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Entretien avec le nouveau sélectionneur de l'équipe nationale

Source : Le Matin

Le Matin du Sahara : Est-ce un risque pour vous de prendre en charge l'équipe nationale à deux mois de la coupe d'Afrique ?


Phillipe Troussier : Non parce que le métier d'entraîneur est fait de défis. Il faut savoir que l'histoire ne se répète pas systématiquement. En tout cas, les statistiques prouvent qu'on n'est jamais champion du monde deux fois de suite ni champion d'Afrique deux fois de suite. Souvent la vérité n'est pas celle d'aujourd'hui. Et puis, je n'oublie pas que le Maroc n'a gagné qu'une seule coupe d'Afrique, celle de 1976.


On ne peut pas dire non plus que le palmarès soit consistant. Effectivement, sur les trente dernières années, il y a eu une finale et deux demi-finales.


Maintenant, je me souviens aussi qu'avant que l'équipe nationale n'arrive à la dernière coupe d'Afrique personne, que se soit de la presse ou du public, n'avait donné cher de sa peau.


Ce qui prouve bien que des événements comme la coupe d'Afrique ou encore la coupe du monde sont beaucoup plus des événements qui se basent sur les scénarios et sur la chance. Les résultats réalisés dans de telles manifestations ne reflètent souvent pas le vrai visage du football.


Souvenez-vous, moi je suis arrivé neuvième de la coupe du monde avec le Japon quand la France ne s'est classé que vingt-huitième. C'était le reflet de la coupe du monde mais est-ce que c'est véritablement le reflet du niveau de la France vis-à-vis du Japon. Bien sûr que non.


A partir de là, moi j'ai analysé la situation et nous repartons avec une base de joueurs que j'ai déterminée et notre ambition est de donner le meilleur de nous-mêmes. La seule différence est que la place de finaliste lors de la dernière coupe de la CAN nous situe parmi les neuf ou dix favoris de cette coupe d'Afrique 2006. Il y a bien sûr les cinq équipes qualifiées en coupe du monde en plus des équipes à fort potentiel et qui ont, comme le Maroc, été éliminées de la Coupe du monde. C'est le cas du Nigeria, du Cameroun, du Sénégal et de l'Afrique du Sud. C'est une coupe d'Afrique qui va être ouverte, musclée et riche et le vainqueur sera celui qui l'aura méritée mais peut-être pas la meilleure équipe du tournoi.


Vous avez déclaré que vous allez travailler avec les acquis de l'époque Zaki. Quels sont les acquis que vous allez dépasser ?


Les acquis sont un groupe qui a été détecté avec des joueurs qui évoluent dans des championnats étrangers. Personne ne contestera le fait qu'un joueur qui joue dans un championnat étranger s'aguerrit et acquiert sans aucun doute une expérience internationale. Quand nous regardons toutes les équipes nationales, ce sont ces joueurs qui contribuent à l'ossature des équipes nationales. Mais je ne perds pas de vue qu'il y a aussi la réalité marocaine et qu'il existe des potentialités ici au Maroc. C'est pourquoi je m'autorise à aller visiter ces potentialités et cela rentre d'ailleurs dans le cadre des différentes actions techniques que je vais mener. Je veux donner un message fort à tous ceux qui pour différentes raisons n'ont pas pu jouer, être sélectionnés ou étaient tout simplement oubliés.


L'arrivée d'un nouvel entraîneur consistera à dire que nous repartons sur d'autres bases tout en nous appuyant sur la base déjà existante. Donc, il y aura un spectre de visite plus large et bien sûr ma façon de concevoir et d'exercer mon métier. Les méthodes de travail divergent d'un entraîneur à un autre en termes de stratégie, de philosophie, de communication, de préparation technique et psychologique.


Quelle est la différence entre Messieurs Badou Zaki, Henri Michel ou Humberto Cuelho et vous ?


Elle n'est pas tellement au niveau de la chronologie des événements, mais plutôt au niveau de la mise en scène. Il y en a un qui privilégie le physique, alors qu'un autre opte pour le côté technique ou la psychologie. Mon objectif à moi est de mettre ensemble tous ces ingrédients. Donc, aujourd'hui, je suis plutôt un metteur en scène de toutes ces énergies qui ont déjà été manipulées par mes prédécesseurs et c'est à moi maintenant de les hiérarchiser en fonction de ma conception des choses.


Justement, vous vous retrouvez avec plus de pouvoirs que tous vos prédécesseurs en étant Manager général et sélectionneur national. En quoi consiste réellement et concrètement votre rôle ?


