Les salaires des entraîneurs marocains oscillent entre 300.000 dh pour l’entraîneur national Baddou Zaki, 70.000 dh pour celui des FAR M’hamed Fakhir et 30.000 dh pour les autres.
Il se brasse chaque année des centaines de milliers de dirhams marocains versés sonnant et trébuchant à des entraîneurs et techniciens de tout acabit. Des sommes faramineuses versées généreusement en devises et exonérés d’impôts au profit d’une pléiade de techniciens recrutés à tour de bras pour assurer l’entraînement de nos principaux clubs d’élite si ce n’est de notre équipe nationale.
Alors que la sélection nationale de football est confiée depuis 2003 à un cadre marocain en la personne de l’ex-gardien international Baddou Zaki dont le salaire avait été revu à la hausse en janvier 2004, passant de 150.000 dh à pas moins de 300.000 dh suite à l’exploit de Tunis où le Maroc avait réussi à accéder en finale de la Coupe d’Afrique des Nations, il n’en reste pas moins que ce salaire qui continue de faire couler beaucoup d’encre sur les pages sportives de la presse marocaine est largement en deçà de ce que gagnaient tous les entraîneurs étrangers qui se sont succédé avant lui à la tête des Lions de l’Atlas.
25.000 dollars pour le Français Henri Michel qui avait dirigé cette sélection entre 1997 et 2000 en plus des avantages en nature (villa, voiture, billets d’avion etc) estimés à plus de 100.000 dhs.
20.000 dollars pour son successeur le Franco-polonais Kasperszac et pas moins de 410.000 pour le Portugais Humberto Coelho qui s’était occupé des « Lions » lors de la récente campagne marocaine ratée en 2001 et 2002 pour la qualification en Coupe du Monde au Japon et en Corée puis en Coupe d’Afrique des Nations au Mali.
Raja et Wydad : Un banc de touche exclusivement réservé aux étrangers
Par contre, les principaux clubs de football au Maroc, en particulier les grands Wydad et Raja, mais aussi les FAR, le Moghreb de Fès , l’IR Tanger, le CODM et le Hassania d’Agadir qui ont continué à solliciter les services de techniciens étrangers, lesquels n’acceptent de s’occuper d’un club marocain qu’en contrepartie de mensualités oscillant généralement entre 10.000 et 15.000 payés souvent cash, en devises fortes et totalement exonérés de tout impôt.
Ainsi, sous les yeux impuissants des autorités monétaires et économiques, des salaires record continuent d’être versés aux entraîneurs de football, nonobstant le fait qu’ils soient nationaux ou étrangers, entraîneurs adjoints, préparateurs physiques, ou simples entraîneurs des gardiens de but.
Leurs salaires représentent en général le double de ce que perçoit un médecin, un ingénieur ou un professeur dans une université marocaine et sans que ces bénéficiaires ne soient assujettis à une quelconque forme d’imposition directe ou indirecte.
Jugez-en : au Wydad de Casablanca comme chez son voisin et rival le Raja, un entraîneur de club est d’abord un technicien étranger. Tout cadre issu du club et prétendant à cette haute fonction, même fort de son passé sportif au sein du club, lauréat d’une grande école ou bénéficiant de la sympathie du public n’a finalement que très peu de chances de s’y maintenir assez longtemps. L’ancien ailier droit Fakhreddine Rajhy, son capitaine Hassan Benabicha ou encore l’ex-buteur Chérif l’ont appris à leurs dépens au Wydad, au même titre que leurs homologues rajaouis M’hamed Fakher, Fethi Jamal ou encore M’hamed Nejmi. Bien évidemment, le banc de touche du Raja comme celui du Wydad comme du reste dans la quasi totalité de nos clubs d’élite, ressemble très souvent à un fauteuil éjectable.
On peut s’y maintenir aussi longtemps que le club est bien classé en championnat, qu’il est bien placé en Coupe du Trône et qu’il a de sérieux atouts dans une compétition internationale ou régionale comme La Championne Ligue arabe ou africaine.
Mais à la première défaite ou la première élimination, c’est d’abord le banc de touche et son titulaire qui sont montrés du doigt.
Très souvent les comités des clubs préfèrent s’arranger avec leur technicien et acceptent de lui verser plusieurs mois de salaire contre une forme de « séparation à l’amiable » dilapidant encore plus d’argent, histoire d’éviter des sanctions de la FIFA, et trouver une nouvelle fois le moyen d’engager un nouvel entraîneur étranger.
Très souvent on se soucie très peu du fisc. On oublie que ce technicien étranger avait coûté au club entre 1,5 et deux millions de dirhams dans une saison pleine sans compter ses primes de matches en championnat et dans les compétitions continentales et ses multiples frais d’hébergement, de déplacement et de billets d’avion. On oublie surtout que ces sommes versées souvent en dessous-de-table n’avaient été soumis à aucun impôt. (...)
Un aspect qui distingue curieusement la profession d’entraîneur au Maroc comparé à des pays voisins comme la Tunisie, l’Egypte voire même les pays du Golfe. Tout cela sans passer sous silence le fait qu’aucun club sportif, aucune fédération n’est finalement habilitée à payer son entraîneur en devises sans obtenir l’accord préalable des autorités monétaires.
Cela s’applique aussi bien pour les cadres nationaux que pour les techniciens étrangers. On sait qu’aux tous débuts de cette saison footballistique 2005, c’est pratiquement la moitié de nos clubs d’élite qui ont engagé des entraîneurs étrangers : le Raja est dirigé par le Franco-algérien Henri Stambouli qui succède au Français Alain Viar et au Portugais Cassimiro, le Wydad est dirigé quant à lui par le Français Jacky Bonnevay, qui de son côté succède au Français Ladilas Lozano.
De même le MAS de Fès a recruté le Suisse Rossely, le Hassania d’Agadir s’est attaché les services du Roumain Tecliano, l’IRTanger a préféré l’Espagnol Ricardo Sirna et le CODMeknès un autre Français Raoul Savoie. Les salaires des cinq derniers entraîneurs sont certes en deçà de ceux du Wydad et du Raja, mais tous et sans exception n’ont jamais versé un seul centime aux impôts. Au même titre que les techniciens du terroir qui, eux aussi, n’ont jamais été soumis à ce régime même si leurs salaires ne dépassent pas les 10% de ce que perçoit l’entraîneur national et pas plus de 20% de celui d’un Bonnevay ou d’un Stambouli.
Omar El Annouari (Revue « Challenges »)
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