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Retour sur une histoire récente

Source : L'opinion

En l’an 2000, l’E.N alors entraînée par Henri Michel fait piètre figure dans la CAN, organisée conjointement par le Ghana et le Nigeria. En effet, après un relatif son parcours dans le mondial français en 1998, H. Michel est débarqué des commandes du onze national. Et, comme il l’a déclaré, lui-même, au journal « France-Football » avant même le Mondial, que les sièges étaient éjectables en cas de déroute. Il avait raison.


Puis s’ensuit alors une valse d’entraîneurs étrangers dont le Franco-polonais, Henri Kasperzack et le Portugais Humberto Coelho. Pour un salaire de 50.000 dh, Badou Zaki est désigné, en 2003, comme adjoint du Lusitanien qui, lui touchait 450.000 dh. Mais, ce dernier subit de plus en plus durement les attaques des médias nationaux face au manque de résultats. Finalement il ne dura pas plus de cinq mois d’autant plus que les matches de qualification pour la CAN 2004 en Tunisie sont entamés et le Maroc est un peu à la peine. Philippe Troussier comme Louis Fernandez sont les noms évoqués pour le remplacer.


En parlant de cette période de tergiversations, on remarque que Henri Michel a été injustement débarqué.


Car s’il a passé complètement à côté, la responsabilité était presque partagée puisque à chaque réussite ou semi-réussite, on a tendance à trop gâter les joueurs par des accueils souvent exagérés. Il faut aussi retenir que lors de cette CAN 2000, les joueurs n’étaient que l’ombre d’eux-mêmes. Quant au recrutement des entraîneurs, la responsabilité incombe à ceux qui les ont recrutés car en ces temps-là il y avait d’autres postulants mieux outillés et moins exigeants financièrement.


Une fois Coelho limogé, l’opinion publique commence à réclamer qu’on donne sa chance à un cadre marocain à la tête de l’E.N qui ne percevra, dans tous les cas de figure, jamais le salaire d’un entraîneur étranger. Mais comme Troussier qui avait les faveurs des choix, depuis belle lurette, n’était pas libre à ce moment-là, on confia le poste, en attendant à Zaki, soutenu, dit-on, par un seul membre fédéral.


La Fédé lui proposa un salaire mensuel de 15 millions de centimes mais re-négociable et valorisé de 20% s’il parviendrait à qualifier le onze national aux demi-finales de cette CAN tunisienne. On considérait que cette mission était quasi-impossible tant que nos représentants n’avaient pas les faveurs des pronostics nonobstant des matches convaincants et une réelle ferveur populaire...


C’était là une erreur d’appréciation. Le onze national était composé d’éléments tous professionnels et aguerris et jouent, pour la plupart, comme titulaires dans de bons clubs européens. En plus, il y a parmi eux qui ont été formés, depuis leur tendre âge, dans les centres de ces clubs. Ils étaient en bonne condition physique et mûrs tactiquement. Et c’est là où Zaki était vraiment très rusé en faisant appel à leurs services, dès le départ, sans se casser la tête. Chose que les responsables de la Fédé ayant établi le contrat ignoraient comme ils ignoraient que des équipes huppées comme le Cameroun, l’Egypte, l’Algérie et d’autres étaient plus ou moins vieillottes et n’avaient plus leur force d’avant. Et c’est là que la chance, aidant, a souri à Zaki.


En plus, ce dernier a profité de la prospection faite auparavant par le coach de l’équipe olympique, Mustapha Madih, qui a déniché plusieurs joueurs de la diaspora en découvrant notamment Marouane Chamakh. Comme il y avait aussi l’influence des Marocains établis à l’étranger, dans toute l’Europe, qui appellent la fédération pour proposer l’essai tel ou tel joueur.


C’est aussi qu’un effectif de 24 internationaux fut réuni en janvier 2004 à Marbella pour un stage de concentration qui connaîtra le premier clash précité entre Zaki et Naybet.


Cependant, lors des phases finales de la dernière CAN, Zaki grâce à de bons joueurs parvint à faire un parcours remarquable en accédant à la finale perdue contre le pays hôte. Cette défaite est mal digérée par les connaisseurs de la balle ronde. L’échec est dû à une tactique inappropriée dans un match de sommet. Zaki n’a pas su contrecarrer la tactique adoptée par Roger Lemerre, un grand technicien ayant déjà remporté la Coupe d’Europe avec son pays, la France. Zaki a continué à jouer de la même manière qu’aux tours précédents alors Lemerre a changé son système de jeu en fonction de l’adversaire et de l’enjeu...


Défait en finale contre la Tunisie, Zaki a avoué sur les micros de la T.V qu’il ne pouvait rien et qu’il n’a pas su comment s’en sortir. Mais il est royalement reçu, au propre comme au figuré, en compagnie de ses protégés et des staffs ayant accompagné le onze national dans l’expédition tunisienne. Mais si Zaki surfe allégrement sur une spirale positive, il faut remonter à l’épopée épique lors du Mondial mexicain en 1986 où le défunt Roi Hassan II lui avait accordé le privilège de prénommer sa fille Soukaïna. Cela lui a dû certainement fait croire qu’il est à l’abri des contingences et qu’il est l’homme fort du football national à tel point que même le président du CNOM et de la FRMF n’a plus d’ascendant. Or, lorsqu’on sait que le général de corps d’armée, Hosni Benslimane, est un homme de consensus, on ne comprend plus rien au comportement d’un entraîneur au début de sa carrière, et l’on s’en rendra compte à l’orée de l’affaire Zaki - Naybet.


Et, c’est peut-être là qu’il faut comprendre son coup de force aux membres de la fédération lorsqu’un lui présenta son contrat reconduit assorti d’un salaire de 18 millions de centimes, comme convenu en 2003. Sans penser à l’état économique et financier de son pays, Zaki qui n’a jamais entraîné un grand club auparavant, et qui n’ a pas de palmarès en la matière et sans réelle expérience, rejette tout en bloc, en arguant que le contrat est caduque et en prétendant au double.


Personne n’a pu brancher. On finira par accepter. Et c’est ainsi que le salaire de Zaki fut revalorisé de manière très importante pour atteindre la somme de 350.000 dh mensuellement.


Et pourtant, l’euphorie d’après CAN 2004 va faire bientôt place au doute au fur et à mesure des rencontres qualificatives combinées pour la CAN et le Mondial 2006. On vient de remarquer que le onze national est de plus en plus loin de faire honneur à son rang de vice-champion d’Afrique puisqu’il n’arrive plus à imposer son jeu face à des équipes faibles telles le Malawi et le Bostwana que la Tunisie a gagné sur des scores fleuve. Le Maroc avait même une chance inouïe de faire un nul devant le Kenya alors que les Tunisiens les ont battus. Et, faut-il rappeler que c’est le nul concédé à ces mêmes tunisiens qui a pesé lourdement dans la balance.


Saïd SABBAR

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