Par Abdellatif EL JAZOULI, ex-Secrétaire général de la FRMA
Héros invincible et champion marocain. Hicham. Le nom que tu portes t’a prédestiné et définie ta personne avec justesse, véracité et pertinence. On croit au Mektoub, au fatum et Allah t’a voué à l’accomplissement de prouesses, à un destin tout particulier.
Ton destin a été tout simplement d’être un champion, c’est-à-dire tout simplement un as, le meilleur, le plus fort. Il me serait, et je serais prétentieux de vouloir décrire en quelques lignes l’athlète exceptionnel car, ils ne peuvent suffire à retracer fidèlement et avec satisfaction tes prouesses, tes exploits, tes titres, tes records, voir ton combat, ta ténacité, la lutte permanente et sans merci contre le chrono, ton courage surhumain. En effet, il faut un livre, plutôt plusieurs ouvrages dont des almanachs, des manuels, des thèses et j’en passe.
Je voudrais modestement, si tu le permets, synthétiser ta personne en deux personnages distincts d’abord, le champion tel que le connaît le public, la presse, le tout un chacun et, surtout Hicham l’homme, je dirai mieux l’humain et, qui malheureusement, n’a jamais été mis en exergue, ni suscité la curiosité surtout des médias, tellement l’étoile scintillante de champion a occulté l’astre de l’humain.
Pour s’attribuer le titre de champion et l’atteindre il faut obligatoirement venir à bout d’une voie parsemée d’embûches, de barricades, de difficultés et d’imprévus. Le chemin est scabreux, périlleux et combien risqué.
Il faut non simplement s’armer de bravoure, d’audace et de témérité mais en sus, avoir la détermination, la ténacité, le vouloir en un mot la foi.
Une multitude d’autres qualités composent les ingrédients magiques du champion dont la sagacité, l’abnégation, la persévérance, le sacrifice, la confiance, voire également la fierté, la fougue, l’amour de la gloire.
Pour être champion il faut enlever de son lexique les termes abandon, découragement, abattement, soumission, renonciation ou pessimisme. Je rends grâce à Dieu de m’avoir offert l’opportunité de suivre les premiers pas d’un champion, son ascension et ses couronnements.
Je reconnais n’avoir jamais eu le courage de suivre jusqu’à la fin une des milliers de séances de ton entraînement Hicham. Car, quand on est si près de la piste et on suit les mouvements par lesquels l’athlète se trouve forcé à agir indépendamment de sa volonté consciente et réfléchie sous les encouragements, les conseils de Kada, ton entraîneur fidèle et compétent toujours à l’affût de la moindre défaillance, je dis de donner le meilleur de lui-même, de fournir un effort titanesque et surhumain, pour glaner quelques dixièmes de seconde, c’est tout simplement de la souffrance extrême, de l’exténuation totale, du martyr.
Oui Hicham, tes mérites sont innombrables et tes défis considérables. Grâce à tout ce que je viens d’énumérer plus haut, tu as pu réaliser ton rêve, accompli ta mission impossible et surtout avoir le sublime honneur d’avoir fait vibrer de bonheur et de fierté le cœur de tout un peuple qui t’a admiré, idolâtré et aimé.
Tu es devenu pour les Marocains en particulier et les Arabes en général, un symbole et un emblème. Toute une jeunesse inquiète, hésitante et désabusée s’est identifiée en toi Hicham. Elle a repris confiance et voit l’avenir avec plus de confiance et de détermination.
Mieux encore tu as réalisé quelque chose de sublime, d’inestimable, d’inouï, tu as fait flotter haut le drapeau marocain et des millions de téléspectateurs de par le monde ont admiré la bannière rouge avec étoile verte et écouté avec respect l’hymne national alors que des millions de marocains sous le coup de l’émotion, versaient les larmes de joie et d’orgueil.
Une allégresse sans pareille éclatait dans les villes, les villages et dans la moindre petite contrée marocaine.
Ces moments inoubliables et inaltérables se sont inscrits dans l’éternité.
Le second personnage, l’autre face de Hicham, c’est Hicham l’humain. Alors, permets-moi encore une fois Hicham de m’immiscer dans ta vie privée, au nom de l’amitié que nous avons tissé dans la joie et la douleur à côté de ta chère famille et de la mienne, au nom de ton ami et frère mon fils Younès et de présenter au public une autre face de toi.
