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Le foot, un sport de voyous ?

Source : La nouvelle tribune

Il ne se passe guère de semaine, ou plutôt de match de football sans que l’on ne déplore les outrances, agressions, déprédations et actes de vandalisme des supporters des différents clubs de football du pays. Certes, la palme de l’outrance et de l’irresponsabilité revient certainement aux Casablancais, afficionados du Raja ou du WAC, mais plus aucune ville n’échappe à ces débordements. Des actions inqualifiables qui, outre des dégâts matériels très importants causés à des infrastructures sportives, aux moyens de transports en commun, à la signalétique urbaine, touchent également des citoyens, leurs biens (vitrines, devantures, automobiles), voire leur propre intégrité physique.


Après les graves incidents lors du récent match WAC-FAR et les débordements consécutifs à la victoire du Raja sur une équipe soudanaise, le Hilal Khartoum, après les échauffourées de Sidi Kacem, lors du traditionnel derby régional USK-MAS (en GNF2 pourtant), un ras-le-bol profond étreint nombre de citoyens, résidents paisibles des quartiers limitrophes des stades, commerçants installés à grands frais sur des artères prestigieuses, transporteurs urbains qui engagent des centaines de millions de dirhams d’investissements pour doter nos grandes villes de moyens de transport fiables, modernes et confortables.
Cette situation, pourtant, devrait interpeller les responsables de la sécurité publique, les autorités locales et nationales, les édiles ainsi que les dirigeants des clubs et de la FRMF qui semblent relativement passifs et laxistes devant ces dérives et dérapages particulièrement dangereux pour la sécurité urbaine et la tranquillité des citoyens.


"Oulad Al Magana"


Certes, lors des grandes rencontres, au "Stade d’Honneur" par exemple, on met en place un service d’ordre parfois impressionnant, les GUS et aux autres forces de l’ordre sont visibles, mais tout se passe comme s’il s’agissait d’un service minimum, destiné non à empêcher les actes de vandalisme, mais plutôt à les relativiser. En effet, pas une rencontre footballistique ne se déroule sans son lot de casse, sans des autobus pillés, cannibalisés et dévastés, sans débris de verre et de pare-brises jonchant les chaussées, sans vitrines éclatées par des supporters acharnés à la destruction des biens d’autrui.
Des supporters parfois très jeunes, venus le plus souvent des quartiers périphériques et qui, selon l’expression populaire, appartiennent au groupe des "Oulad Al Magana", c’est-à-dire les spectateurs qui s’installent sur les gradins situés sous le tableau d’affichage du stade Mohammed V à Casablanca. Ceux-là s’adonnent bien souvent à la consommation d’alcool et de "karboubi (psychotropes) avant, pendant et après les matches.
Il se trouvera, sans nul doute, de doctes spécialistes, psychologues et autres sociologues, à l’abri dans leurs bureaux, pour gloser sur la "mal vie" de ces jeunes, leur statut de défavorisés, leur rage de vivre et leur rancœur profonde. D’autres exciperont de la faiblesse des engagements financiers de l’Etat et des collectivités pour la prise en charge de ces désoeuvrés qui n’ont d’autre palliatifs que d’exhaler leurs frustrations sociales en se comportant comme des hordes de barbares. Tous auront sans doute raison, sans pour autant arriver à convaincre du bien-fondé de leur argumentation le pauvre quidam dont la Fiat Uno aura été saccagée par un groupe de "supporters" enfiévrés ou le conducteur de bus molesté par des hooligans s’apprêtant à prendre d’assaut son véhicule avant de grimper sur le toit ou d’éclater les vitres latérales pour y passer le buste ! Et si la juste compréhension des phénomènes sociaux, notamment du réel malaise qui étreint aujourd’hui une bonne partie de la jeunesse urbaine, incite à une réflexion poussée sur les causes de ces dérives d’un hooliganisme de plus en plus virulent, il n’est pourtant guère acceptable de laisser la situation en l’état.


Prévention, éducation, répression


Le manque de réaction, de fermeté, mais surtout de prévention et d’anticipation des responsables publics, des dirigeants de clubs et des autorités de la Fédération de football est évident en cette affaire. Tout comme est patente l’absence de résultats d’une politique dédiée à la jeunesse, trop chiche en moyens humains et matériels pour réaliser ce qu’on attend officiellement d’elle.
De plus, certains journaux, notamment en langue nationale, se spécialisent dans des écrits ambigus ou provocateurs qui sont parfois des incitations directes à la haine envers des clubs, des footballeurs, des entraîneurs ou des dirigeants sportifs !
Il se fait donc jour l’urgente nécessité d’une politique de communication large et massive, notamment à travers les télévisions et radios, afin de sensibiliser la jeunesse (et les autres) au respect indispensable d’un comportement honorable dans et autour des stades. Conférences, débats, témoignages, appels au calme devraient également précéder les grandes rencontres sportives. Mais cette politique de prévention ne saurait porter rapidement ses fruits et ne sera réellement bénéfique sans la répression sévère des débordements et des violations de la loi.
Les autorités chargées du respect de l’ordre sont donc interpellées au premier chef par cette obligation alors que les clubs, qui résonnent trop souvent en termes de recettes (préférant les rencontres nocturnes notamment) devraient prendre en compte les éventuelles conséquences de décisions par essence mercantiles, sous peine d’en être civilement et pénalement responsables.
La Justice, également, devrait faire diligence et juger en procédure accélérée, voire en flagrant délit, les casseurs appréhendés à la suite d’actes délictueux, tandis que les autorités locales, walis et autres gouverneurs devraient s’interdire de demander aux transporteurs en commun d’affecter gratuitement des autobus au bénéfice des cohortes d’excités.
Enfin et surtout, afin que la punition soit réellement ressentie, tout match qui serait accompagné d’excès devrait entraîner automatiquement l’interdiction de jouer en public pour l’équipe dont les supporters se seraient mal conduits. Des matches à guichets fermés, des gradins vides plusieurs semaines durant, devraient refroidir les ardeurs destructrices de ces casseurs patentés.
Le football, sport populaire par excellence, passionne et enflamme les foules. Mais entre l’enthousiasme et la démesure, la marge est grande. Une marge qu’il importe d’imposer et de faire respecter, pour le bien général.


Fahd Yata

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