C'est avec un visible soulagement que Khalid Fouhami, connu autrefois à Beveren et au Standard, a repris cette semaine les entraînements avec Visé, sa nouvelle équipe. C'est que depuis son départ du Standard, rien n'a tourné rond pour celui qui a tout de même été international marocain à 52 reprises.
Parti à l'aube de la saison 2003-2004 à Acadamica, club de D 1 portugaise, Khalid, tout comme son club d'ailleurs, ne résistent pas en décembre à l'appel sonnant et trébuchant des sirènes russes: «J'ai été transféré au FC Alania, le club de Vladikavkaz, tout au sud de la Russie, non loin de la Tchetchénie, explique le gardien. Le club m'offrait un excellent contrat et beaucoup d'argent à Academica, et l'entraîneur, à l'époque, était Roland Courbis, ce qui était tout de même un gage de sérieux.»
«50 ans en arrière»
Mais si tout se passe plutôt bien au plan sportif dans un premier temps, Khalid découvrira rapidement la tristesse de la réalité quotidienne russe: «C'est vraiment très difficile de vivre là-bas, soupire-t-il. Ils n'ont rien, on a l'impression de se retrouver 50 ans en arrière. Pratiquement personne ne parlait autre chose que le Russe, et c'était donc très difficile pour moi de communiquer. La mentalité des Russes est plutôt déplaisante, en plus. Ils étaient hautains, sans le moindre respect. Méchants, même, souvent. Il n'y a aucune entraide, aucune solidarité. Chaque jour, mon épouse et moi nous nous demandions ce que nous faisions là.»
D'autant que, on l'a dit, la Tchetchénie n'est pas loin, et que la région est loin d'être un havre de paix: «Nous n'avons jamais réellement eu peur, même si, en fait, il y avait des opérations militaires en cours pas très loin de chez nous. Mais il faut dire que là-bas, on est très, très peu informé. Personne ne parlait des événements de Tchetchénie: ni les gens, ni les medias. En fait, j'en apprenais plus là-dessus quand je téléphonais à ma famille au Maroc que sur place! Mais bon, on sentait qu'il y avait de l'électricité dans l'air, et il y avait des policiers et des militaires absolument partout.»
Ce sombre tableau se noircira encore quand, après trois mois de compétition, le principal bailleur de fonds du club, une société de vodka, arrête les frais. Le refrain est alors connu: les joueurs ne sont plus payés...
«Je suis alors tombé d'accord avec un club turc de première division, mais Alania demandait une grosse somme de transfert pour moi, ce qui était tout de même un comble. J'ai fini par obtenir ma liberté en attaquant, avec Maître Laurent Denis, le club devant la Fifa, et je suis rentré en Belgique, à Libramont plus précisément, en septembre.»
Trop tard pour trouver un club, surtout pour un gardien: tout le monde est alors paré de ce côté. Mais après quatre mois de doutes, durant lesquels Khalid a entretenu sa forme tout seul, le natif de Casablanca entrevoit enfin le bout du tunnel: il aura maintenant six mois pour prouver, avec Visé, qu'il n'est pas un joueur fini.
«C'est un beau challenge à relever, s'exclame-t-il avec une certaine motivation. Certes, l'équipe est dernière du classement général, mais elle a remporté ses trois derniers matches avant la trêve, et j'ai déjà peu constater, en jouant avec eux un match amical cette semaine qu'il y avait du talent dans ce groupe. Je vais essayer, grâce à mon expérience, d'aider le club à gagner des points et assurer son maintien. Mais il me faudra sans doute un certain temps pour retrouver mon meilleur niveau. Après, on verra bien: je suis très content d'être ici, et en foot, on ne peut jamais rien programmer. Je suis bien placé pour le savoir.»
Pierre Morel
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