Dresser une sélection composée des plus grands joueurs de l’histoire du football marocain, c’est bon aussi bien pour la gloire que pour la relativité historique. La plupart des pays à vocation footballistique l’ont fait au passage à l’an 2000. On s’est dit, mieux vaut tard que jamais. Dans un souci d’objectivité, un panel de connaisseurs du ballon rond marocain composé d’entraîneurs, d’ex joueurs et de journalistes sportifs, a été contacté. Ils ont tous eu la même réaction : "C’est une excellente idée, mais ça va être dur à faire". Et ils avaient raison. Après que chacun nous ait remis son équipe type, il a fallu faire un sondage : quels sont les joueurs qui sont les plus nominés ?
La difficulté réside dans la nostalgie de certains, qui trouvent que "les joueurs de mon époque sont meilleurs que les actuels", de la tentation des autres à favoriser tel ou tel joueur parce qu’on en parle énormément et de la difficulté à comparer des joueurs qui ont évolué dans des systèmes de jeu différents. à l’arrivée, la majorité des experts ont voté pour la qualité de jeu des joueurs, leur palmarès et leur relation avec le public. Les noms retenus par la majorité, dans chaque poste, se retrouvent dans cette dream team qui sera, à coup sûr, sujette à critique. Comme toute sélection. Mais prêtons-nous au jeu jusqu’au bout, en imaginant juste un instant un Zaki dégageant la balle loin devant, un Dolmy qui l’amortit avec finesse, la passe à un Bassir, magistral, lequel la glisse subtilement à Larbi Ben Barek… et but ! N’est-ce pas un régal ?
Pourquoi ceux-là
Les plus grands footballeurs marocains de l’histoire au sein d’une même équipe. Telquel, épaulé par quinze connaisseurs du ballon rond, a constitué ce groupe de rêve pour vous.
Baddou Zaki
S’illustre au WAC dès 1978, avant de faire les beaux jours de l’équipe de Mallorque (1986 à 1992). Sa stature imposante, son agilité et ses arrêts réflexes ont fait de lui un gardien complet et le footballeur marocain le plus titré de l’histoire : Ballon d’or africain (1986), huitième de finale de la coupe du monde, 2 titres de champion du Maroc, 2 coupes du trône, une coupe Mohammed V, 4 participations à la CAN, une finale de la coupe d’Espagne, meilleur gardien de la Liga à deux reprises…
Larbi Aherdane
Ce robuste arrière connu pour son penchant pour l’offensive, gloire du WAC et de l’équipe du Maroc durant les années 70 - 80, s’est fait remarquer par les observateurs et le sélectionneur national en 1970 lors d’un tournoi de la police maghrébine. Champion d’Afrique avec la légendaire équipe de 1976, Larbi comme on le surnomme a remporté également : 4 titres de champion du Maroc, 4 coupes du trône et une coupe Mohammed V.
Nouredinne Naybet
Ce pur produit du WAC et vrai patron des Lions de l’Atlas depuis une dizaine d’années est pour beaucoup d’observateurs l’un des plus grands défenseurs dans le monde. Le journal anglais The independant l’a même élu meilleur défenseur de l’histoire du football africain.
Il a joué successivement au Sporting de Lisbonne, au FC Nantes, au Deportivo de la Corogne et évolue, depuis un an à Tottenham. Son palmarès est des plus impressionnants : Champion de la Liga et détenteur d’une Coupe d’Espagne, il a participé à plus d’une centaine de sélections en équipe nationale, à 5 coupes d’Afrique, dont une finale, et à deux Coupes du monde.
Mustapha Bettache
En avance sur son temps. L’archétype du défenseur moderne : robuste, excellent relanceur, rapide contre-attaquant, créatif… on lui prête même l’invention de la technique du grand pont.
Ce solide arrière, que les attaquants adverses craignaient tant, a fait inventer à lui seul, au journaliste de l’équipe, le verbe "bettacher", qui veut dire "faire barrage". En provenance du WAC, il débarque en 1956 à Nîmes dont il devient une figure emblématique. Son passage en équipe nationale, tous les observateurs s’en souviennent. Surtout de ce match légendaire de l’équipe du Maroc en 1962, comptant pour les éliminatoires du Mondial, durant lequel il a muselé le duo espagnol Jento-Di Stefano.
Boujemaa Benkhrif
Peu médiatisé mais grand chouchou du public qui ne l’a jamais pris en flagrant délit de méforme. Pur produit du KAC de Kenitra, qu’il n’a jamais quitté, il avait l’art d’occuper de long en large le flanc gauche. Connu pour son jeu complet, sa combativité, et un peu d’agressivité nous dit on, il pouvait à lui tout seul changer la physionomie d’un match. En 1967, il a fait ses débuts en équipe nationale dont il devint trois ans plus tard capitaine, faisant ainsi sensation à Mexico.
