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Justice pour Rachid

Source : Maroc Hebdo

Rachid Belabed revient de loin. Le dimanche 12 septembre 2004, le jeune international olympique de la Louvière, première division belge, s’est rendu coupable d’une agression physique contre le journaliste-conseiller en sécurité Claude Moniquet, 45 ans. Il a failli être maquillé en terroriste.


Le fougueux milieu de terrain maroco-belge natif de Bruxelles (23 ans), et l’expert international venaient de participer à l’émission-débat Controverse, de la Radio télévision du Luxembourg, sur le thème de Islam et terrorisme. À bien lire la relation qui est faite de l’incident par Moniquet lui-même, il s’agit ni plus ni moins que d’une (tentative de) discussion qui a dégénéré : “Comme je franchissais le seuil de RTL, un homme s'est approché de moi et m'a dit qu'il voulait me parler. Dans la foulée, il a ajouté: «Je ne vous aime pas, je n'aime pas ce que vous dites, vous êtes un raciste et un anti-musulman » (…) J'ai alors voulu m'éloigner et aller vers ma voiture. Mais il m'a agrippé avec beaucoup de force, en répétant ses propos. Poliment, je lui ai demandé : « Monsieur, lâchez-moi». Mais il s'est immédiatement mis à me frapper (…), amalgamant sionisme, Israël et terrorisme.”


Littérature


L’incident aurait dû être clos avec l’arrestation du fautif, survenue sur place d’ailleurs, Rachid n’ayant pas cherché à fuir. Mais l’identité de la victime et l’origine de l’agresseur lui ont conféré les dimensions d’une actualité brûlante, dans un climat bruxellois bien suffoquant pour les Marocains, où ils s’illustrent actuellement surtout dans les chroniques judiciaires.
C’est la RTL qui donne le premier coup de vernis rouge terroriste au jeune sportif. Reprenant un comuniqué du centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité (ESISC), présidé par Moniquet, la chaîne bruxelloise affirme que “de la littérature islamiste a été découverte dans la voiture de Rachid et seraconfiée à des islamologues afin qu'ils en retirent l'essence et déterminent si elle est de nature radicale”.
Le quotidien Le Soir, lui, rappelle un «épisode sombre» de sa vie lorsque, le 24 janvier 2003, il a faussé compagnie à son club et à sa famille pour diparaître pendant 6 semaines dans le sud de la France, provoquant inquiétude et appréhension. Et signale que “quelque temps avant sa «disparition», Rachid avait reçu au Tivoli (stade de La Louvière) la visite de «musulmans à l'allure douteuse» avec qui il aurait parlé”. Il avertit tout de même: “D'aucuns pourraient être tentés par le raccourci qui mène du football à l'islamisme radical, vu l'antécédent posé par le Tunisien Nizar Trabelsi (43 ans), condamné le 9 juin 2004 par la Cour d'appel de Bruxelles à dix ans de prison pour la préparation d'un attentat terroriste”.
Peine perdue, la machine à broyer du bougnoule s’est emparée de ce fait divers pour crier au loup. Surtout «les amis» de Claude Moniquet. Parmi lesquels on trouve Primo, un cénacle qui se définit comme “l'association des Amis de Metulla News Agency”, une agence d’information israélienne qui se voue à défendre la politique de Sharon contre la désinformation (!), mais qui applique à merveille le principe que la meilleure défense, c’est l’attaque. On y compte également l’UJPF, autre «site communautaire juif» qui lutte pour l'honneur d'Israël; mais en bisbille, lui, avec Metulla en raison d’un article incendiaire publié par ce dernier à propos du pauvre journaliste français otage en Irak, Georges Malbrunot. Signé par Jérôme Coursade et intitulé “Mon camarade Malbrunot, l'ami des Arabes”, ledit article vaut bien un détour par le site www.menapress.com. Figurent également parmi les fréquentations de Moniquet l’Atlantis Institute, supporteur inconditionnel de la guerre contre l’Irak et du “bushisme”, et son congénère Institut Hayek. Tout ce beau monde n’a pas raté l’occasion de dénoncer l’agression de leur collaborateur Moniquet, sauvagement agressé par « un islamiste». Le tollé soulevé autour de l’incident est si retentissant que le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt est amené à condamner cette “manifestation d'intolérance ”, après que Moniquet ait signalé “l’indifférence” des ministres de l’Intérieur et de la Justice.


Réponse


Formé au prestigieux Anderlecht, Rachid Belabed a joué à Aberdeen (1ère division écossaise, 1999-2002) après un bref crochet par le RWD de Molenbeck. En Écosse, il n’a laissé que de bons souvenirs, aussi bien personnels que sportifs. Tellement qu’en mai 2002, le porte-parole du club balayait les rumeurs sur son éventuel transfert, alors même qu’il était en méforme: “Rachid est toujours des nôtres, et la réponse la plus courte à la question s’il a signé avec La Louviere est «non»”. C’est que Rachid Belabed avait subjugué l’imagination des responsables des «Dons» en formant une paire complète avec son compatriote Hicham Zerouali, lui aussi sociétaire de la «Red Army», avant de revenir jouer aux FAR de Rabat. Rachid est en effet un tacleur comme on n’en fait plus dans le football calculateur d’aujourd’hui. Doué d’un fighting spirit bien britannique, il se donne à fond sur un terrain et il est donc normal qu’il accumule les blessures.
Il passait plus de temps dans l’infirmerie que sur les gazons. Son dernier malheur en date remonte à janvier 2004, lorsqu’il a subi une opération sur une cheville bien récalcitrante. La fin de sa convalescence était programmée pour le 15 septembre 2004.
Trois jours avant cette date, il a eu le malheur de suivre Controverse et de perdre son calme devant des professionnels de la communication. Résultat, Filipo Gaone, président de la RAAL a décrété que “Le Sieur (!) Rachid Belabed s'est rendu coupable de faits inacceptables et injustifiables … Le Club a décidé de licencier sur le champ pour cause de motif grave.” Là, la comparaison qui s’impose d’elle-même, c’est avec Éric Cantona, génie français qui évoluait en Angleterre, et qui, dans un stade archi-comble, a sauté à pieds joints sur un supporter dont il n’a pas apprécié le chambrage. Plutôt que d’être viré, il est devenu une idole. C’est vrai que le jeune international marocain a manqué au devoir moral de tout sportif, censé modérer son comportement pour servir de bon modèle, mais on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur la base légale de son licenciement, sans parler “du droit de poursuites” brandi par son club, «la faute grave» n’ayant aucun lien avec le travail.


Écho


Il y a tout de même une justice sur cette terre. Le lundi 20 septembre 2004, la chambre du conseil de Bruxelles a libéré Rachid dans l’attente de son jugement, en y mettant certaines conditions, dont celles de voir un psychologue, de chercher un nouveau club. Mais qui voudra encore de lui en Europe après la réputation qu’on lui a taillée? Il serait ingénieux qu’il prospecte de ce côté-ci de la Méditerranée, car il ne déparerait pas dans le meilleur club marocain et il est encore jeune.
Comme de bien entendu, les mésaventures de Rachid ont trouvé écho dans la presse nationale. Avec des traitements différents, pour ne pas dire diamétralement opposés. Alors que le confrère Belaïd Bouimid lui a amplement rendu justice dans Al Bayane du 14 septembre 2004 en le qualifiant d’”un de nos meilleurs espoirs”, un hebdo de la place s’est sans doute contenté de reprendre la dépêche de l’agence Belga, changeant un mot par ci, une virgule par là, pour livrer au lecteur un papier d’une actu bien peu déformée.


Abdellah Rajy

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