Seize mois, 150 matches (trente pour chacun des groupes), cinq élus. Les éliminatoires de la Coupe du Monde ont déjà commencé.
Un changement fondamental par rapport aux éditions précédentes : elles permettront de sélectionner également les équipes appelées à disputer au début de l’année 2006 en Egypte la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. La réunion des deux phases éliminatoires en une seule pourrait bien compliquer la tâche des postulants au voyage en Allemagne.
Des positions mal établies
La dernière CAN ne nous a rien révélé que nous ne sachions déjà : resserrement des valeurs, performances en dents de scie de certaines équipes alternant le bon, le moins bon et souvent le médiocre, avènement d’équipes peu médiatisées donc sous-estimées, affaiblissement de quelques ténors, remontée en force des pays du Maghreb.
Naturellement, les éliminatoires jumelées Coupe du Monde/CAN ne doivent pas être appréhendées à la seule lecture de ce qui s’est passé en Tunisie, même si les impressions du début d’année ne sont pas furtives.
La grande différence, c’est que l’épreuve qui nous attend est un marathon de longue haleine, que les matches auront lieu sur une période de seize mois (de juin 2004 à octobre 2005), que chacun aura droit à un ou deux faux-pas et qu’il pourra,à tout moment, renouveler son équipe en faisant appel aux hommes les plus en forme à un moment donné. C’est une différence de taille.
Pour autant, il vaudra mieux ne pas prendre du retard à l’allumage. Le principe de base est clair : gagner ses matches à domicile et prendre des points à l’extérieur, chez les plus faibles.
Beau principe qui risque cette fois d’être écorné. Tout simplement parce que les éliminatoires de la CAN vont singulièrement modifier le comportement des équipes qui ne peuvent prétendre se qualifier pour la Coupe du Monde, mais qui vont se battre jusqu’au bout pour terminer deuxième ou troisième de leur groupe. Et là personne ne fera de cadeau à personne.
Incontestablement la compétition va être stimulée et ce que le Bénin ou le Rwanda ont réussi lors des éliminatoires précédentes, d’autres parmi ceux qui n’ont jamais joué une phase finale vont tenter de le faire cette fois. Il se pourrait bien qu’il y ait quelques surprises.
D’autant que les seigneurs de l’Afrique ont, pour la plupart d’entre eux, perdu ces dernières années leur réputation de quasi invincibilité.
La chasse aux vedettes Question : qui peut, qui va tomber ? Naturellement, il est impossible d’apporter la moindre réponse à cette double interrogation. Dans le groupe 1, il est évident que le Sénégal, quart de finaliste du dernier Mondial, est en grand danger. Non pas parce qu’il a raté le rendez-vous de Tunis peut-être pour avoir trop dit qu’il allait gagner, mais parce que l’aventure de 2002 a laissé des traces. L’équipe ne s’est pas vraiment renouvelée et les joueurs ont subi comme une usure psychologique peut-être définitive.
On ne tardera pas à être dans un groupe où ses principaux adversaires ont pour noms Mali et Zambi. Congo, Libéria et Togo ne paraissent pas faire le poids pour contester à l’un des trois précités la place de mondialiste, mais ils entendent, tous les trois, être présents en Egypte. Chaque déplacement sera difficile. Dans le groupe 2, la préférence va à l’Afrique du Sud. Les Bafana Bafana vont bénéficier de l’élan donné par l’attribution de la Coupe du Monde 2010.
L’équipe n’a pas réalisé de prouesses ces derniers mois, mais elle devrait susciter un engouement de nature à la propulser vers l’Allemagne. Seul adversaire possible, le Ghana. Mais que sait-on au juste de cette équipe en pleine recomposition après qu’elle a laissé partir en Europe des dizaines de joueurs qui n’ont jamais été d’un grand secours pour la sélection nationale ? Pire, ses équipes de jeunes ne répondent même plus présent.
Grosse empoignade en perspective dans le groupe 3 avec un trio d’enfer Cameroun - Côte d’Ivoire, Egypte. Sur leurs dernières productions, les Ivoiriens paraissent posséder les meilleurs éléments.
Sera-ce suffisant ? Y aura-t-il un effet Drogba ? Qui le sait... ? Mido et Eto’o se sentiront-ils en concurrence avec la révélation européenne de la dernière saison ? Et les Eléphants ont une pléiade d’autres joueurs de grande qualité dans ce qui est la meilleure équipe ivoirienne que l’on ait vu depuis la glorieuse époque des Laurent Pokou et Emest Kallet-Bialy.
Bénin, Libye et Soudan seront à l’affût de la moindre erreur, d’autant que l’Egypte ne concourt que pour la Coupe du Monde, qualifiée d’office, en sa qualité d’organisateur, pour la CAN. Le quatrième sera donc convié au rendez-vous du Caire.
Les Super Eagles tenteront de revenir pour la quatrième fois d’affilée dans la grande fête universelle du football. Y parviendront-ils ? On aurait tort de négliger l’Algérie qui a laissé entrevoir des potentialités intéressantes au début de l’année, de penser que le Zimbabwe n’a pas l’ambition nécessaire et que l’Angola va continuer à rater ses rendez-vous avec l’Histoire, trente ans après son indépendance. Sur le papier, sur sa notoriété, sur son passé, avantage au Nigeria.
Prudence quand même...
Le dernier groupe sera un face-à-face maroco-tunisien. C’est une certitude.
Les deux équipes sont au-dessus du lot. Maintenant, qui va s’imposer ? Si elles ne neutralisent chez elles, tout dépendra de leur capacité à s’imposer à l’extérieur.
La Tunisie voyage mieux que le Maroc. Léger avantage au champion d’Afrique en titre.
Un rendez-vous au sommet
La formule inédite d’éliminatoires jumelées va rendre les dix journées qui nous attendent passionnantes.
D’autant plus qu’il y a gros à parier que la décision ne se fera qu’au bout de plus d’une année de compétition. Qui nous dit qu’un Sénégal-Mali, un Cameroun-Egypte, un Nigeria-Zimbabwe ou un Tunisie-Maroc programmés le premier week-end d’octobre 2005 ne seront pas les finales de groupes ? La compétition est très ouverte. Elle va renforcer le football africain avec cette collection de matches au sommet.
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