A 31 ans, ce marathonien est l'une des rares chances de médaille au prochain Jeux Olympiques d'Athènes. Retour sur un parcours atypique.
C'est un homme réservé et timide qui porte à Athènes les espoirs du Maroc pour le marathon. En stage de concentration à Ifrane avant les Jeux Olympiques, Jawad Gharib semble serein malgré l'enjeu de cet été. Le tout est de ne pas se déconcentrer, de ne pas laisser place au doute. Exercice difficile pour la toute nouvelle star de l'athlétisme marocain. En effet, la médaille d'or remportée aux mondiaux de Paris l'an dernier l'a subitement fait surgir de l'anonymat. Une victoire assez inattendue, surprenante même, mais jamais volée. Ses proches, son cadre technique et la profession dans son ensemble croyaient déjà en ses qualités de futur champion. Jawad n'a que 22 ans lorsqu'il décide de se lancer dans l'athlétisme. Avant ? Rien d'exceptionnel pour ce natif de Khénifra, plutôt fan de foot comme la plupart des Marocains.
Discret sur sa vie durant cette période, on n'en saura guère plus. Issu d'un milieu populaire, il n'avait pas d'ambition particulière. En réalité, rien ne lui permettait d'en avoir, si ce n'est une grande volonté de réussir quelque chose. Mais parfois, c'est insuffisant. Jusqu'au jour où il regarde le marathon de Marrakech à la télévision. Et là, c'est le déclic. Il a immédiatement le sentiment qu'il est fait pour ce sport. Du moins, c'est ce à quoi il voulait se consacrer. "C'était plus qu'une conviction, dit-il, une sorte de signe du destin". En cela, il est un athlète atypique. Commence alors une tardive mais belle histoire avec la course de fond.
Un parcours insolite
Soutenu activement par un ami, il débute une carrière professionnelle à Khénifra, la ville qui lui donna le premier souffle nécessaire à la réalisation du projet de sa vie. Il insiste sur la grande place qu'elle occupe dans son parcours. Il y puise son énergie et sa motivation, dit-il d'une voix empreinte de reconnaissance. Comme Ifrane, Khénifra offre un cadre naturel idéal pour les préparations physiques des coureurs de fond. Cependant, le chemin vers la gloire ne fut pas sans embûches. Il connut la galère de tous ceux qui se sont essayés à l'athlétisme.
Le Maroc a toujours eu un fort potentiel en coureurs de longues distances, malheureusement souvent négligé faute de moyens suffisants. C'est ainsi qu'il court des 5000m, puis des 10T000m. Mais, habitué à courir à l'air libre, en pleine nature, il a du mal avec les pistes des terrains d'athlétisme. Il remporte sa première victoire significative une médaille d'argent aux championnats du monde de Bruxelles en 2002. Le marathon devient désormais sa véritable vocation. Une épreuve que Jawad qualifie de "course de la mort". De la mort, parce que le marathon n'est pas une course comme les autres. ةpreuve reine des jeux olympiques, il nécessite une très grande endurance et surtout un mental d'acier. C'est là, sûrement, sa plus grande qualité, celle qu'il veut exploiter au maximum à Athènes.
Jawad est déjà champion du monde, il n'a plus besoin de faire ses preuves. Toutefois, une médaille olympique constituerait un tournant dans sa carrière. Il la désire plus que tout. Confiant et imperturbable, il attend patiemment le grand rendez-vous sportif de cet été. Peut-être le plus grand de sa vie.
Kawtar Bencheikh
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci d'ajouter votre commentaire ici