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Les clubs de souveraineté. Leur devoir : gagner

Source : telquel

A tous points de vue, les FAR et la JSM sont deux clubs exceptionnels. L'un, militaire, a été présidé par le roi en personne. L'autre a sans cesse changé d'adresse et de mission, à l'image du corps qu'il a représenté au départ.



Les FAR. L'équipe de Moulay El Hassan
L'histoire se déroule il y a quelques semaines à l'aéroport Mohammed V. Youssef Kaddioui, joueur étoile des FAR en froid avec son équipe, est arrêté par la police des frontières et se voit confisquer son passeport alors qu'il s'apprête à prendre un vol pour Bruxelles. L'acte est totalement illégal mais il en dit long sur l'arrogance et le pouvoir démesuré de l'équipe militaire, encore aujourd'hui.


“Quand l'équipe a directement atterri en deuxième division sur ordre du prince héritier (Moulay El Hassan) en 1958, raconte Omar Boucetta, premier président de la fédération de foot, je suis devenu du jour au lendemain l'ennemi public numéro un, sans raisons bien sûr, mais pouvait-il en être autrement ?”.


Pour attirer les joueurs des équipes adverses, les FAR vont jusqu'à utiliser (jusqu'au milieu des années 90) le prétexte du service militaire. Seule satisfaction cependant pour les autres équipes : l'importante assistance accompagnant leurs duels avec les FAR leur procure aussi d'abondantes recettes, non que les militaires traînent avec eux un large public mais plutôt parce que le public se déplace en masse pour les huer. Cette ingérence de la fédération en faveur des FAR n'est pourtant que la première d'une longue suite d'actes machiavéliques. L'exemple de cette fin de championnat 1959 est édifiant : l'équipe, alors en D1, arrive première ex aequo avec le KAC et la Raja. Alors que les règles en vigueur dans le monde entier octroient le titre à l'équipe ayant le meilleur goal average (dans le cas présent, le Raja), la fédération décide d'organiser un tournoi triangulaire. Ironie du sort, les FAR perdent en fin de compte contre le KAC, le Raja s'étant retiré de la compétition en signe de protestation. Les années qui vont suivre se ressemblent. On permet toujours à l'équipe d'aller au-dessus des règles, au vu et au su de tout le monde. Alors que la fédération exige de toutes les équipes de première et de deuxième division de tenir impérativement une assemblée générale annuelle, les militaires n'en ont tenu aucune à ce jour en 48 ans d'existence. Même chose pour le budget des FAR jamais communiqué à quiconque. Il proviendrait, nous dit-on, directement des œuvres sociales. En clair, ce sont tous les militaires marocains qui financent l'équipe de leur commandant en chef. “Ce manque de transparence s'approche plus des méthodes de travail des institutions militaires de ce pays que d'une équipe de football”, souligne Moncef Lyazghi. Et il n'y a pas que la fédération qui se porte au secours des militaires, les arbitres aussi : “Soit ils étaient achetés, soit il suffisait tout simplement de leur faire peur”, explique cet ancien joueur militaire. En fin de compte tous ces efforts finissent quand même pas payer. Le palmarès impressionnant des FAR en est la preuve vivante : 11 titres de champion du Maroc, 8 Coupes du trône et deux Coupes d'Afrique. Ce statut d'intouchable des militaires s'est également étendu aux supporters, considérés aujourd'hui comme les plus “casseurs” du championnat. “Ils se croient tout permis et les autorités sont même parfois de mèche avec eux”, rapporte ce supporter. En 2005, lors d'un déplacement à El Jadida pour affronter l'équipe locale, les supporters du club rbati, ne digérant pas leur défaite, ont envahi la pelouse du stade Abdi. Plus grave encore, quelques semaines plus tard, à l'occasion d'un FAR-WAC, un wydadi a perdu la vie. Dans les années soixante, lors d'une rencontre qui a vu la défaite des FAR, l'arbitre a même eu son fils kidnappé. Aujourd'hui, les responsables marocains du ballon rond caressent un doux rêve de professionnalisme. Toléreront-ils encore l'existence d'une équipe militaire, au-dessus des lois, au sein d'un championnat civil et pro ?


JSM. L'équipe marocaine du Sahara
Cette équipe a longuement vagabondé avant de devenir ce qu'elle est aujourd'hui. Créée en 1978, l'équipe des forces auxiliaires de Settat est plus connue sous le nom de Bir Baouch, en référence à un village des environs de Settat. Elle a été transférée en 1983 à Benslimane pour devenir celle des forces auxiliaires de Benslimane avant d'être à nouveau baptisée en 1995 : Jeunesse sportive d'El Massira, l'équipe qui représente le Sahara dans le championnat national. Elle continue à s'entraîner dans la banlieue d'El Jadida, et à disputer ses matchs à Laâyoune. A plus d'une reprise, la JSM a été illégalement repêchée de la deuxième division, sur ordre du roi. “Il ne tolérait pas que le Sahara ne soit pas représenté en première division. Politiquement, disait-il, c'est important pour l'image”, confie un ex-dirigeant de la JSM.


