelaise.
Le football a commencé pour le jeune Marocain de 1984 à Aiguillon, dans le Lot et Garonne, où il est né. Par la suite, il fera ses classes à Nérac, jonglant entre football et études. Finalement, c'est à Marmande qu'il commencera à jouer sérieusement et à croire en ses chances. Fort d'un gabarit déjà imposant (1m 85 aujourd'hui), il est repéré par le centre de formation des Girondins de Bordeaux. A 16 ans, il accepte de tenter l'aventure chez les «marine et blanc», mais ne lâche pas pour autant ses études. Pour preuve, il a réussi son bac pro de comptabilité l'année dernière. Au centre du Haillan, Chamakh est pris en charge par un staff conséquent qui lui apprend tout pour devenir un footballeur de haut niveau.
Sur le plan purement footballistique, les nombreuses séances d'entraînement lui permettent de parfaire sa technique et son jeu sans ballon, mais il découvre aussi le mode de vie d'un sportif de haut niveau, son alimentation et son quotidien.
Lancé dans le grand bain par Elie Baup
Au niveau physique, sa musculature est travaillée, ses formateurs le trouvant un peu fluet. Surclassé dès le départ en CFA 2, Chamakh connait une progression logique, résultat d'un travail de tous les jours. «Je ne lâche rien et donne le maximum, raconte-t-il.» S'il a dû s'adapter à son nouvel appartement et à la vie loin de la famille, il jure pourtant que «ça s'est bien passé, même si cela a été un peu dur au début."»Bien chaperonné au quotidien par le centre de formation, il bénéficie là-bas de tout pour s'épanouir : «Question organisation tout est parfait, se rappelle-t-il. On peut manger ici tous les jours et même faire laver son linge, tout est fait pour que l'on soit dans les meilleures conditions.» Bien intégré, l'attaquant passe en équipe réserve dès sa deuxième saison sous la direction de Jean-Louis Garcia.
D'août à janvier, date de sa première montée chez les pros, il se fait remarquer par sa percussion et son potentiel physique. De nombreuses fois buteur, il est suivi par Elie Baup qui recherche un peu de sang neuf pour son attaque. Il fera appel au Marocain pour un match de coupe de la Ligue contre le FC Metz. Ainsi, profitant de plusieurs suspensions, blessures ou départs, le 19 janvier 2003, Marouane Chamakh est convoqué par son entraîneur. «C'était un réel aboutissement,» se souvient-il avec émotion.
Pauleta comme professeur
Entré en jeu à la 76ème minute alors que Metz mène 1-0, le débutant, malgré des qualités évidentes, ne pourra pas inverser le cours du jeu et laissera la victoire à l'adversaire. Mais, au final, la défaite des siens ne pourra pas enlever le sourire d'un jeune qui, à même pas vingt ans, vient de réussir son rêve de devenir footballeur professionnel. Le rêve ne s'arrêtera pas tout de suite puisque Chamakh sera replongé dans le bain dès le week-end suivant en Coupe de France. Chamakh homme de coupes ? Pour le moment en tout cas. Après sa première apparition remarquée contre Metz, le Marocain est finalement, neuf jours après ses dix-neuf ans, propulsé titulaire aux côtés d'un certain Pauleta. Très attentif aux conseils du Portugais, il enregistre tout : pour lui, «rien qu'avec cela, j'apprends et j'essaie d'en tenir compte au maximum pour rayer tous mes petits défauts.»
Contre Grenoble (2-0), il met en valeur ses qualités de percussion et son jeu de tête, sauvant parfois son camp sur corner. A l'origine du premier but de Costa, Chamakh peut se féliciter de son match et de sa première victoire, synonyme de 8èmes de finale pour son club.
Un petit regret quand même : «J'ai su que j'allais être titulaire une heure avant, je n'ai même pas pu appeler mes parents !» Conscient d'être loin de l'arrivée, il se découvre de nouvelles ambitions, notamment celle de s'imposer en club, puis de porter le maillot de l'équipe national du Maroc. Avec la confiance d'Elie Baup -qui le maintient tout de même dans un rôle de joker- Chamakh découvre la Ligue 1 à Strasbourg (1-1) et fait plusieurs apparitions en remplacement de Pauleta ou Darcheville.
Le Maroc lui tend les bras
Les mois suivants seront donc aussi fastes que les précédents : en effet, le jeune buteur inscrit son premier but en L1 contre Nice et donne un point à Bordeaux (1-1). Il connaît ensuite sa première sélection (refusant les Espoirs français) et impressionne dans son pays. Titulaire à la pointe de son équipe nationale, il inscrit notamment ses deux premiers buts contre Trinidad-et-Tobago (2-0) et peut maintenant s'attendre à partir pour la CAN 2004 en Tunisie. Aujourd'hui, il ne fait nul doute que le jeune attaquant réussira de grandes choses, comme le promet son formateur (avec Marius Trésor) Patrick Battiston, qui déclare qu' "il fera parler de lui" .
En club, le changement d'entraîneur (Pavon remplaçant Baup) n'a pas bouleversé Chamakh, qui bénéficie même d'une confiance accrue et semble être passé devant le Brésilien Deivid dans l'esprit de son entraîneur. Malgré cela, Marouane sait que rien n'est acquis : «Je dois avoir plus de lucidité devant le but, et aussi améliorer mon pied gauche» se rappelle-t-il. Pour le moment, en dehors, il reste le même, aime les jeux vidéos et retrouver ses amis «pour s'amuser tout simplement» !
Séduisant par sa force de travail et son envie, Marouane Chamakh possède toutes les qualités pour être la future idole du stade Chaban-Delmas. Mais avant cela, il souhaite confirmer les bonnes dispositions entrevues jusque-là et s'imposer, tant en club qu'en sélection.
D'après Maxi-Foot
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