Dans moins de deux semaines, le 20 janvier plus précisément, la Coupe d'Afrique des nations (CAN) de football soufflera sa 25è bougie à l'occasion du coup d'envoi de l'édition de l'Egypte, dont les organisateurs n'ont pas lésiné sur les moyens et s'emploient à en faire un "mondial à l'africaine". Une chose est sûre, la CAN-2006 en Egypte sera l'édition la plus relevée dans l'histoire du football africain, vue la présence de deux forces différentes: le camp des puissances traditionnelles composé d'équipes aguerries tels le Cameroun, le Nigeria, le Ghana, le Maroc, la Tunisie (tenante), l'Egypte et le Sénégal, et celui des équipes en ascension mené, en particulier, par le Togo et l'Angola qui se sont qualifiés pour la première fois aux phases finales d'un Mondial (Allemagne-2006).
Le football africain, dès sa naissance officielle vers la fin du 20è siècle, n'a pas cessé de surprendre les observateurs par son émergence et son développement constant après avoir franchi de grandes étapes en un laps de temps, devenant à chaque phase finale de la coupe du monde un adversaire de taille qui n'a rien à envier aux autres écoles dans les quatre coins du monde.
Il a réussi même, à maintes reprises, à s'illustrer face à des sélections de renommée, à l'instar des équipes marocaine, ivoirienne, camerounaise, nigériane et surtout sénégalaise, qui avait donné lors du mondial-2002 (Japon/Corée) une leçon en football moderne aux ténors du monde, dont la France, alors tenante du titre.
La CAN, ce rendez-vous biennal qui se tient sous l'égide de la Confédération africaine de football (CAF), retient de plus en plus l'attention du monde entier, permettant ainsi à la CAF d'acquérir ses lettres de noblesse.
Le 7 juin 1956, fut posée la première pierre dans l'édification de cette grande instance footbalistique continentale, à l'issue de la réunion à Lisbonne de sept éminentes personnalités sportives africaines. La déclaration officielle de la naissance de la CAF a été proclamée le 8 février 1957 à Khartoum.
La constitution de cette instance a été l'oeuvre de trois pays, à savoir l'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan. L'Afrique du sud a été écartée à cause de son régime de l'apartheid. Et la première édition de la CAN va se dérouler deux jours seulement après l'assemblée constitutive.
Lorsque l'Egyptien Abdelaziz Abdellah Salem avait saisi la FIFA à l'occasion de son congrès extraordinaire en 1956 à Zurich, il avait fait l'objet de plaisanterie de la part des congressistes en raison du nombre limité des membres de la CAF. Sa demande n'a été même pas inscrite à l'ordre du jour de la réunion de la FIFA. Il avait alors décidé de ne pas assister aux travaux du congrès et avait même envisagé de se retirer de la FIFA. "Si tous les pays ici ne sont pas traités sur un pied d'égalité, notre présence parmi vous est inutile", avait-il lancé aux congressistes.
Ce brave geste, conjugué au soutien du Soudanais Mohamed Abdelhalim qui avait lui aussi décidé de se retirer du congrès en solidarité avec le délégué égyptien, a contraint la FIFA à céder finalement au diktat des deux hommes. La CAN, comme toute grande compétition, a connu des hauts et des bas, des remaniements et autres changements, sous l'impulsion des cinq présidents qui se sont succédé à la tête de la CAF: les Egyptiens Abdelaziz Salem (1957-1958) et le général Mohamed Abdelaziz Moustapha (1958-1968), le Soudanais Mohamed Abdelhalim (1968-1972), l'Ethiopien Ydnekatchew Tessema (1972-1987) et le Camerounais Issa Hayatou, en poste depuis son élection pour la premier fois en mars 1988 à Casablanca.
Ainsi, lors de la première édition (Khartoum-1957), le tournoi est joué selon la formule «Knock out» ou élimination directe. Deux ans plus tard, avec les mêmes sélections, la compétition se déroule sous forme de championnat avec addition de points. Cependant, lors de la troisième édition, qui a accueilli deux nouveaux venus, la Tunisie et l'Ouganda, on assiste à un retour à la formule du «Knock out», avec en prime un match de classement.
La CAN-63 au Ghana sera le théâtre d'un important renouveau: six équipes réparties en deux groupes de trois disputeront le tournoi. Ce changement a été inévitable après que de nouvelles associations nationales aient rallié la CAF, notamment le Maroc et le Ghana.
