Selon des sources proches de l'équipe nationale juniors, qui a disputé un match amical contre la Hollande (1-3), deux joueurs auraient faussé compagnie à la délégation marocaine.
On ne sait si les deux juniors, qu'on dit du MAS, auraient préféré les Pays-Bas pour y trouver refuge, au lieu de la capitale spirituelle du royaume. Par ailleurs, un joueur émigré de Hollande aurait également préféré retrouver l'équipe des pays-Bas, au lieu de rester en équipe nationale juniors où, paraît-il, l'ambiance serait très mauvaise et les joueurs mécontents pour ne pas avoir encore perçu leurs primes du championnat d'Afrique ! Le jeune maroco-hollandais a grandi dans un milieu mieux organisé et plus professionnel que ce que propose la Fédération marocaine.
Si ces informations sont avérées, on ne va pas en faire un drame, car il faut s'attendre à ce qu' une bonne partie de juniors africains ou venant du Tiers-Monde «grillent» (autre terme utilisé pour dire «Harig» et «Harragas») à l'occasion du championnat du monde juniors, prévu en Hollande en juin-juillet 2005.
Et contrairement à ce qu'on pense, quand on présente nos sportifs comme des malfrats, au contraire, les pays qui accueillent les sportifs clandestins en tirent énormément profit et peuvent ainsi recruter à l'¦il, des joueurs qu'on a mis beaucoup de temps à former au football de haut niveau. D'ailleurs, derrière ces «brûleurs», on trouve toujours des agents malhonnêtes et sans scrupules et il en existe dans notre pays, qui exploitent le vide juridique actuel, pour pomper dans les caisses du football, sans souffrir aucun contrôle.
On ne doit donc pas présenter ces sportifs comme des criminels, mais comme une perte et à un grand manque à gagner pour le Maroc, qui sortira perdant en cas de défaillance de ses jeunes footballeurs.
Imaginez que Ronaldinho ait brûlé, quand il était junior, en Europe ? Va-t-on parler de Harragas, en pensant à ces gamins qui subissent le pire, en se cachant dans des camions et en risquant la mort, sur des embarcations de circonstance ?
Après Tahar Benjelloun et son «L'exil et la solitude», des auteurs comme Mahi Binbine ou Rita El Khayatt nous font voyager dans le monde des «Brûleurs», dont beaucoup finissent dans des hôpitaux psychiatriques, en Italie ou ailleurs et qui sont de simples épaves humaines, déracinées et sans avenir. Ce monde-là n'a rien à voir avec celui des athlètes, ou du moins ceux qui réussissent à s'intégrer et à décrocher un statut.
Il est vrai que ce n'est pas le cas de tout le monde et la FIFA a dénoncé le sort de ces gamins ghanéens, nigérians, ivoiriens ou turcs, jetés par les trafiquants, dans les capitales européennes après avoir été pris en charge dans des pseudo-centres de formation de footballeurs. Deux autres jeunes du fameux «Soulier d'or» de la TVM ont tenté de faire la belle, lors d'un récent passage en France, lors d'un stage de formation au Havre, sans que personne n'ait relevé l'information.
On reconnaîtra que pour l'émigration clandestine, celle des muscles et de la main d'oeuvre sans formation, des études et des enquêtes ont été menées et donnent une idée précise de ce phénomène migratoire. Mais pour les brûleurs sportifs, on constatera que peu de travaux ont été menés à ce propos et on retiendra que les athlètes et les sportifs, qu'on a tendance à présenter comme de vulgaires émigrés clandestins, sont des vedettes et des personnes capables de ramener de l'argent et d'engraisser les spéculateurs du football business.
Un chercheur de Belgique achève un travail universitaire sur «la migration des athlètes marocains» et il est sûr que nous serons les derniers à en profiter ou , peut-être, jamais, car au CNOM, à la FRMF ou à la FRMA, on ne veut pas de ces investigations qui mettent les points sur les «i» et qui dérangent des bureaucrates beaucoup plus portés sur les déplacements et l'argent de poche, dans le cadre de missions juteuses, que de problématiques portant sur les Harragas, la violence dans les stades, la culture des sportifs, le QI des champions, l'économie du sport et autres interrogations théoriques qui ne tombent pas dans «la gamelle».
Par Belaïd BOUIMID
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