Pour faciliter la vie aux autres clubs, la fédération et le groupement national usent de tout leur pouvoir pour obtenir des réductions sur les billets d'avion. Rien n'est décidément trop beau pour servir la première cause nationale.


La JSM, qui ne tient pas d'assemblée générale et ne possède pas non plus d'adhérents, est bien loin de la stature de sa grande sœur des FAR. Son comité, qui n'a pas droit à la présidence du roi, a toujours été tenu par des haut gradés de second rang, à savoir des colonels. Et depuis peu cet honneur est revenu à un riche notable de la ville, proche des autorités, Mohamed Derham, qui s'est installé à sa tête.


Les clubs de dignitaires. Pour le prestige, et d'autres petites choses


Le scénario s'est souvent répété. L'homme fort de la ville prend l'équipe locale sous son aile, ne lui refuse aucun caprice et en fait sa fierté mondaine. Mais cela ne rate presque jamais : les équipes ne survivent pas à la disgrâce de leurs parrains.




  • La renaissance de Settat. Le fief de Basri
    Driss Basri n'a jamais été un fana de foot. Il préférait plutôt les greens qui le rapprochaient de Hassan II. S'il a soutenu l'équipe de football de Settat, c'est parce que l'ancien homme fort du régime n'a jamais oublié sa Chaouïa natale et parce qu'il a toujours voulu faire quelque chose pour sa ville. D'ailleurs, beaucoup d'observateurs s'accordent à dire que “Driss Basri ne s'est jamais ingéré dans les affaires internes du club”, laissant la gestion des affaires courantes à son homme de confiance, le gouverneur Azmi. Il usait cependant de tout son pouvoir pour assurer une certaine aisance financière à son club. C'est ainsi qu'il a par exemple poussé la RAM à soutenir le petit club de Settat. Le dimanche, et les jours de grands matchs, les Settatis scrutaient le ciel, guettant l'hélicoptère de Si Driss et lui réservaient un accueil digne du grand vizir. Après son limogeage par Mohammed VI, la RAM a mis fin au contrat de sponsoring et le club a dégringolé en deuxième division. Il ne s'en remettra pas.


  • Kawkab de Marrakech. Mediouri, le pompier
    Haj Mohamed Mediouri a pris les rênes de l'équipe marrakchie en 1984, juste après les violentes émeutes qui ont secoué la ville. Prenant sa mission très au sérieux, il arrive à hisser la petite équipe bahjaouie aux premières places du classement de première division dès le début des années 90. L'équipe, hier méconnue, collectionne les titres. Championne du Maroc en 91, trois Coupes du trône en dix ans ! Epoustouflant. C'est que Mediouri a fait (surprise !) du joli travail. Il a été le premier à doter le Kawkab d'un véritable programme d'investissement qui assure, encore aujourd'hui, d'importantes rentrées d'argent au club. C'est également lui qui a offert au Kawkab son premier terrain gazonné et son premier centre de formation. Mediouri devient l'homme fort de Marrakech, et sans même le demander, profite de la complicité des arbitres et même des responsables des équipes adverses, en échange de faveurs et de passe-droits divers. Lors de son éviction, il est attaqué de toutes parts par les courtisans d'hier. Il se retire de la scène : le Kawkab retrouve la queue du classement et sombre en deuxième division en 2005.


  • Sidi Kacem. Ittihad Sidi Dlimi
    Scène vécue. L'Union de Sidi Kacem (USK) reçoit le WAC de Casablanca. Les supporters casablancais se sont déplacés en masse et encouragent leur équipe. Lahcen Dlimi, le père du général et patron de l'équipe locale, s'énerve, quitte le banc de touche, fait face au public casablancais et lui lance : lli din mou widadi yâoued yhel femmou ! (Que le plus courageux d'entre vous ouvre sa gueule encore !). En d'autres circonstances, le papa du général n'hésite pas à donner une claque à un arbitre trop intègre ou à lui ordonner de siffler la fin du match avant le temps réglementaire, quand l'USK mène au score. Partout où l'équipe de Sidi Kacem se déplace, les différents gouverneurs se chargent de loger et nourrir les protégés du général.



  • Ittihad Zemmouri de Khémisset. Le club de Si lkoumissir
    L'ombre de Mahmoud Archane a toujours plané sur l'IZK, club de sa ville natale, dont il a été président de 1966 à 1972. L'histoire, qui a tant fait parler de l'IZK et de son commissaire, remonte au 7 mai 1970 : deux rencontres décisives se déroulant à Fès et à Oujda opposent respectivement les clubs locaux aux équipes de Barid et de Khémisset. Les visiteurs, tous les deux premiers ex-aequo au classement, y jouent leur accession tion en première division. Tout se joue donc sur le nombre de buts. Dès qu'un but était inscrit à Oujda, deux buts étaient enregistrés à Fès. Les talkie-walkie mis à la disposition de l'équipe zemmourie de Khémisset par Archane himself permettaient ainsi à ses protégés d'être tenus au courant du déroulement du match de Fès. Score final : 17-0 à Fès et 24-0 à Oujda. Quelques semaines plus tard, le bureau fédéral décide de rétrograder les deux clubs en troisième division.

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