L’arrogance sud-africaine, le « bluff » égyptien et la détermination marocaine
Bon, en un mot, comme en cent. Où en est-on ? Il reste une semaine avant le vote de la FIFA, et la publication des rapports d’inspection de la FIFA ont placé entre le Maroc et l’Afrique du Sud, l’inattendu candidat égyptien.
La surprise est de taille, et même nos amis égyptiens, pourtant si prompts à grossir leurs mérites, n’en espéraient pas tant.
Personne ne voyait l’Egypte à une telle place.
Les inspecteurs de la FIFA ont donc réalisé là, le plus gros contre-pied de cette campagne pour le Mondial 2010.
On peut légitimement douter de leur sérénité dans le jugement des pays.
Dans les conclusions que nous avons publiées hier, il y a trop de subtilités de vocabulaire, trop de nuances, pour un rapport qui normalement, doit principalement être technique.
Il y a, au contraire, beaucoup trop de précautions de style pour éviter de choquer les uns et les autres. Le style diplomatique n’a pourtant rien à voir avec la réalité des choses.
Répétons-le, on s’attendait à découvrir un vrai rapport technique, on a lu un festival de phrases qui jouent à cache-cache.
Exemple flagrant : pour l’Egypte les inspecteurs de la FIFA écrivent « bien qu’au moment de notre visite, le pays ait manqué de stades correspondants aux normes... et que nous ayons trouvé quelques incohérences entre le dossier de candidature et ce qui nous a été présenté durant notre inspection, nous concluons que l’Egypte est capable d’organiser une très bonne Coupe du Monde ».
A lire cette phrase on ne comprend rien, les incohérences constatées sont de nature à ruiner le dossier égyptien au lieu de le destiner à « une excellente Coupe du Monde ».
Franchement, on ne peut pas lire cela sans rire...
Et puis après le rire, il faut réfléchir.
Car de toute évidence, si la FIFA a mis sur le chemin ascendant du Maroc, l’Egypte, c’est bien pour ajouter une pression inattendue sur notre pays avant le vote.
Pourquoi ?
Nous allons tenter de l’expliquer ci-dessous.
Dans la tête de Blatter et de pas mal de dirigeants « fifesques » une Coupe du Monde en Afrique, c’est une Coupe du Monde en Afrique du Sud. Les choses paraissaient réglées depuis l’an 2000, mais, en 2003, la relance de la candidature marocaine avec la nomination de Saâd Kettani est venue perturber cet état de choses.
Alors, devant la sympathie recueillie auprès de nombreux et influents votants par le projet marocain, il fallait trouver le moyen de casser cet engouement.
Et puisque tous les pays arabes, riches et influents (Arabie Saoudite, Bahrein, Emirats Arabes Unies, Qatar) se sont rangés derrière le Maroc et travaillent à sa réussite, on vient leur dire que l’Egypte est aussi un très bon candidat pour le monde arabe.
Espérons que personne ne sera dupe de cette grossière manœuvre, et que nos amis égyptiens ne se sentent pas pousser des ailes, car ils risquent de tomber de très haut...
Au Maroc, on doit resserrer les rangs, et croire encore en nos chances.
Au lieu de passer du temps et de perdre de l’énergie en nous demandant si on est ex-aequo avec l’Egypte ou troisième derrière elle (tout cela, répétons-le, est bidon) on doit passer maintenant à la surmultipliée et consolider nos voix auprès de ceux qui se sont déclarés pour nous, tout en renforçant notre lobbying auprès des hésitants qui peuvent encore faire la différence.
Après le tour du monde fait par Kettani, auprès de tous les votants, après les voyages et nombreuses missions réalisées par Driss Jettou lui-même, on peut espérer que nos responsables savent qui est pour nous.
Il faut capitaliser tout cela, et que la France et l’Espagne continuent à convaincre les uns et les autres à soutenir le Maroc.
Les propos de Dany Jordaan (voir notre édition d’hier) proférés contre la France, que le responsable sud-africain accuse d’avoir « malheureusement soutenu le Maroc » sont condamnables et démontrent l’arrogance d’un pays qui se voit plus beau qu’il ne l’est réellement.
Si véritablement l’Afrique du Sud avait du respect pour l’Afrique et le sens de l’Histoire, elle n’aurait pas le culot de se présenter à une Coupe du Monde que les différentes candidatures du Maroc ont amenée au continent africain en obligeant la FIFA à mettre fin à son ancien système d’attribution (une fois en Europe et une fois en Amérique du Sud).
Depuis que le Maroc s’est présenté en 1988, jamais plus l’Amérique du Sud n’a organisé la Coupe du Monde,... c’est peut-être pour cela qu’elle ne veut pas mettre ses 3 voix dans notre bulletin...
L’Afrique du Sud, elle, a deux gros soutiens en Europe : l’Ecosse et l’Allemagne.
Est-ce que le pays de Beckenbauer ne peut pas revenir à la raison ? Et au lieu de penser que l’Afrique du Sud a le « droit moral » d’organiser la Coupe du Monde après avoir perdu d’une voix pour 2006, que l’Allemagne réfléchisse au fait que le Maroc a bien failli avoir la Coupe du Monde 94 face à l’Amérique du Nord.
Notre légitimité est bien plus ancienne que celle des Sud-Africains.
Au nom de l’Europe et de l’amitié entre Chirac et son homologue allemand, n’y a-t-il pas quelque chose à tenter ?
Le président de l’UEFA, le Suédois Johanssen, adversaire traditionnel de Blatter, et allié inconditionnel de Issa Hayatou, paraissait être notre meilleur atout dans la campagne 2010. Voilà qu’on le dit, il le déclare d’ailleurs, rangé derrière l’Afrique du Sud.
Pourquoi ?
On ne saurait le dire, mais peut-être que le président de la CAF pourrait nous répondre, lui qui peut, en se déclarant pour le Maroc, ramener le vote du Suédois dans notre giron.
Issa Hayatou sait que l’Afrique du Sud l’a toujours combattu, et qu’elle ne s’est rangée derrière lui que lorsque sa réélection est devenue certaine.
Et les Sud-Africains n’ont eu aucun scrupule à abandonner leur propre candidat, le Bostwanais Bamjhee, un Musulman bon teint, qui s’empresse d’aller prier à la Mosquée Hassan II, lorsqu’il est au Maroc.
Ce votant africain a-t-il été bien approché par le Maroc ?
Pour le groupe asiatique, on sait que Ben Hamman travaille à mettre le maximum des quatre voix dans l’escarcelle marocaine.
Le bluff égyptien aura-t-il une influence sur sa détermination ? ?
Reste maintenant le mystère sur les 3 voix de la CONCACAF de Mister Warner.
Où iront-elles ?
A l’Américain Alan Rothenberg de nous le dire, c’est son job.
C’est pour cela qu’il a été engagé, et qu’il sera grassement rémunéré en cas de succès. Alors pour nous résumer : oublions le rapport de la FIFA, et continuons notre travail auprès de tous avec conviction et détermination.
Notre cause est juste. Nous le savons. Le problème c’est qu’il faut trouver 13 personnes qui pensent comme nous.
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