Alors que d’autres personnes auraient été grisées par un simple succès ou une quelconque réussite toi, Hicham tu es resté égal à toi-même. Tu n’a jamais oublié ni renié tes origines modestes, au contraire, tu en tires une grande fierté. Discret et humble, tu incarnes une certaine innocence, de la spontanéité et de la simplicité. Décent et honnête, tu frises parfois la candeur et l’ingénuité. D’humour facile, tu riais aux larmes en écoutant mes anecdotes marrakchis.
Tu n’as jamais renoncé à donner ton autographe ou à poser en photo avec un admirateur ou une admiratrice. Courtois et jovial, un sourire d’une bonté captivante ne quittait guère tes lèvres. Curieux et avide de connaissance, tu t’informais de tout et tu écoutais avec humilité - sensibilité et compatissant tu apportais un baume aux cœurs des malades en adoucissant leur peine et en calmant leur douleur - généreux et charitable, tu accourais pour assister les orphelins ou secourir une veuve en détresse. Prodigue et bienfaisant, tu as toujours voulu tout partager aussi bien les moments de gloire que les bienfaits dont le bon Dieu t’a fait bénéficié.
Mais ce que j’ai admiré encore plus en toi, c’est ton comportement exemplaire avec ta propre famille. Ayant la bénédiction de ton père et de ta mère, tu adorais tes parents et tu les chérissais. Tu faisais tout pour leur témoigner ta reconnaissance et, tu as su avec amour et attachement leur faire bien sentir qu’ils sont les parents d’un grand champion. Tu voulais qu’ils soient des plus heureux et ils sont comblés comme l’expriment si bien leur regard et leurs gestes, envers toi, pleine de tendresse et d’amour pour toi. Enfant mille fois béni, tu donnes, ici encore, le meilleur exemple du fils responsable, dévoué et loyal.
Tes rapports avec tes amis et plus particulièrement avec les athlètes sont d’une affabilité et d’une gentillesse qui n’ont d’égal que ton désir sincère de les voir également champions. Tu leurs prodigues des conseils, tu les encourages avec conviction et sincérité.
Le courroux t’emporte quand tu remarques un comportement déplacé ou un quelconque laisser-aller. Je voudrais maintenant t’avouer ce qui m’a incité, moi qui m’étais promis d’oublier le monde du sport à t’adresser cette lettre à travers le journal « L’Opinion » le vrai ami des sportifs, c’est quand je t’ai vu lors d’une émission sportive dirigée par le très compétent Hassan Fatih sur la 2, t’irriter et t’indigner suite à des allégations fallacieuses et mensongères d’une certaine presse en mal de sensationnel. Non, Hicham tu ne dois pas descendre de ton piédestal pour t’abaisser au niveau vil et mesquin de tes dénigreurs. Tu es le champion et es qualité tu ne dois pas accorder la moindre importance aux détracteurs masochistes qui ne savent que détruire et annihiler.
Reste superbe et grand.
Certes, il faut reconnaître que tu ne cesses d’utiliser un dopage que les meilleures techniques de l’IAAF n’arrivent à déceler. Tu te dopes avant chaque course et les contrôles réguliers effectués en tout moment et en lieu, surtout à l’encontre des champions, restent impuissants.
Ce qui est de surcroît déconcertant, c’est que le produit que tu utilises est simple mais combien inaccessible à tout un chacun. Permets-moi Hicham de le révéler au public et d’en divulguer le secret. Le magique produit dont se dope Hicham est constitué de trois composantes. Retenez bien. Primo, la bénédiction des parents (Rdat Olwalidine), secundo, l’amour de tout un peuple et tertio le sceau de notre auguste Souverain Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Avec cette formule Hicham se dope lors de chaque départ d’une course. Tous ses sens, son esprit, son corps sont stimulés par la formule magique.
Hicham, tu es pur et limpide. Tu es le plus fort (souvient-toi quand on était ensemble à Atlanta et comment tu t’es relevé plus fort et déterminé) et le plus prestigieux des champions. A Athènes, la terre de l’Olympie, je suis convaincu et avec le Maroc entier que tu auras enfin ta médaille d’or.
Nous voulons te voir sur le podium levant haut les bras et jetant ce regard altier, innocent et expressif. Nous croyons en toi et tu ne nous as jamais déçu, ni contredit notre confiance en toi. Tu vas couronner ta fulgurante et admirable carrière à Athènes et tu vas graver avec des lettres d’or ton prestigieux nom dans les annales du sport et de l’Histoire du Maroc que tu chéris si fort et que tu honores.
Sois sûr Hicham, tu es rentré dans l’éternité.
Je t’embrasse et qu’Allah T’aide.
Ton ami l’ex-Secrétaire général de la FRMA :
Abdellatif EL JAZOULI
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