Abderrahmane Belmahjoub
Celui qu’on a surnommé "le prince du Parc" (en référence au Parc des princes parisien), a fait le gros de sa carrière en France. D’abord au Racing Club de Paris avec qui il explosa, puis à Nice avec lequel il remporta une Coupe de France en 1953 et enfin à Montpellier. Ses prouesses ne sont pas passées inaperçues puisqu’il est appelé en équipe de France. Les observateurs ont à l’esprit le choc franco-
allemand de la Coupe du monde de 1954 quand il permit aux tricolores de gagner en marquant l’unique but de la partie. à son retour au Maroc, il rejoindra les rangs du WAC et portera le maillot national avec toujours le même panache.
Abdelmajid Dolmy
Tous les spécialistes le considèrent comme le meilleur milieu de terrain marocain de tous les temps. Ce ould Derb Soltane détient à lui seul une multitude de records : 17 ans au sein de l’équipe nationale, 140 sélections, et pas un seul avertissement en trente ans de carrière. Le "mâallem", connu pour ses qualités techniques et humaines fera ses débuts au Raja de Casablanca en 1970. Polyvalent, il a été aussi bien attaquant, défenseur que meneur de jeu. Il a également été l’un des piliers de l’équipe du Maroc qui s’illustre en Coupe du monde en 1986 au Mexique.
Mohamed Timoumi
Celui que Pelé a estimé être le meilleur joueur de la Coupe du monde 1986, a fait ses débuts très jeune à l’Ittihad de Touarga avant de porter le maillot des FAR. 1985 est une année faste pour lui. Il remporte le championnat d’Afrique des clubs champions avec les militaires et reçoit le ballon d’or africain. Il entame par la suite une carrière professionnelle en Espagne avec Murcia puis Lockeren en Belgique. Il a au compteur une quarantaine de sélections avec le Maroc et une dizaine de buts. Il a dû mettre fin prématurément à sa carrière à cause d’une blessure que le public marocain a toujours en tête, survenue lors d’un certain FAR – Zamalek.
Salahedinne Bassir
Il est incontestablement le joueur le plus populaire dans l’histoire du Maroc. Le seul dont le nom est scandé à travers tout le pays (même les wydadis s’y sont mis). Cet attaquant racé détient le record de buts inscrits (43) sous le maillot national. Nombreux sont ceux qui se sont avérés décisifs. Il a évolué successivement au Raja de Casablanca, au Hilal Saoudi, au Deportivo de la Corogne avec lequel il a été sacré champion d’Espagne, avant d’atterrir à Lille. Bassir a explosé en 1998 lors de la Coupe du monde organisée en France, marquant deux buts magnifiques face à l’Ecosse.
Larbi Ben barek
"Si moi je suis le roi du foot, Ben Barek en est le dieu". Ces mots sont de Pelé lui-même. Après des débuts à l’Union Sportive Marocaine, la perle noire, comme on le surnommait, arrive en France en 1938 et fait vibrer le public de l’Olympique de Marseille puis celui de l’équipe de France. Dès sa troisième rencontre avec l’OM il marque à lui seul 8 buts contre les anglais de South End. Après la guerre, il rejoint l’Athletico de Madrid dont il devient incontestablement la vedette. "Si la télé avait existé dans son temps, il en aurait été la star", avait dit Michel Drucker, grand fan de Larbi.
Ahmed Faras
Tous les connaisseurs avancent que c’est l’avant-centre le plus doué de l’histoire du football marocain. Formé au Chabab de Mohammedia dont il était la pièce maîtresse, Faras, avantagé par un pied gauche magique, avec lequel il réalisa des buts extraordinaires, s’imposa également en équipe nationale, portant ainsi le brassard de capitaine de 1971 à 1979. Il participa à la Coupe de monde 1970 comme remplaçant, avant de mener l’équipe au sacre de 1976 en coupe d’Afrique et d’être élu ballon d’or africain la même année. Il a été préféré, alors, à un certain Roger Milla…
Mehdi Faria
Hassan II charge en 1983 son conseiller économique au Brésil de lui fournir une liste d’entraîneurs Brésiliens. Il choisit José Faria par défaut. Les autres sont beaucoup trop chers. Celui qui n’a fait qu’entraîner des jeunes jusque là, est champion du Maroc et d’Afrique avec les FAR deux ans plus tard, remporte deux Coupes du trône et accompagne l’équipe du Maroc au mondial mexicain de 1986. Celui qu’on surnommait le sorcier, reviendra tout glorieux d’un huitième de finale inespéré. Et prendra le nom de Mehdi.
Nos remerciements pour leur collaboration à : Abdelhak Mendoça, Ahmed Belkahya, Fethi Jamal, Belaid Bouimid, Karim Idbihi, Mustapha Badri, Abdelah Blinda, Reda Allali, Simohamed Benarbia, Lino Bacco, Kamal Lahlou, Najib Selmi, Houcine Ksikes, Hamid Lahbabi et Abdelah zher.
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