Le Groupement national de football (GNF) tient le bon bout et a grand intérêt à ne pas fléchir lors des négociations avec la Société nationale de radio télévision (SNRT). Le produit du GNF, le championnat marocain vaut son pesant d'or et le brader serait comme poignarder dans le dos les clubs du cru pour qui, tout flux d'argent dans leurs caisses, leur permettrait de sortir d'un gouffre appelé misère et lamentation.
Il faut dire que la SNRT, en dépit de son statut d'instance coiffant les chaînes publiques nationales, ne s'est pas alignée sur les prix offerts par le concurrent ART au GNF pour ce qui est des droits de retransmission du championnat marocain dit d'élite. Le bouquet arabe a offert dans un premier temps 12 milliards de centimes avant de réviser son offre à la baisse, 6 milliards, pour pouvoir partager la mise en boîte des rencontres avec le nouveau-né du PAM (Paysage audiovisuel marocain), Arriayadia. Cette dernière, via la SNRT, ne veut casquer que 2,6 milliards.
Le GNF est bien loin de la somme de quatre milliards que lui versait lors des précédentes saison, 2M, en argent comptant, et TVM, en espace publicitaire.
Les membres du Groupement national tiennent bon, du moins pour le moment, réclamant à Arriyadia le montant de dix milliards de centimes si la nouvelle chaîne marocaine, satellitaire en plus, donc grande concurrente d'ART, voudrait s'acquérir les droits de retransmission du championnat marocain, considéré comme le deuxième meilleur exercice arabe et trentième au niveau mondial.
Le GNF est tout à fait en droit de « chasser » les caméras d'Arriayadia des stades marocains tant que celle-ci ne se plie pas à la loi du marché. Et c'est le mieux offrant qui rafle toujours la mise.
D'aucuns ne tarderaient pas à monter au créneau et iront, les prochains jours le confirmeront, à crier au scandale. Ils argueront que le télespectateur marocain sera privé de son championnat.
Il y a du vrai dans ce raisonnement, sauf que l'ère du spectacle gratuit est révolue. Dans le monde entier, c'est la télévision qui se veut comme le principal bailleur de fonds pour les clubs de football. En France, par exemple, c'est Canal+, chaîne cryptée, qui détient les droits de retransmission de la Ligue 1 après avoir casqué pour trois saisons plus d'un milliard d'euros à la Ligue professionnelle française de football.
Le cas français est adopté dans les prestigieux championnats européens. Les mieux offrants, des chaînes privées en majorité, acquièrent les droits de retransmissions des championnats, et les chaînes publiques se partagent la diffusion d'autres concours, comme les championnats de secondes divisions, les coupes nationales...
Du côté du Maroc, l'heure est venue d'adopter la même voie si l'on aspire à sortir le championnat local de ses misères sans fin. Avec 10 milliards de centimes réclamés par le GNF à la SNRT, ou les 12 milliards offerts dans un premier temps par le bouquet ART, chaque club d'élite aura droit à un joli pactole dépassant largement les cinq millions de dirhams. Une coquette somme à laquelle s'ajouteront l'apport du sponsor, la manne de la pub, les recettes des écoles et du public... voilà des entrées d'argent pouvant atteindre le milliard de centimes pour le dernier des clubs marocains. En attendant les 28 milliards promis par l'Etat dans le cadre du projet de mise à niveau du football national, ainsi que de voir un jour les dirigeants de clubs se triturer les méninges pour assurer d'autres entrées dans les caisses via les produits dérivés.
Avec tous ses apports, il est de toute évidence que le plus conséquent des flux d'argent se dégage des droits de retransmission télé. A l'heure qu'il est, les dirigeants du GNF ne peuvent liquider au prix bas le championnat pour « faire plaisir » à la chaîne Arriyadia qui veut faire de la proximité son créneau et son cheval de bataille pour se frayer une place dans le PAM. Elle pourra toujours réussir dans sa mission sans porter atteinte et causer aucun préjudice au GNF. Et ce, en optant pour une nouvelle stratégie dans sa grille de programme : ne pas diffuser les matches du championnat, tout en arpentant le chemin des télévisions des grands clubs européens. C'est-à-dire retransmettre les séances d'entraînements, les coulisses, les portraits, les reportages... des émissions intelligentes où toutes les parties prenantes trouveront leur compte, à commencer par Arriyadia qui sera, pour une fois, conforme avec sa stratégie de relance : la proximité.
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