Il n'y a pas de notion de pouvoir. Je pense tout simplement que c'est le fait d'avoir défini clairement une politique technique et de vouloir s'y tenir. Ensuite de définir un type d'organisation et un type de relations et d'être le plus efficace possible pour mettre en place les activités et les actions techniques. Donc, être Manager général est une façon de définir la garantie du projet sportif dans son contenu et dans la façon de l'organiser. Je n'ai aucun pouvoir sauf celui d'être le responsable technique des équipes nationales.


C'est donc vous qui allez choisir les responsables des équipes nationales et le staff technique ?


Je suis la personne qui proposera à la fédération un certain nombre de personnes que celle-ci validera. Il existe déjà une organisation qui a été mise en œuvre par mon prédécesseur et qui ne demande qu'à être renforcée pour pouvoir apporter un plus.


Aujourd'hui, je ressens que les gens de la fédération ont décidé de me faire confiance. Je ne sens aucune intervention de la part de qui que se soit. Il ne faut pas oublier que j'ai la chance d'être là au Maroc depuis dix ans et je peux vous assurer que je connais autant de personnes que ceux qui vivent ici. Je me sens très marocain dans cette phase de mon activité.


Est-ce que vous pensez à quelqu'un de précis pour le poste d'adjoint ?
Des assistants, je vais en avoir six ou sept puisque je suis responsable de quatre catégories. Celui qui m'assistera est quelqu'un que vous connaissez bien et qui est de nationalité marocaine. Il s'agit de Samir Ajjam qui m'a accompagné au Japon et en France. Il sera chargé de l'entraînement.


Quand on vous appelle le sorcier blanc, cela vous fait-il sourire ?
C'est un sobriquet que je revendique. C'est un surnom qui me vient de Côte d'Ivoire et qui m'a poursuivi un peu partout au Japon et même dans l'Olympique de Marseille et je veux que ça reste comme ça. C'est lié à des anecdotes.


Par exemple, lors d'un match de l'Asec Abidjan, on perdait 3 à zero. Je me lève du banc et je lève les bras et je fais rentrer deux joueurs et nous gagnons 4 à 3. Vue d'Afrique, on met à cette situation un côté un peu magique. Ce qui fait quand ça arrive un certain nombre de fois, on se dit que ce gars-là est un magicien.


On appelle souvent un entraîneur un magicien alors que nous travaillons sur des certitudes. Les entraîneurs sont très cartésiens, mais il y a un côté un peu chanceux et magique qui fait que, en fonction de la sensibilité et de la culture du pays, on peut facilement vous traiter de sorcier.


Je suis fier de ce surnom parce que si aujourd'hui je suis reconnu et si aujourd'hui j'ai un poste aussi important que celui d'entraîneur du Maroc, c'est bien d'une certaine considération que j'ai acquise en Afrique. J'ai gagné mes galons en Afrique et cela m‘a donné un nom, une image et une reconnaissance.


Quelle différence y a-t-il entre le Troussier de 1994 et celui de 2005 ?


Onze ans et c'est beaucoup. Même en 1994, je n'étais rien. Parce que finalement j'ai accéléré le processus à partir de 1997. De 1997 à 2005 j'ai fait mes deux coupes du monde, mes deux coupes d'Afrique, mes deux coupes d'Asie, mes Jeux Olympiques et j'ai fait Marseille.


Il y a des entraîneurs qui se disent qu'on a 45 ans pour faire tout ce que moi j'ai fait en sept ans. Aujourd'hui à cinquante ans, je suis un homme sage et je me sens plus mûr et plus expérimenté qu'il y a quelques années.


La feuille de route de Troussier


Une direction des équipes nationales qui regroupera quatre catégories. Le groupe A et B qui sont les seniors avec pour objectif les coupes d'Afrique 2006, 2008 et 2010 et coupe du monde 2010 et en même temps le groupe le plus prêt possible de l'équipe A c'est-à-dire le groupe olympique, ceux qui ont sur leur calendrier les jeux olympiques de 2008 à Pékin. Sur ces deux catégories, j'aurais une activité présente de sélection, d'entraînement et de direction.


Les deux autres groupes qui sont le C et le D. Les C sont les moins de 18 ans qui seront amenés à faire les championnats du monde et d'Afrique 2007 et pour les meilleurs d'entre eux, les jeux olympiques et pour les quelques meilleurs la coupe du monde. La dernière catégorie concerne les moins de 16 qui seront amenés à faire la coupe d'Afrique 2007, la coupe du monde cadet et les jeux olympiques de Londres en 2012.


C'est un projet qui s'inscrit dans la durée. Je serais le Manager sportif de façon que les quatre catégories soient dans la même administration, qu'elles parlent le même langage. C'est pourquoi je me donne la possibilité de valider à la fois les hommes qui seront en place et les actions qui seront décidées.

Propos recueillis par Karim Douichi

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