La victoire de la Guinée et du Botswana face respectivement à la Tunisie (2-1) et au Malawi (2-0), le week-end dernier dans le cadre des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2006, ont contraint bien des observateurs à revoir leurs pronostics.
On ne parle plus de duel à distance entre le Maroc et la Tunisie. Et pour cause, dans le groupe 5 de ces éliminatoires, l'équipe tunisienne, championne d'Afrique en titre, qui a fait des débuts prometteurs en battant à domicile le Botswana (4-1), s'est inclinée à Conakry (2-1) face à son homologue guinéenne qui, de son côté, a confirmé qu'elle est un adversaire avec lequel il faut compter. Le réveil du Botswana a démontré que les équipes de ce groupe "piège" sont bien outillées pour jouer les premiers rôles.
Aucune des équipes (Maroc, Tunisie, Botswana, Malawi) n'a une avance confortable lui permettant de prendre le large, survoler son groupe ou se détacher du peloton. Aucune formation n'a droit à l'erreur d'autant plus que la bataille s'annonce très serrée et que le temps des petites équipes est révolu à jamais.
Plus rien n'est comme avant. Chaque point arraché de l'extérieur vaut son pesant d'or et constitue un facteur déterminant dans le décompte final. Aussi, le Sénégal n'avait-il pas tiré profit du goal-average pour se qualifier au Mondial 2002, devançant le Maroc qui avait payé au prix fort ses matches nuls à l'extérieur contre la Namibie et à domicile contre les Sénégalais. Les défaites de la Namibie avec de larges scores étaient l'un des facteurs ayant concouru à l'élimination des "Lions de l'Atlas".
Les conditions climatiques, la pression de l'enjeu, l'arbitrage, l'avantage du terrain et du public, les blessures, les cartons rouges, la malchance sont des facteurs de nature à influer sur les résultats. Les uns sont inséparables des autres. Une erreur individuelle ou d'un arbitre est capable d'hypothéquer l'avenir d'une équipe ou de la décourager. Ainsi va le football.
Des entraîneurs avertis et expérimentés trouvent des difficultés pour mettre le dispositif tactique qu'il faut à la place qu'il faut, car les retournements imprévus ne manquent pas. Le Malawi n'avait-il pas battu le Maroc à domicile au moment où tout observateur averti et même l'entraîneur Louzani ne s'y attendaient pas. Le football n'est pas une science exacte et chaque match a sa vérité. Qui veut éviter les aléas, doit laisser sa vigilance en éveil et ne sous-estimer aucune équipe.
Les chances de la Tunisie, malgré sa défaite à Conakry, restent intactes. D'ailleurs, la victoire des Guinéens n'est pas une surprise. En outre, les "Aigles de Carthage" ne gagnent pas d'habitude à Conakry aussi bien dans les éliminatoires de la CAN que du Mondial. Les deux équipes sont presque à égalité. Depuis 1977, la Tunisie perd à l'extérieur et gagne à domicile.
Comptant pour la CAN, la Guinée a battu la Tunisie à Conakry par un but à zéro (1-0) le 26 janvier 1997 et les "Aigles de Carthage" ont fait de même à Tunis six mois plus tard. A Radès, au cours des éliminatoires de la CAN-2004, les deux équipes avaient fait match nul (1-1).
Rien n'est encore joué. La Tunisie n'a pas encore retrouvé sa vitesse de croisière. Son redémarrage après une CAN-2004 exténuante pour ses joueurs et son staff technique, les contraint à supporter la pression, à ne pas rater le coche. Mission accomplie, mais sa qualification d'office à la CAN-2004, était un cadeau empoisonné, car les matches amicaux de préparation n'ont rien à avoir avec les rencontres officielles.
Son statut de favori et de champion d'Afrique n'est pas une sinécure. Généralement, un challenger a plus de facilité pour faire tomber un leader de son piédestal. Le onze tunisien a joué contre le Botswana et la Guinée privé de ses joueurs, pièces maîtresses dans l'effectif et le dispositif tactique du coach Roger Lemerre, tels les attaquants Jaziri et Santos et le défenseur Trabelsi. La chaleur et l'humidité n'ont pas manqué de peser sur les conditions physiques de certains joueurs surtout des inexpérimentés.
Le rendement de la défense tunisienne commence à devenir un problème. Elle a encaissé 8 buts en matches amicaux (Côte d'Ivoire: 2, Italie: 4) et officiels (Botswana: 1 et Guinée: 1).
Le compartiment offensif a tiré son épingle du jeu avec cinq réalisations (contre le Botswana: 4, et la Guinée: 1). Le milieu du terrain n'a pas trouvé ses marques. Lemerre qui ne joue pas avec une équipe-type, mais une formation élargie, a des joueurs de qualité pour remédier à la situation. Il aura l'embarras de choix. Le retour de Zitouni, un avant-centre redoutable, et la valeur de Mohamed Jdidi, joueur prometteur, constituent une valeur ajoutée non négligeable.
La Guinée, un sérieux sparring-partner, encouragée par sa victoire, est capable d'aller loin d'autant plus qu'elle cherche sa première qualification à un Mondial. Elle n'a pas laissé échapper l'occasion de l'emporter à domicile. Ses individualités et l'expérience de ses éléments ont contribué à cette victoire contre la Tunisie qui était à deux doigts d'égaliser à Conakry.
Le Botswana et le Malawi garde leurs chances. La dernière performance du Botswana a déjoué les pronostics et le Malawi peut créer des surprises. La qualification est dans les cordes de l'équipe marocaine formée de vétérans et des jeunes individualités qui ont épaté le public en Tunisie lors de la CAN-2004.
Par conséquent, le groupe 5 est devenu un pôle-piège pour toutes les équipes, y compris les onze tunisien et marocain respectivement champion et vice-champion d'Afrique.
Le classement le prouve. Après la deuxième journée, la Tunisie, le Botswana et la Guinée ont trois points, suivis du Maroc et du Malawi avec un point. Le Maroc et la Guinée n'ont joué qu'une seule rencontre.
La vigilance et la méfiance restent de mise dans ce groupe qui réserve des surprises.
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