Durant la majorité des années 90, les Lions de l’Atlas ont pu se vanter d'avoir dans leurs rangs une vraie star en la personne de Moustapha Hadji, joueur notamment des Leões du Sporting Lisbonne, du Super Depor (La Corogne) et des Villans d’Aston Villa. Aujourd'hui, à Rennes, les amateurs bretons de la Ligue 1 découvrent un nouveau talent marocain : Youssef la nouvelle star de la famille Hadji. Lui aussi milieu offensif, le joueur de 26 ans a découvert la 1ère division française avec l’AS Nancy-Lorraine avant d'éclore à Bastia et devenir depuis plus d’une saison le nouveau chouchou du stade de la Route de Lorient.
Dès sa naissance Youssef a tracé son chemin derrière celle de son grand frère. Né comme lui à Ifrane, il n'est toutefois que peu habité au Maroc puisque, dès l'âge de deux ans, il a connu le froid de la Moselle , sa famille s'installant à Creutzwald, près de la frontière allemande. C'est sur les terrains municipaux de cette petite ville minière qu'il a tapé ses premiers ballons, engrainé par son aîné qui poursuivait déjà sa progression vers le haut niveau. Plutôt doué, Youssef gravit les échelons avec le club de sa ville jusqu'à l'âge de 17 ans. Entre l'école et le foot, il regarde la télé. En 1994, il supporte son frère à la coupe du Monde: «j'avais quatorze ans, c'était mon idole. J'étais trop fier de lui. Il m'a donné l'envie.»
Au niveau personnel, il voit les recruteurs de l'AS Nancy-Lorraine s'intéresser à lui. Il intègre alors leur centre de formation comme stagiaire première année, puis signe, dès l'année suivante, à 18 ans, son premier contrat professionnel. Dans le même temps son « idole» brille de mille feux dans le Mondial français. «J'ai été à un de ses matchs, contre la Norvège (2-2) à Montpellier. Il avait marqué, j'en ai pleuré et je me suis dit qu'un jour moi aussi j'offrirai de l'émotion et du rêve à des spectateurs», se souvient-il. Deux ans plus tard, il réalise ce souhait en faisant ses débuts en 1ère division. Comme son frère en 1992, c'est sous le maillot de l'ASNL qu'il fait sa première apparition contre St Etienne (le 12 décembre 1999, 1-0).En 2000, Nancy est relégué en Ligue2. Youssef reste fidèle à son club et s'impose au niveau inférieur: «en D2, j’ai progressé sur le plan physique, j’ai gagné en maturité, mais quand on goûte à l’élite, on ne veut plus la quitter». Titulaire indiscutable, il dispute trois saisons pleines avec pas moins de 90 matches (pour 13 buts). A la fin de la saison 2002/2003, il arrive en fin de contrat et ressent l'envie de regoûter à l'élite. «J’ai passé plusieurs belles années à Nancy, mais je voulais changer d’air pour continuer ma progression. Retrouver la Ligue 1 était la meilleure des choses qui pouvaient m’arriver» affirme-t-il.
Contacté par l'ennemi messin, il s'apprêtait à retrouver la Ligue 1 et sa famille dans la Lorraine : «En fait, tout était conclu, j’allais signer mon contrat, mais au tout dernier moment un ami m’a arraché du FC Metz». Cet ami se nomme Ismaël Triki, ex-n°5 des Lions de l’Atlas et du SC Bastia dans les années 90 et un ami de la famille Hadji. «Ismaël a parlé de moi au club et a conseillé aux dirigeants bastiais de me prendre. Il est ensuite intervenu auprès de moi, m’a dit de très belles choses sur le club». Conquis, Youssef s'engage avec les Corses: «On m’a dit que le Sporting était le club idéal pour me permettre de franchir un palier. On m’a vanté l’excellente mentalité du club et son côté familial».
Après son arrivée sur l'Île de Beauté, Youssef voit la vie en rose: «J'ouvrais les yeux, les oreilles et j'apprenais. C'était une chance de côtoyer des joueurs comme Maurice, Née, Battles ou Cauet. J’avais le sentiment de progresser».Sous les ordres de Gérard Gili, Youssef Hadji fait en effet ses preuves. Sur le flanc gauche du milieu de terrain, il a poussé Gourvennec sur le banc et s'est imposé grâce à une technique et une créativité héritée, on ne sait d’où. Après avoir fait ses classes sur l'Île de Beauté, il décide à la fin de la saison 2004/2005 de poursuivre son ascension vers les sommets, plusieurs clubs étaient sur les rangs, dont Toulouse, Nancy et Rennes, mais il semble que la détermination de Laszlo Bölöni, l’entraîneur qui, avec Nancy, l’avait lancé en Ligue 1, a poussé pour que l’avenir du Marocain se conjugue en rouge et noir au stade de la Route de Lorient.
Malgré tout cela, il existe quand même un regret dans la tête de Youssef alors qu'il s'apprête à aller à la CAN tunisienne où il a atteint la finale: celui de n'avoir jamais jouer avec son frère (de huit ans son aîné), qui avait déjà pris sa retraite internationale. «On a quand même été appelé une fois ensemble. Il avait joué, mais je suis resté sur le banc» se rappelle-t-il. Moustapha, lui, ne peut qu'avoir le sourire et conclut: «Avant, on lui parlait de moi, maintenant on ne me parle que de lui».
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