Badou Ezaki est sans aucun doute l'une des figures les plus prestigieuses du football africain. Dans son pays natal, le Maroc, il est une légende vivante.
Né et élevé à Sale, il décide à l'âge de 17 ans de se lancer dans le grand bain. Il émigre à Casablanca, où il signe chez l'un des meilleurs clubs du pays, le Wydad Casablanca. Sa prochaine étape le conduit en Espagne, où il garde les buts du Real Majorque pendant dix ans.
L'épisode le plus mémorable de sa carrière est sans aucun doute la Coupe du Monde de la FIFA, Mexique 1986, où le grand gardien et capitaine du Maroc devient le premier Africain à emmener son équipe au deuxième tour de l'épreuve reine. Les Lions de l'Atlas se payent même le luxe de finir en tête d'un groupe qui comprenait également l'Angleterre, le Portugal, et la Pologne. Malgré plusieurs arrêts spectaculaires d'Ezaki, ils s'inclinent au tour suivant contre l'Allemagne, finaliste cette année-là, concédant l'unique but de la partie juste avant la fin du temps réglementaire. "Mexique 1986 a été notre âge d'or, mais c'est seulement lors de notre retour au pays que nous avons réalisé la portée de notre exploit", raconte-t-il.
1986 année magique, puisque quelques jours après être rentré d'Amérique centrale, le capitaine heureux devient un papa heureux. Son épouse finlandaise donne en effet naissance à une fille, nommée par Hassan II en personne. Le roi défunt décide de l'appeler Princesse Hasna, signe de reconnaissance suprême venant remercier le capitaine des Lions pour services rendus à la nation. "Ç'a été le plus grand honneur de ma vie et depuis, Hasna m'a toujours porté bonheur", confie Ezaki. Et pour couronner une année inoubliable, il est également élu Joueur africain de l'année.
De la surface au banc de touche
En 1992, Ezaki est contraint de mettre un terme à sa carrière de joueur en raison d'une grave blessure subie contre le Cameroun, lors d'un match de Coupe d'Afrique des Nations au Sénégal. Toutefois, ses jours dans le monde du ballon rond sont loin d'être comptés. "Le football était ma vie et il le sera toujours. Lorsque j'ai dû arrêter ma carrière de joueur, j'ai voulu faire quelque chose qui me permette de rester aussi près que possible de la pelouse. Le métier d'entraîneur remplissait bien ce critère", se souvient-il.
Il fait ses classes de coach dans des clubs marocains : Chabab Mohammedia, FUS Rabat, WAC, Kawkab Marrakech – où il obtient d'excellents résultats – et MAS Fes. Dix ans plus tard, il se voit confier les rênes de l'équipe du Maroc en remplacement du Portugais Humberto Coelho, dont il a d'abord été l'adjoint.
Depuis sa prise de fonctions, Ezaki a effectué un certain nombre de changements dans la composition de son groupe. Il ouvre ainsi les portes de la sélection nationale à la jeune génération, à l'image du Bordelais Marouane Chamakh, du Sochalien Jawad Zaïri et du talentueux Youssef Hadji – frère du Joueur africain de l'année 1998, Mustafa Hadji.
Lorsque FIFAworldcup.com lui demande d'expliquer les raisons de ses choix, il confie : "Beaucoup de gens m'ont dit que je prenais des risques, mais, personnellement, j'agis uniquement pour le bien de l'équipe. Je ne suis ni calculateur, ni opportuniste. Je suis mon instinct et fais les choix qui me paraissent les meilleurs". Politique payante puisque deux ans plus tard, en février 2004, sa jeune garde atteint la finale de la Coupe d'Afrique des Nations pour la première fois en 18 ans, s'inclinant face à la Tunisie, pays organisateur.
L'un des aspect cruciaux de la manière dont Ezaki gère ses troupes est la relation qu'il entretient avec ses joueurs et le dévouement qu'il attend de ces derniers. "La tactique n'est pas tout. J'encourage toujours les gars à être aussi dévoués que possible et j'insiste beaucoup sur la discipline. Je prends mon propre exemple pour montrer qu'il faut savoir se sacrifier pour l'équipe nationale."
Ezaki exige que chaque sélectionné se donne à fond. Et gare aux baisses de régime. Le très expérimenté et ancien capitaine marocain Noureddine Naybet l'a appris à ses dépens, qui a été écarté de l'équipe du Maroc précisément pour un comportement par trop "détendu". "Naybet ne reviendra plus. Il n'est plus aussi bon qu'avant, donc il n'a plus sa place dans mon effectif", affirme le coach marocain, catégorique.
La pression monte
Malgré tous les efforts de leur entraîneur, les Marocains ont vu leurs chances de se qualifier pour Allemagne 2006 quelque peu diminuer. Ils ont certes toujours leur destin entre leurs mains, mais comptent un point de retard sur la Tunisie. Ils doivent donc désormais aller battre les champions d'Afrique chez eux pour pouvoir participer à la prochaine Coupe du Monde de la FIFA. Ezaki ne cache pas son inquiétude : "Tout le monde est anxieux. La Tunisie est championne d'Afrique en titre, mais avons été finalistes (de la Coupe d'Afrique des Nations). Pareillement, elle est en tête du groupe, mais pendant presque toute la durée des éliminatoires, c'est nous qui avons occupé cette position"
"Je pense que c'est du 50-50, mais nous ne devons pas céder à la pression." Les deux équipes se rencontreront le 8 octobre à Rades pour un match qui, quel que soit le résultat, sera l'un des plus importants de la riche carrière d'Ezaki.
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