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Des crampons pour les filles !

Source : Le journal

Les Marocaines sont de plus en plus nombreuses à se mettre au foot, mais elles doivent affronter plusieurs obstacles dans ce milieu masculin. L'exemple d'une équipe de Salé.


Il est 15 heures. Comme chaque mardi et jeudi, une vingtaine de filles de Salé se retrouvent pour leur entraînement de foot ; et comme d'habitude, elles doivent, avant de commencer à jouer, déloger les mecs qui occupent le terrain. C'est devenu un rituel alors que le stade de Salé est censé leur être réservé le temps de leur entraînement. Les garçons finissent par partir, en lançant quelques insultes. Mais les filles sont devenues presque sourdes, à force.


« Regardez ces deux nouvelles joueuses. Elles se débrouillent bien ! », se félicite Bahiya El Yahmidi, en quelque sorte le coach -le terme d'entraîneur serait trop faible- de l'équipe Amal Slaoui. Bahiya est également membre de la Commission centrale du foot féminin au sein de la Fédération. « Bientôt, nous serons une trentaine dans cette équipe ! », lance-t-elle. Le foot, un sport de garçon ? Il faudrait mettre ce cliché à la poubelle ! Le foot féminin compte de plus en plus d'adeptes dans les quartiers pauvres.


Le parcours de la footballeuse marocaine commence la plupart du temps dans la rue. Les filles jouent avec leurs frères, cousins, voisins, à quelques mètres de la maison. L'école leur permet également de découvrir ce sport. Bahiya, qui est professeur d'éducation physique, recrute souvent ses joueuses pour Amal Slaoui lors de ses cours. « Quand j'en vois une qui se débrouille bien et que je la sens intéressée, je lui propose de se joindre à nous », explique-t-elle. Elles ont la possibilité de s'inscrire dans des clubs ou des associations. Encore faut-il que la famille ne s'y oppose pas. « Jouer au foot, pour une fille… ça ne se fait pas », déplore Bahiya. Elle est par exemple en contact avec une famille qui refuse de laisser sa fille jouer au foot, préférant l'inscrire dans une équipe de volley, un sport jugé plus féminin.


Hanane, 28 ans, l'aînée de l'équipe Amal Slaoui, est catégorique : « le foot, c'est ma vie ! », s'exclame-t-elle. Elle a commencé il y a une vingtaine d'années. « J'ai dû passer 6 ans au moins à jouer avec mes frères dans la rue. En même temps, je faisais de l'athlé. Mais mon truc, c'était vraiment le foot. Je me suis donc lancée dans ce sport, le seul qui me fait oublier tous mes problèmes », raconte-t-elle. En 1997, on lui a dit que le Maroc cherchait des joueuses pour une équipe nationale. « Il y avait au moins 500 filles venues de tout le royaume pour participer aux sélections », se souvient-elle. Elle a été choisie et a joué dans l'équipe nationale jusqu'en 2002. Elle a même participé à la Coupe d'Afrique. Puis Hanane a dû choisir : les études ou le foot ? L'équipe nationale était sélectionnée pour un match au Nigeria qui tombait pendant ses examens. Elle a préféré bûcher ses cours d'économie, puisque jouer au foot ne lui assurerait aucun avenir. Mais elle a continué à jouer avec Bahiya, au poste de défenseur.


Aujourd'hui, jolie jeune femme aux cheveux longs, elle travaille pour une association d'aide aux handicapés. Elle aimerait bien devenir entraîneur. Les vingt joueuses de l'équipe ont entre 14 et 28 ans. Quelques-unes sont toujours scolarisées, d'autres sont à la fac et cinq au chômage. Elles habitent en majorité dans des quartiers pauvres, parfois même dans des bidonvilles. Elles viennent à pied à l'entraînement, n'ayant pas d'argent pour le bus. « Beaucoup marchent plus d'une demie-heure pour venir à l'entraînement », explique Bahiya. Leurs chaussures de sport sont déchirées. Mais visiblement rien ne les arrête ! « Le foot les sort de chez elles ! », ajoute le "coach". C'est comme une bouffée d'oxygène. Quelle énergie elles mettent dans le jeu ! L'une qui arrête le ballon avec sa poitrine, l'autre qui fait un tacle, une tête par-ci, une autre par-là. Elles courent sans cesse. Cette motivation est nécessaire pour faire oublier les « galères » que peuvent connaître certaines équipes. L'association de Bahiya n'a pas de subvention, contrairement à d'autres. C'est donc le "coach" qui prend en charge certains frais, comme les déplacements. Lors d'un récent match, l'équipe n'avait pas accès aux vestiaires, Bahiya a donc dû négocier le prix du hammam pour toute l'équipe. « Je ne demande pas beaucoup : un statut, un terrain, des vestiaires et un moyen de transport ! », explique-t-elle. Les choses avancent cependant peu à peu : la commune de Salé devrait réserver un terrain à Amal Slaoui, dans une forêt située derrière la prison et même lui offrir les poteaux. Bahiya rêve déjà de gradins, de vestiaires et d'école de foot féminin. Et pourquoi pas un championnat national "digne de ce nom", où toutes les équipes seraient représentées ? lance-t-elle. « C'est dommage : il y a un vrai potentiel, mais il est gâché tout simplement parce que le foot féminin manque de reconnaissance au sein de la Fédération, dans les médias, et donc dans la société », déplore-t-elle. Le foot féminin est peut-être un nouveau dossier sur lequel la Fédé devrait plancher après la CAN 2006.

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