«Peut-être que nous n'avions plus faim»
«Ça y est ! On rentre. Peut-être qu'au fond de nous on n'y croyait pas, on a été très moyens. On aurait pu perdre le match et rentrer chez nous piteusement.
Si on avait pris un but, on aurait terminé derniers du groupe. Pas de surprise : on n'a pas gagné un match, on ne mérite pas de passer. C'est peut-être le premier match contre la Côte-d'Ivoire qui nous a fait mal. On joue bien mais on perd. On ne s'est pas posé les bonnes questions, on s'est vus trop beaux, je ne sais pas... La qualité, on l'a, c'est certain, mais les petits détails nous ont manqué. Trois entraîneurs se sont succédé en trois mois. En outre, on n'a pas eu la préparation idéale. On a joué trois matchs amicaux au Maroc en dix jours, ce qui a occasionné des blessures, de la fatigue et un surcroît de pression. Peut-être, enfin, que nous n'avions plus faim, on s'est embourgeoisés. Nous avions l'équipe pour faire quelque chose de grand, on le savait, et à l'arrivée on ne fait rien. Voilà la cruelle réalité.
Ils ont mis beaucoup de militaires pour blinder les stades, histoire de dire qu'il y avait du monde. Les Egyptiens ne viennent que pour les Pharaons. Durant leurs matchs, par contre, il y a 80T000 spectateurs et une ambiance de feu. C'est un bon match à jouer. Considérant leur salaire et le prix des places, ils préfèrent voir jouer leur équipe plutôt qu'un Maroc-Libye. Normal. Samedi, pour le dernier match de poules, la Libye jouait libérée et nous a posé des problèmes. Comme on n'a pas inscrit de buts d'entrée, elle a pris confiance. Il s'agit d'une équipe assez technique qui ne cesse de progresser.
Il va falloir se remettre en question, que la fédération analyse la situation et déploie des moyens pour qu'on puisse avancer. Désormais, il y a des objectifs à long terme... En Afrique, on veut gagner tous nos matchs. Or, en football, on ne gagne pas tout le temps. Il faut apprendre à perdre et à travailler sur le long terme. Quand les résultats ne suivent pas, les joueurs et la fédération ne se remettent pas en question. Il ne faut pas se tromper d'entraîneur dès le départ. Tu prends un mec pour quatre ans et tu assumes. S'il se trompe, il faut virer tout le monde. Dès que les choses se passent mal, tout le monde voue le coach aux gémonies.
Nous avons une équipe relativement jeune et la génération des moins de 20 ans, qui a terminé quatrième du championnat du monde de sa catégorie, arrive au portillon. On possède la base, il faut la faire prospérer, construire pour la CAN 2008 et la Coupe du monde sud-africaine de 2010. Pour le futur, je m'attends à tout. On va laisser les dirigeants se réunir et faire le bilan. Je me pose des questions, je me laisse quinze jours pour décider de quoi sera fait mon avenir au sein des Lions de l'Atlas. Avec le recul et dans le calme de Santander, je prendrai une décision.»
Propos recueillis par Rico RIZZITELLI
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