Par : Youness SAAD ALAMI (correspondant de L'économiste)
Pelouse asséchée, murs fissurés, portes et vitres cassées, poussières, intrus… C’est le triste visage que présente aujourd’hui le Complexe sportif de Fès. Une infrastructure toute neuve laissée à l’abandon, sans entretien. Toute cette infrastructure, qui a fait la fierté du Comité de candidature du Maroc à l’organisation de la Coupe du monde 2010, risque de tomber en ruine. Un gâchis monumental que l’on ne saurait ni devrait pardonner aux responsables.
A quelques dizaines de mètres de l’entrée principale de ce stade, le visiteur peut facilement remarquer son état de délabrement. Pierres, ordures et tessons de bouteilles tout alentour. A l’intérieur du complexe, la situation n’est guère meilleure. Herbes sauvages et autres plantes ont envahi les escaliers. Le stade est à l’abandon, il n’y a aucun doute.
Mais, c’est surtout l’état de la pelouse qui offre le spectacle le plus désolant. On dirait un champ de patates ou encore un champ après le passage de moissoneuses-batteuse. Le gazon est sec, jauni par le soleil à force de ne pas avoir été arrosé depuis des mois. Une honte pour la ville de Fès et une grande perte pour les contribuables dont l’argent a financé la construction de ce stade. En mars dernier à peine, cette pelouse offrait l’image reposante d’un tapis verdoyant. Les sièges, pour leur part, commencent déjà à montrer certains signes de détérioration avant qu’ils ne soient utilisés. “Faute d’entretien, d’autres détériorations vont certainement apparaître d’ici peu de temps”, indique une source proche du dossier. “On savait tous que ce complexe arriverait à cette situation: le budget nécessaire au maintien et à l’entretien du stade n’a pas été prévu au départ. On ne sait même pas qui va payer les factures: est-ce le ministère, la commune, la willaya ou une société privée?” ajoute-t-on.
Avant le 15 mai 2004, date de la fameuse décision de la FIFA, les trois sociétés de gardiennage qui étaient chargées de la surveillance des installations accomplissaient leur travail et les choses allaient bien. Vingt-cinq personnes au total, maintenaient la sécurité jour et nuit et s’occupaient du jardinage et de l’irrigation du gazon. Les prestataires de services attendaient le verdict de la FIFA avec un certain espoir et des promesses de règlement. Avec ou sans le Mondial, ce règlement devait être effectué. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Patiente malgré tout, la dernière société à assurer le gardiennage a mis la clé sous le paillasson le 30 juin dernier. La société n’a pas été payée depuis des mois et ne pouvait se permettre de continuer davantage.
Du côté de la Régie de distribution d’eau et d’électricité (RADEEF), l’on affirme que les factures n’ont pas été réglées depuis plus de deux ans. “Nous avons procédé à des coupures d’eau et d’électricité à plusieurs reprises pour avertir les responsables du complexe. Malheureusement, nos démarches sont restées vaines”, explique un responsable de la Régie.
Outre les problèmes de recouvrement, les responsables du complexe doivent faire face aux nuisances qui ont touché une grande partie du matériel nécessaire à l’arrosage et dont la valeur s’élève à 1,2 million de DH. Ils doivent aussi prévoir des salaires pour les 6 journaliers qui assurent actuellement le gardiennage et qui ont été recrutés par la mairie au lendemain du départ de la société de surveillance.
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Un futur ex-joyau
Quelque 500 millions de DH et une douzaine d’années ont été nécessaires pour la réalisation du Complexe de Fès. Ce dernier offre une capacité de 40.000 places et dispose d’une piste olympique de 8 couloirs. Pour éclairer le stade, 4 tours se dressent sur une hauteur de 36 mètres. Sous chacune, un tunnel rendant facile l’accès pour les urgences et les forces de l’ordre. L’ensemble du stade comprend 24 portes permettant ainsi une évacuation rapide, estimée entre 5 et 7 minutes. Une particularité: les officiels et les VIP disposent d’un accès motorisé aux locaux qui leur sont réservés.
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