Un sélectionneur national arrogant, isolé mais ferme jusqu'à la psychorigidité sur ses positions. Un président de la Fédération royale marocaine de football qui n'ose plus user de son pouvoir discrétionnaire. Un bureau fédéral qui attend la bérézina pour reprendre le contrôle de la fédération. A trois semaines d'un Tunisie-Maroc décisif, le bateau ivre du football marocain se dirige, à moins d'un miracle, vers le récif.
A qui peut-on imputer cette chronique d'un échec annoncé. « A la couardise des membres du bureau fédéral qui, dans leur recherche permanente du consensus, ont peur de taper sur la table », souligne le chroniqueur sportif Najib Salmi. Car exprimer son désaccord avec les choix tactiques et techniques de Baddou Zaki reviendrait à lui demander des comptes, à exprimer leur désaccord sur la place publique.. à envoyer d'une certaine manière, leur mentor le général en première ligne.
Quant à Hosni Benslimane au faîte de sa puissance il n'a pas réussi à imposer sa vision (essentiellement le retour de Naybet) à un Zaki de plus en plus conscient de sa puissance. Le sélectionneur national a compris une chose : personne n'osera le virer à quelques jours d'un match-clé. « Personne n'a envie de prendre ses responsabilités vis-à-vis de Zaki car personne ne veut se mettre en porte-à-faux avec ses protecteurs », souligne cet ancien membre de la fédération.
Qui sont donc ces protecteurs ? Le prince Moulay Rachid serait un fervent supporter de Zaki. Tout le monde le sait dans le milieu et cette relation supposée interfère sur les rapports entre les membres du bureau fédéral et même du général Benslimane avec le coach. Et cette situation existe parce que et le président de la fédération (élu sur injonction de la FIFA) et les membres du bureau fédéral ne représentent pas de manière démocratique les clubs et les intérêts du football marocain. Si Benslimane , Aouzal et les autres mentors du football étaient comptables de leurs actes devant l'assemblée du football marocain, ils prendraient leurs responsabilités. Parachutés par le général (c'est lui qui a la latitude de choisir les membres du BF), ils lui doivent leur place. Personne ne fera donc des vagues qui puissent lui être préjudiciables.
Cette situation malheureusement est d'une banalité affligeante dans la société marocaine. On la retrouve dans le champ politique avec des leaders de partis qui préfèrent l'immobilisme plutôt que d'être dissonnants avec la « pensée unique nationale ». Ce blocage que connaît le football marocain, il faut l'imputer à l'absence de responsabilités des acteurs. Etre responsable étymologiquement, c'est pouvoir répondre de ses actes, être questionné sur sa gestion, perdre sa fonction si l'on n'obtient pas des résultats. En cas de défaite en Tunisie et surfant sur la déception de l'opinion publique, les membres de la fédération auront toute la « légitimité » pour limoger Zaki. Mais en cas de victoire, il aura aussi vaincu le système imposé des rentiers du football marocain. Et rien que pour ça la victoire n'en sera que plus belle…
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