La valse des entraîneurs aux niveaux local et international suscite généralement des réactions radicalement opposées. Les uns approuvent le changement, d'autres s'y opposent. Et pour cause, ce métier n'a jamais fait l'unanimité. Des entraîneurs préfèrent des critiques constructives et porteuses de solutions dans le cadre de la démocratie privilégiant la diversité d'opinions et de vues, d'autres, par contre, ne les supportent pas, ils aiment mourir de leurs idées.
Ce métier à nul autre pareil, ingrat, stressant et éprouvant, s'apparente parfois à un arbre qui cache la forêt. Il focalise l'attention et défraye la chronique à la veille et après chaque rencontre même amicale. Une défaite qui est orpheline, contrairement à la victoire qui a plusieurs parents ou une incompatibilité d'humeur, provoquent soit la démission, soit le renvoi de l'entraîneur tenu, selon son employeur, de respecter les clauses du contrat stipulant, entre autres, l'obligation des résultats.
Sa durée tient à plusieurs fils: faire mieux que son prédécesseur qui était au chevet de l'équipe, assurer sa double qualification aux phases finales des coupes mondiale et continentale, mettre sur pied une formation compétitive, solide et homogène, créer un esprit de groupe, ne pas commettre d'erreurs, rester en première ligne avec des nerfs d'acier, attaquer de front les problèmes, s'occuper simultanément des performances et de l'ambiance...
Trop de charges nuisent. Pénibles, voire surhumaines, elles ne font souvent que surgir des difficultés au lieu de les surmonter. L'entraîneur est la cheville ouvrière et adulé quand l'équipe gagne, il est mis à l'index le cas contraire. Il est le fusible, au surplus, le bouc-émissaire.
Les changements d'entraîneurs peuvent-ils contribuer à résoudre les problèmes sans les différer ou à sortir de l'auberge ? certains répondent par la négative. Ils estiment que l'entraîneur n'est qu'un élément d'un tout et il ne faut pas qu'il soit livré à lui-même quand on perd ou tirer la couverture à soi. Tout un chacun y joue un rôle en proportion des responsabilités qu'il assume.
L'entraîneur est comptable envers ses employés, les unions sportives et le public qui, impatient, n'exige que les résultats et rien que les résultats. Le coach peut faire bonne ou mauvaise presse et dans le monde du football les arguments se succèdent et ne se ressemblent pas. Ils peuvent plaire ou déplaire.
Certains exigent d'un entraîneur des qualités exceptionnelles qui excédent les capacités d'un être humain: rester en éveil le compas dans l'oeil, parer à toute éventualité, prévenir la méforme d'un ou plusieurs joueurs, les erreurs des arbitres, les aléas atmosphériques etc.
En Afrique, on assiste à une situation paradoxale: des entraîneurs qui demandent un salaire astronomique en plus des primes et signent un contrat juteux, alors que les clubs n'ont même pas de quoi subvenir à leurs besoins d'autant plus qu'ils évoluent au sein des championnats nationaux dont le niveau laisse à désirer.
Les avis divergent, certains observateurs constatent qu'il faut commencer par le commencement et ne pas mettre la charrue devant les boeufs, c'est-à-dire s'attaquer aux priorités.
Tout d'abord, il fallait mobiliser les ressources financières en vue de promouvoir la formation des jeunes, construire des stades qui répondent aux normes, améliorer le niveau des championnats pour éviter la désaffection du public, programmer et multiplier les stages au profit des entraîneurs et des arbitres nationaux etc...
Pour d'autres, l'un n'exclut pas l'autre, le recrutement des entraîneurs étrangers à la tête des équipes nationales est inévitable en vue de profiter de leurs expériences et relever le niveau afin de rivaliser avec les grandes équipes européennes et sud-américaines.
Des entraîneurs étrangers, conscients des aléas du football et considérant leur chaise comme éjectable, imposent leurs conditions pour défendre leurs intérêts. Selon eux, la valeur est tributaire de la rareté et il vaut mieux signer ³un contrat d'assurance² en Afrique avant de commencer.
Certains s'interrogent: comment peut-on débloquer des sommes considérables alors que le football africain manque cruellement de moyens et d'infrastructures. Le football constitue-t-il une priorité dans notre continent où les entraîneurs étrangers payés en devises passent et les difficultés, voire la misère sévissant dans plus d'un club, restent ? Des observateurs affirment que la sortie de devise laisse un pincement au coeur et relance les débats sur l'utilité de recrutement d'un entraîneur étranger à la tête d'un club sous-équipé qui ne dispose même pas d'un stade convenable ou des moyens lui permettant de payer régulièrement les arbitres, les salaires et les primes des joueurs.
Ce paradoxe remet la question sur le tapis et donne à réfléchir d'autant plus que l'entraîneur n'est qu'un élément d'un ensemble où les responsabilités s'interpénètrent et l'action de l'un influe négativement ou positivement sur l'autre.
Homme de la situation, il n'a pas le droit d'être faillible, il doit travailler jusqu'à saturation, garder son sang froid même dans les situations difficiles. C'est dans la tempête qu'on a besoin d'un bon capitaine qui sauve le bateau en difficulté. Trop embrasse, mal étreint.
Mohamed Fannane
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