Le Maroc et 2010: Les vérités de Blatter

Source : L'opinion

Point de Vue : Najib SALMI

Le président de la FIFA ferait-il un excès de coquetterie en jouant les modestes, ou bien est-il vraiment placé dans une situation difficilement gérable avec tous ces pays africains candidats au Mondial 2010 ?

Lui, Blatter, s’en tire alors avec une pirouette, autrement dit, il botte en touche : « Moi ce que je veux, c’est que l’Afrique ait son Mondial, c’est fait, le nom du pays qui organisera l’événement, ne m’intéresse pas du tout. Je suis neutre ».

Et il ajoute pour bien enfoncer le clou : « Vous savez, les 23 votants, ne dépendant pas de moi, ils sont élus par leur propre confédération. Ils représentent leur région géographique, et ils prennent leurs décisions en toute liberté, la FIFA n’a aucun pouvoir sur eux ». Ainsi donc, Blatter serait neutre, et même incapable d’orienter les votes.

Et en plus, il s’interdit d’avoir un favori, à ceux qui lui assurent qu’il est « l’homme de l’Afrique du Sud et qu’il manœuvre pour elle », il réplique avec une douceur mêlée d’ironie mordante : « Mais mes pauvres amis, vous avancez des choses qu’il vous est impossible de prouver ». Et vlan, fermez le ban.

Blatter est impénétrable et ne se laisse pas démasquer facilement.

De son récent séjour au Maroc, on ne peut donc rien conclure, et il va falloir que l’homme de la rue, qui s’est enflammé avec la visite de Blatter, et qui voit déjà le Maroc organiser le Mondial revienne à une plus juste appréhension des choses.

Au moment où Blatter était au Maroc, un sondage organisé par un site sportif très pointu, sportbusiness.com, publiait les statistiques suivantes réalisées au niveau des pays européens. La question est : « A ce moment de la campagne pour 2010, quel est le pays le mieux placé pour l’emporter ? »

Voici les réponses :

Afrique du Sud : 64,31 pour cent

Maroc : 23,8 pour cent

Egypte 6,3 pour cent

Tunisie 4,0 pour cent

Libye 1,6 pour cent.

A un mois donc, du vote, l’écart entre l’Afrique du Sud et le Maroc reste considérable. Pourra-t-il être comblé d’ici le matin du 15 mai ? Là est toute la question. Blatter, au Maroc, aura aussi confirmé une chose : il n’y a plus de double candidature, la Libye et la Tunisie se présenteront chacun de son côté. Et Jérôme Champagne, l’influent secrétaire général adjoint de la FIFA de retourner le couteau dans la plaie : « Il faut faire attention au dossier libyen. On était à Tripoli avant de venir à Rabat, le colonel Khaddafi engage neuf milliards de dollars pour l’organisation du Mondial 2010, et les plus grands architectes des plus beaux stades du monde ont été contactés pour construire ce qu’il faut pour une Coupe du Monde ».

Alors quoi ? Faudra-t-il donc s’attendre à ce que les 5 pays arabes candidats, se bouffent le nez et s’autodétruisent pour laisser un triomphe tranquille à l’Afrique du Sud et peut-être, dès le premier tour ?

C’est ça le scénario catastrophe qui guette l’équipe à Kettani, et il ne faut pas se l’enlever de la tête. Le problème aujourd’hui, de notre candidature se pose ainsi : plus que de dire, on va faire ceci ou cela, il faut surtout appauvrir le lobby sud africain en lui piquant des voix.

Pour le Mondial 2006, l’Afrique du Sud avait fait son marché aux Amériques et elle en avait pris toutes les voix (six au total). Or, les six votants, pour 2006, sont encore là pour 2010. Le très énigmatique Alan Rothenberg, organisateur du Mondial 1994, dont le Maroc s’est attaché les services, est en train de travailler au corps chacun de ses six hommes. Saura-t-il les influencer pour qu’ils changent d’avis ?
Joao Havelange, ex-président de la FIFA qui connaît très bien Alan Rothenberg a dit : « En travaillant beaucoup, le Maroc peut arriver à dix ou onze voix ».

Le problème c’est qu’il en faut treize pour gagner. Et le problème aussi est que ce sont ces deux dernières voix qui seront les plus difficiles à trouver. Car, à ce moment , on sera face à Blatter. Le soi-disant neutre. Comme vous voyez, on ne s’en sort pas. Et la vérité est en fait, toute simple. C’est Blatter qui décidera de la Coupe du Monde 2010, et du pays où elle aura lieu.

Najib SALMI

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