A partir de l'édition 1968 en Ethiopie, la CAN prendra la formule qui semblait être l'idéale: deux groupes de quatre équipes. Le tournoi, qui comporte un programme chargé de 16 parties, se joue désormais durant deux semaines dans deux villes différentes du pays organisateur, voire plus.
Cette forme de compétition résistera jusqu'en 1992, où le Sénégal accueille 12 sélections au lieu de huit. Sous la pression du nombre grandissant des pays affiliés à la CAF (53 actuellement), l'instance continentale prend cette initiative pour permettre à toutes les grandes équipes de pouvoir animer cette compétition et de s'assurer une large médiatisation grâce à la présence des professionnels à l'étranger, surtout dans les championnats européens. A rappeler que la famille du football africain a été portée à 53 associations après l'admission de la demande d'adhésion des Iles Comores, en septembre dernier lors de la réunion de la CAF tenue à Marrakech en marge du 55è congrès de la FIFA.
De cavalcades en cavalcades, la coupe d'Afrique des nations de football changera de peau pour la énième fois. C'est ainsi que la CAF a confié en 1996 à l'Afrique du sud, qui venait de réintégrer le concert africain, d'héberger les 16 nations qui se disputeront le trophée.
La question des footballeurs africains expatriés a constitué l'un des importants aspects de cette première évolution de la plus prestigieuse compétition continentale. En effet, les discussions ont été chaudes au siège de la CAF, au Caire, à propos de ce sujet, qui sera résolu définitivement par le quatrième président, l'Ethiopien Ydnekatchew Tessema.
Au début de la compétition, seuls les joueurs évoluant dans leurs pays étaient autorisés à figurer sur la liste communiquée à la CAF en prévision de chaque tournoi, comme le stipulaient les règlements de la FIFA.
Les sélections qui disposaient de joueurs évoluant à l'étranger ont été ainsi privées des services des «enfants du pays». Elles ont dû attendre la réunion du Caire (24-25 mai 1967) pour qu'une fédération nationale puisse finalement «utiliser» un maximum de deux joueurs jouissant de la nationalité de leur pays bien que licenciés et pratiquant dans un autre, et «quel que soit leur statut en tant que joueurs».
Ce nouvel amendement a profité dès 1972 au Congo Brazzaville qui a remporté le trophée continental grâce à ses deux professionnels M'Pelé et Balekita.
Dix ans plus tard, à Tripoli (3-4 mars), l'Ethiopien Tessema va mettre fin aux discussions byzantines au siège de la CAF. Conformément à l'article 3 du nouveau règlement de la FIFA, désormais «tout joueur, citoyen d'un pays en vertu des lois de ce pays, est qualifié pour jouer en équipe nationale ou représentative de ce pays».
Cette décision de la CAF a été bénéfique pour le football africain qui, grâce à l'apport des professionnels, fait actuellement l'objet d'une large diffusion dans les plus grandes chaînes de télévisions internationales. Et c'est en raison de ce processus que les stades égyptiens verront, dans quelques jours, évoluer de grandes stars africaines du football mondial, tandis que plusieurs clubs européens seront privés des services de leurs professionnels du continent noir, dont plus de 60 animent le seul championnat français.
Tous les protagonistes animent les mêmes ambitions de s'adjuger le trophée, un rêve caressé tant par les équipes que par les joueurs qui aspirent à marquer de leurs empreintes ce «mondial africain». Mais si certains footballeurs ont vu leurs efforts récompensés, tout au long l'histoire de la CAN, en tenant de leur main la Coupe, d'autres, pourtant considérés à leur époque comme idoles du football africain et qui ont fait le bonheur des grands clubs européens notamment, y compris des Marocains, ont quitté la scène sans avoir jamais eu cette chance. «Le football africain constitue l'avenir du football mondial», soulignait le président de la FIFA, Joseph Blatter, mettant en valeur les efforts inlassables de la CAF qui s'emploie à instaurer le professionnalisme dans tout le continent, en plus du projet «Goal» qui a profité à plusieurs fédérations nationales.
«Mais il reste beaucoup à faire, dans les domaines notamment de la gestion, de la formation des cadres, de la mise à niveau des infrastructures, de l'amélioration de la situation des joueurs afin de freiner leur exode», insiste de son côté Issa Hayatou, le président de la CAF, cette instance qui fêtera son cinquantenaire en 2007.
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