Par Mohamed Benchrif
Des trois mousquetaires qui ont sorti la petite balle jaune marocaine de l'anonymat, seuls Younès El Aynaoui et Hicham Arazi continuent à écumer les tournois du circuit professionnel, après le retrait de Karim Alami devenu capitaine de l'équipe de coupe Davis et consultant à la chaîne Al Jazeera.
Ayant forcé le respect depuis qu'ils sont professionnels, ces joueurs ont replacé le tennis national sur la carte du monde en se sacrifiant pour ce sport où ils glaneront les succès tout en grimpant dans la hiérarchie mondiale. La volonté sans faille de ce trio a permis au Maroc d'entrer de plain-pied dans le groupe mondial de la coupe Davis sans réussir malheureusement à passer le premier tour. Mais, le tennis national a d'ores et déjà franchi un nouveau palier.
Alami, le premier des trois à avoir inscrit son nom en lettres d'or dans l'ATP tour avec deux titres à Atlanta (USA) et Palerme (Italie) en 1996, avait balisé la voie à ses amis et complices. Il est également le premier à avoir pris sa retraite -son dernier match remonte à janvier 2003 à Doha (défaite face au Suédois Andreas Vinciguera)- et a bien réussi sa reconversion en tant que commentateur.
Leur parcours en a fait des stars incontestées du sport national et mondial et dépasseront parfois par leurs exploits ceux des athlètes et footballeurs. Ils ont depuis marqué leur territoire même si cette saison ils ont montré des signes de fléchissement surtout pour Younès El Aynaoui qui, pour cause de blessure, s'est éloigné des courts depuis sept mois.
La détermination des El Aynaoui, le plus vieux de ces mousquetaires avec ses 33 ans en septembre prochain, et de Hicham, le plus jeune 31 printemps le 19 courant, est grande pour livrer un fantastique parcours au tournoi olympique athénien et aller au-delà du quart de finale atteint par Alami à Sydney (devant le Suisse Roger Federer).
El Aynaoui, le gentleman des courts et désigné ambassadeur du tennis en 2003 par l'association internationale des journalistes de tennis des cinq continents pour avoir contribué à la promotion de la discipline auprès du grand public, a réalisé les exploits même loin des courts quand il est parvenu à surmonter les blessures, à remonter à une cadence effrénée des profondeurs des classements et revenir au top pour se mêler aux meilleures raquettes de la planète.
Jamais il ne s'est lamenté sur son sort. Au contraire, il prend son mal en patience, va bourlinguer et courir derrière les points. Il assure une remontée pénible de la 235ème place au 24ème rang en un laps de temps qui lui a valu le titre honorifique de meilleure remontée de l'année pour retrouver son statut et son rang au sein du gotha mondial.
Excellent et puissant serveur, Younès fera parler la foudre en août 1999 en enlevant brillamment le tournoi d'Amsterdam, un tournoi qu'il affectionne particulièrement puisqu'il y a joué deux finales en 1996 et 2001. Cette victoire lui ouvrira grandes les portes des Masters series.
Du pain sur la planche
Le plus titré des tennismen marocains ajoutera, deux années plus tard, à son escarcelle celui de Bucarest, avant de connaître une saison faste en 2002 avec trois victoires à Doha, Casablanca et Munich.
Il avait rédigé d'autres lignes à son palmarès avec sa première finale du circuit ATP devant son public à Casablanca lors du grand prix Hassan II en 1993, trois autres finales en 1996 à Doha, Jakarta et Amsterdam, une cinquième à Santiago (1998), une autre à Bogota (2000), suivie du dernier match des tableaux d'Amsterdam et Lyon (2001), de Dubaï et Bastad (2002) ainsi qu'à Casablanca (2003).
En grand Chelem, Younès a été stoppé à trois reprises aux phases des quarts de finale à l'US Open deux années consécutives (2002 et 2003) et à Melbourne lors de l'Open d'Australie. Dans ce dernier tournoi, il avait livré un match d'anthologie et un chef d'oeuvre de près de cinq heures de jeu (4h59) dont 2h23 au 5ème set face à l'Américain Andy Roddick de onze ans son cadet.
De nouveau, il sera handicapé cette saison par les blessures pour ne jouer et perdre que les premiers tours de trois tournois à Doha devant le Français Nicolas Escudé, en Open d'Australie face à Galo Blanco et à Cincinnati devant le Britannique Tim Henman, mardi dernier, à son retour sur les courts après plus d'un semestre d'absence.
De son côté, Hicham Arazi, qui soufflera ses 31 bougies au moment des olympiades, n'a remporté qu'un seul titre dans sa carrière professionnelle au Grand prix Hassan II en 1997 en disposant en finale de l'Argentin Franco Squillari.
Il a perdu deux finales en 1999 à Merano (Italie) face à l'Espagnol Vicente 6-2, 3-6 et 7-6 (7-1) et en 2001 lors du tournoi des Masters Series de Monte Carlo devant le brésilien Gustavo Kuerten (6-3, 6-2 et 6-4).
Avec 13 victoires et 14 défaites cette saison, il a bien entamé 2004 avec les quarts de finale à Doha, à Melbourne et Nottingham (sur gazon), un troisième tour à Wimbledon ainsi que le deuxième tour du Masters series de Cincinnati (défaite devant Henman).
La participation du tennis marocain sera meilleure que les précédentes, a dit avec optimisme le président de la fédération royale marocaine de tennis M. Mohamed M'jid, même si la mission de Younès et Hicham ne sera nullement aisée ni facilitée.
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