Par Mohamed Benchrif
Le Marocain Adil Belgaïd, sur qui le judo marocain fonde de grands espoirs pour réaliser l'inédit exploit de monter sur le podium d'Athènes, sera à sa troisième participation consécutive à l'occasion des jeux olympiques d'Athènes (13-29 août).
Fort de sa longue expérience accumulée durant sa carrière, de ses qualités intrinsèques et de son potentiel enrichi au fil des tournois, Belgaid ne se rendra pas à Athènes pour un voyage touristique, mais pour convoiter l'une des médailles en jeu de sa catégorie (-81 kg), une ambition qui n'est pas une sinécure.
"Je désire faire de ma dernière participation aux J.O la meilleure et contribuer à placer le judo national dans le panthéon de l'olympe pour qu'il devienne la troisième discipline à donner satisfaction et offrir au Maroc une médaille après l'athlétisme et la boxe", a souhaité le judoka le plus titré du pays pour qui le temps de la qualification pour la simple participation est révolu.
Contrairement à son compatriote Younès Ahamdi (-60 kg) qui a poinçonné son ticket très tôt, Adil, suspendu un temps par la fédération royale marocaine puis gracié, a longtemps souffert de cette absence des compétitions et a dû entreprendre un véritable parcours de combattant pour revenir au top.
En dépit de ces circonstances sapant le moral de plus d'un sportif associées à son âge (34 ans) qui n'est pas automatiquement un signe de faiblesse, Belgaid, mû par la volonté d'un gladiateur, s'est admirablement surpassé pour arracher l'argent africain de Tunis alors que seul le titre continental, qu'il a étrenné à six reprises, le fait encore écumer les tatamis.
Ce titre de vice-champion ne lui a pas pour autant ouvert les portes d'Athènes et il a dû attendre dans l'expectative et l'angoisse la décision de la Confédération africaine pour lui céder la place du Tunisien Abdeslam Arouss qui a déclaré forfait.
Une décision qui sera entérinée par la fédération royale marocaine de judo. Le sésame pour Athènes n'a été ainsi acquis qu'après une pénible et longue traversée du désert, très vite effacée de sa mémoire et transformée en immense joie puisque la qualification est, en elle même, un mérite, un exploit non négligeable et une qualité de valeur.
Pour les deux judokas nationaux, la qualification n'est toutefois pas une fin en soi mais une principale étape qu'il faut confirmer pour s'ouvrir le chemin de la gloire dans ce sport de lutte traditionnelle japonaise qui avait fait sa première apparition en JO en 1964 à Tokyo sans toutefois être intégré au programme de l'édition suivante de Mexico 68, mais devenant sport olympique à Munich (1972).
Un vieux rêve
Le judo national, en raison de la faiblesse des moyens dont il dispose, ne pourra atteindre les cimes aux olympiades en dépit de sa participation régulière depuis 1972 quand la qualification s'obtenait sans passer par les éliminatoires et ce jusqu'à Atlanta en 1996.
Plusieurs générations se sont succédé sans pour autant caresser ce rêve du podium, allant de Belaatar, Tito, Jiraoui, Belahmira, Slimani, Hamza et Maach puis l'actuelle avec Belgaid, Chorfi Idrissi, Attaf Safouane et Younès Ahamdi. Ils se sont contentés de faire de la simple figuration.
Belgaid, considéré comme la locomotive du judo national, est le plus titré des judokas nationaux avec six couronnes continentales et trois du monde arabe. Par deux fois, il avait occupé la 7ème place des mondiaux à Hamilton aux USA (1993) et à Munich en 2001 avec en cours de route le bronze du championnat du monde universitaire 1994.
Son palmarès est également étoffé de deux médailles de bronze aux jeux méditerranéens en 1993 à Languedoc et Rossillon (France) et en 1997 à Bari ainsi que d'une médaille de la même couleur aux jeux de la francophonie de 1994 à Paris puis d'Ottawa (Canada) en 2001.
Il compte arrêter sa carrière sportive après ces olympiades. "Je mettrai fin à ma carrière professionnelle après les jeux. Je préfère partir alors que je suis au sommet de mon art pour ne pas être poussé vers la sortie", avait-il déclaré à la MAP.
Adil et Younès savent pertinemment que leur tâche sera ardue lors de cette belle aventure et que la chance peut aussi intervenir dans ce genre d'événement. "Notre souhait est de bénéficier de la clémence du tirage au sort surtout dans les premiers tours qui constituent souvent l'obstacle infranchissable. Plus le judoka progresse dans un tableau plus ses chances deviennent fortes", a indiqué à la MAP le vétéran marocain du circuit mondial.
Son rêve du podium n'a pas d'égale pour concrétiser enfin ce rêve longtemps caressé après un déficit d'expérience lors de sa première apparition à Atlanta (1996) et la malchance à Sydney. Son expérience sera un atout majeur dans cet objectif même si le chemin du couronnement est parsemé d'embûches. Il est conscient qu'Athènes est son ultime opportunité pour entrer dans l'histoire.
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